Dylan en fond sonore, je me réveille enfin, murs miteux pour lit miteux, hôtel deux-étoiles qu’il disait. Odeur de tabac froid et lumière verdâtre, je sors du lit avec un mal de tête à... [+]
Le petit ressort
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Jury
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Pourquoi on a aimé ?
On aime le ton réaliste, un peu nostalgique, abordant ces changements qu'apporte un petit ressort... Un soutien pour le cœur, pour continuer à
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Fini les Granola, les kebabs, le cassoulet et la choucroute. Depuis qu’il a un petit ressort dans le cœur. Il faut faire attention disait le docteur. D’autres n’en sortent pas vivants, vous avez eu de la chance ! C’est vrai, à bien y réfléchir, il avait eu de la chance. Que quelqu’un appelât les secours, si vite, alors qu’il s’était juste senti fatigué, avec une douleur au bras. Il pensait rentrer chez lui, s’allonger un moment, et tout serait reparti. Comme d’habitude. Ça avait été le SAMU, les urgences, l’opération. Et le ressort. Quelle drôle de petite chose dans son cœur à présent, ou dans une artère, peu importait. C’était à l’intérieur de lui pour tout le temps. Il s’amusait à dessiner des ressorts, de toutes les couleurs, amusants, effrayants, des ressorts tête de mort, assis à sa table à dessin, avec tout son bazar autour de lui. Son univers familier, fidèle. Depuis tout ce temps. Bientôt sonnerait l’heure des cinquante ans. C’était étrange. Aussi drôle qu’un petit ressort au-dedans de lui. Dans son cœur. Pourtant ce n’était que de la mécanique, tout ça, à bien y réfléchir, de la tuyauterie. Pourtant c’était son cœur, là que ça palpitait, là que ça s’affolait, encore, parfois, les soirs de concert, les après-midis à dessiner des créatures intergalactiques, des super-héroïnes au corps de rêve. Son cœur, là où ça vivait, depuis presque cinquante balais, berges, piges, et caetera. Ça devait être pour les autres, ça, ça n’était pas prévu pour lui. Pas pour lui. Ses copines de flipper, de babyfoot, de baise, devaient rester ses copines de toujours, de petits bistrots, de boîte, de danse, de joie, et elles étaient là, guettées par la ménopause, hospitalisées pour des trucs de femmes d’un certain âge, comme on disait pudiquement autrefois. Elles ne devaient pas vieillir, pas grossir, pas avoir de rides, pour toujours jeunes, comme lui, à fumer, à boire, à brailler, les soirs de concert et danser comme des fous, et lui, toujours jeune, sans ressort au cœur, sans rien de ces signes extérieurs de vieillesse qui s’installaient jour après jour, et faisaient comme chez eux, dans le canapé, les pieds sur la table basse, et qui ne voulaient pas partir, comme de vieux cousins dont on n’arrive pas à se débarrasser parce qu’ils ont le blues et personne à qui raconter leur vie. Non, pour lui ça n’était pas prévu, tout ça, ni la promenade chaque jour, au moins une heure, avait dit le docteur, et ce matin, dans les feuilles mortes, dans le jaune, le rouge, le roux de l’automne, il a froid dans ses Creepers et il faudrait songer à changer ses lunettes et appeler Soso pour prendre de ses nouvelles. Et peut-être est-ce ce petit ressort, au fond, qui pèse si lourd dans son cœur, à moins que ce ne soient les années, et la vie.

Pourquoi on a aimé ?
On aime le ton réaliste, un peu nostalgique, abordant ces changements qu'apporte un petit ressort... Un soutien pour le cœur, pour continuer à
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bravo pour ce texte, un peu tristoune mais super bien écrit!
Si la curiosité vous en dit, je vous invite à découvrir mon œuvre en lice pour le TTC
https://short-edition.com/fr/oeuvre/tres-tres-court/paillasson-le-herisson
Merci d'avance pour votre lecture!