Le long chémin

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Au beau milieu de la nuit, le bruit d’un camion fit irruption dans le sacré silence de l’allé de notre Lycée. Était-ce le hasard? Était-ce un simple ivrogne qui s’était trompé de chemin? En ce moment des questions jaillirent dans mon esprit.
Après quelques instants, des pas se dirigèrent vers notre dortoir, la porte s’ouvrit. Tout le monde était endormi ou presque, en tout cas, la réglé était clair. Après le couvre-feu, Chaque élève doit se trouver dans son lit sans exemption aucune. Quand la porte s’ouvrit, personne ne leva la tête de crainte d’être une inspection surprise dans les dortoirs.
Mais ce n’était pas une inspection. Les pas se firent entendre par le fond, arrachant quelques élèves de leurs sommeils en les faisant sortir de leurs lits, tout en les tenants dehors. Ce n’était pas notre encadreur. Mais belle et bien des soldats en uniforme armés de torches et de longs fusils. En arrivant sur mon lit, ils le sautèrent et prirent encore quelques élèves et partirent. Je reconnus Irangabiye et Rutikanga , mes camarades de classe. Le bruit du camion se fit entendre encore une fois et plus rien ne troubla le silence de la nuit.
Le lendemain matin, le recteur du Lycée, un Prêtre Blanc aux cheveux gris tout mince avec un Age avancé, nous appela dans la cours, ce n’était pourtant pas le jour du drapeau mais plutôt un weekend. On s’aligna par classe et par taille, les plus petits devant et les plus longs derrière, tous autour du drapeau. Le recteur nous annonça la rentrée. Chaque élève devait immédiatement retourner dans sa famille. Mais il ne se prononça pas sur les élèves qui étaient déportés du dortoir la nuit dernière. Ou est-ce qu’ils étaient passés? Personne ne sut ce qui s’était passé et personne ne revue ces élèves.
Je fis mes bagages. Keza mon meilleur ami, me proposa de rentrer avec lui. Keza était natif de Bujumbura. Ses Parents ainsi que ses frères et sœurs vivaient à Bujumbura, la capitale. Je lui remerciai gentiment de son Offre. Mais il insista :” Muco, tu devrais avec moi, de toute façon, il te sera très difficile de trouver un bus en ce temps de Crise”.” Temps de Crise”; je n’avais pas fait allusion à ce mot. Mon Cœur bâtit à tout rompre. On se dire au revoir sur le portail du Lycée. Il prit le chemin de gauche et je prie celui de droite.
Keza, C’était lui qui m’avait accueilli au Lycée .Un garçon charmant aux yeux clair au teint noir foncé, de même taille que moi, un mètre quarante-cinq centimètre, plein d’assurance quand il parle, on sympathisa dès le premier jour de notre rencontre. Keza avait fréquenté une école de la Capitale, pas loin de chez lui. Je ne connaissais pas son école. Je venais de la Campagne. Je suis venu à la Capitale pour mes études secondaire. J’étais le seul élève qui avait réussi au Concours national dans notre localité. Je me sentis privilégier d’avoir un ami de la Capitale.
En chemin, un camion me heurta de près, un cadavre tomba. Je faillis tomber en syncope. Je ne pus respirer pendant un moment. C’était la première fois que je voyais un cadavre. J’étais seule, la pensée me vint à l’esprit de me diriger chez mon Oncle Ntore. Mais l’esprit y résista, et si lui aussi était déjà mort? La question me tourmenta tout le long du voyage.
S’il était mort? Qu’avait fait mon oncle Ntore? Qu’est-ce-que tous ces gens morts avaient-t-ils faits? Dans la rue, les militaires jaillirent de partout. Des voitures militaires circulèrent d’ici et là! Tous les 100 mètres abritaient une barrière de contrôle tant tôt militaire tant tôt policière!
Vue que mon village est perché sur les chaines montagneuses, j’arrivai au village dans la soirée ; ventre creux, pleine poussière, tremblant de stupeur et plein de dégoût des scènes que je vécu, je me réfugiai dans les bras de ma mère. “Muco , Muco , est-ce-que c’est toi? Ma mère n’en revenait pas. Elle ne croyait plus, que je puisse revenir vivant, qu’elle puisse me revoir un jour. Peu après, j’appris la mort de mes frères, l’un était Commerçant et les deux autres étaient séminaristes. Dans ma famille, il y avait quatorze enfants, j’étais le troisième. Mon père avait eu trois femmes, je suis né de la troisième femme. A l’arrivée des prêtres blancs dans notre village, mon père fut baptisé dans la religion Catholique. Il renonça aux deux autres premières femmes et garda ma mère. Les fils et les filles des deux autres femmes de mon père étaient aussi mes frères et sœurs, c’étaient comme ça. Dans notre tradition, pour un home, avoir plus d’une femme était considéré comme signe de richesse.
Mon père ne put supporter la mort de mes frères. Il décida de ne plus se cacher plus des tortionnaires, il fut capturer et tuer. Ils le jetèrent dans la fosse commune. Selon les dire, on les aurait attrapé puis fusillés et enfin enterrer dans les tombes communes. Mon père n’eut même pas le droit à des funérailles.
Je restai près de ma mère ainsi que de mon petit frère Arakaza . Je n’eus pas le droit à l’éducation. Je ne retournai pas à l’école de peur d’être aussi assassiner. Qu’ais je fait? , Qu’ont-il fait? Mes frères, tous ces gens? Pour ce que j’étais la science m’étais banni. Quand moi, ma mère et mon frère Arakaza allons cultiver, nous passâmes près de la rivière et montons la colline d’en face. C’est là où je devais passer pour me rendre à l’école, je descendais à la rivière, tremper mon doigt dans l’eau puis l’autre et je courais vers l’école. C’était ma douche matinale. Ces souvenirs me submergèrent et me remplit de tristesse. Pour ce que j’étais, je n’avais plus droit à l’éducation. Qu’ais je fait?