Le journal d'un désespéré

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? peut-être les deux. Ou encore suis-je face à un mur noir ? bâtit avec mes ambitions mais peint en désespoir. Un mur qui se révèle être mon quotidien.
Erigé devant mon avenir, mes yeux se peinent à intervenir dans ce théâtre qu’ils me forcent à participer. Ils m’obligent à caricaturer ce mur en un bel édifice prometteur alors qu’il est construit de mes projets. Ils me disent que le temps n’est plus au rêve mais plutôt au réveil et pourtant c’est au seuil de leur mur que s’enterre mes rêves. Comment pourrais-je étudier ? si je peine à voir mes leçons. Comment pourrais-je espérer ? s’ils voient à peine mes diplômes. Comment pourrais-je écrire ? si je passe tout mon temps à effacer avec de la gomme ma tristesse. Voilà les différentes interrogations qui me côtoient à tout moment.
Alors que mon champ de réflexion se remplissait des éventuelles stratégies pour remédier à ce mur noir, m’arrive à l’esprit une nouvelle interrogation : Comment vais-je me nourrir en cette période de confinement ? moi qui suis abandonné à moi-même, moi qui suis habitué à vivre de jour en jour, moi qui se nourris à travers les histoires, contes, bref les différents textes que j’écrivent, se retrouve en chômage en un rien du tout, ils me disent de ne pas m’inquiéter, que c’est juste une pause. Mon estomac également va il se mettre en pause ? je leurs ai répondu. Mais sans suite s’est révélé ma requête.
Sans hésiter, je me suis remis dans mes travaux, des jours et des jours, je me suis mis à écrire en espérant me rassasier à travers mes histoires, écrire et écrire dans l’espérance de noyer mes soucis dans l’encre de mon stylo. En cette période d’isolement, mes thématiques principales étaient la gastronomie pour me camoufler derrière les recettes fascinantes de ma culture, la solitude pour cicatriser mes plaies et l’espoir pour voir s’écrouler un jour ce mur noir. Ce sont ces trois mots qui me gardent encore debout, qui m’empêchent d’aller se faire corrompre l’esprit ailleurs. Ces mêmes mots qui me poussent à plonger la bille de mon stylo dans la sauce de l’espoir pour écrire sur mon visage un sourire qui devrait me garantir un futur meilleur.
Hélas ! que cela ne soit qu’une illusion car je suis enfermé dans moi-même, le confinement m’a tout pris, coupé de tout, la seule chose qu’il m’a toujours pas pris c’est mon talent d’écrire. Mes récits étaient mes seuls compagnons, je me suis retrouvé dans un monde où j’étais l’accusé et je me dirigeais tout droit vers le couloir de la mort. Comment pourrais-je imaginer que mon rêve le plus fou ne se réalisera jamais ? à cause de ce virus qui fait rage. Bon sang, je ne verrai jamais la chute de ce fameux mur noir qui me hante l’esprit depuis toujours.
En ce moment, mille et une question m’ai venu à l’esprit : Mourir de faim dans cet isolement ou encore mourir de ce virus. A cet instant je venais de construire un deuxième mur sans le savoir, contrairement au premier mur celui-ci était construit de mes peurs et peint en une couleur semblable à celle de la mort. Ce deuxième mur m’empêchait de prendre une décision sur les deux interrogations qui se proposaient à moi, je me retrouvais face à un dilemme que je devais résoudre mais que je connaissais déjà la réponse. Ce mur que j’avais bâtit fortuitement en plein confinement à engendrer en moi une psychose à tel point que je n’arrivais plus à écrire, j’ai vu ma plume s’envoler lors d’un tourbillon émotionnel qui s’est abattu dans mon mental. Après m’avoir arraché mon gagne-pain, c’était maintenant le tour de m’arracher mon talent d’écrire, la seule chose qui me restait, qui me tenait encore debout, ma raison de vivre. J’étais aveuglé par mes peurs et là je me retrouve coincer au bord de ce mur. D’une part, mon esprit s’étouffe du jour en jour, mes mains s’irritent, elles me jouent des tours, je ne les sens plus!, j’ai des crampes partout. D’autre part, mon estomac me demande de lui rendre des comptes, me demande pourquoi j’ai arrêté de vendre mes contes. Avec un air de coupable, je ne savais quoi répondre, alors la flamme qui m’alimentais s’éteignait petit à petit. Mon heure est enfin arrivée de partir rejoindre mes ancêtres, de quitter ce monde que j’ai autant raconté dans mes histoires. Maintenant mes récits et mes vers ne seront appréciés que par les vers de terres qui vont s’emparer de mon cadavre à tout jamais.