Le combat pour la vie

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut être les deux. » Difficile à croire, je broie du noir au point de m'égarer. J'aurais néanmoins connu des instants heureux ! N'est-ce pas là l'obscurité ténébreuses de mes jours ? Je marche et j'avance sans trop savoir où aller. Des couleurs j'en vois par milliers. Mais jamais je ne parviens à effacer ces images terrifiantes qui m'astreignent de vivre en oubliée. Si seulement il n'était question que d'imagination, peut être cette situation ferait moins office d'interrogations. Est-ce donc cela une vie amère ? Pleine de terreurs et de douleurs ? Puis-je un tant soit peu oser lever les yeux, pour m'échapper au royaume des chimères ? Qu'il est parfois beau de faire abstraction du reel, bien que ce joyau ne soit guerre éternel. Puisse-t-il emporter au loin mes peines, mes blessures et mes déchirures, afin que mes illustrations ne soient point vaines. Dommage que cela ne soit que pure utopie, et que la réalité n'ait de cesse de me réduire en bouillie. L'évidence est dure de sens. Ainsi s'en va ma constance, mon endurance au profit de la souffrance. Aucun au-revoir n'est facile à prendre pour acquis. Du courage il faut en avoir pour affronter l'invisible au prix de sa vie. J'essaie en vain de tenir le coup, et j'arrive à peine tenir debout. Des larmes, encore des larmes. Elles coulent et ruissellement sans cesse sur ces joues humides telle une caresse. J'aurais tant aimé qu'elle soient allégresse et non tristesse. Je cris de tout mon être, sur ce sol où je m'écroule, désespérée et essoufflée. J'arrive à peine à me reconnaître. Qu'est devenue cette battante qui au gré du courant bravait l'obstacle pour avancer ? La réalité l'a-t-elle ainsi brisée ? « Reprends-toi, reprends-toi » me dis-je, il y a encore des vies à sauver. Qui suis-je donc pour le faire ? Des milliers s'en sont allées. La mienne, elle, ne dépend même pas de moi. Je ferai mieux de m'accrocher à ma foi. De plus, je ne suis pas de marbre pour faire abstraction de cette terrible évidence. Cette mission pour laquelle je me suis récemment engagée, et dont j'ai toujours rêvé, prend un réel plaisir à m'éprouver. Déboussolée, j'arrive à peine à me relever tourmentée par ces images qui font montre de la vulnérabilité humaine. Je sais pourtant, du moins j'espère qu'il y aura des jours meilleurs qui me permettront d'oublier.
« Ce n'est pas toujours facile de voir de la lumière, lorsqu'on fait constamment face aux ténèbres, mais je suis bien décidée à y arriver. Qu'est la vie si ce n'est l'adaptation ? Bien que nous soyons des fois appelés à faire face à de terribles réalités, n'est-il pas préférable de s'y adapter et de trouver les moyens de les surmonter pour aller de l'avant ? Ce n'est certes pas facile, ni si évident, mais il faut pouvoir y arriver. Oui s'adapter pour mieux avancer. Nous posons tous des actes qui nous affectent. Des fois nous subissons juste les conséquences des actes posés par d'autres ou bien plus encore, l'effet de la nature. Puis-je affirmer de la vie qu'elle est parfois cruelle ? Ou ce caractère n'est réservé qu'à l'homme qui dans sa soif aveugle d'éternel insatisfait, entraîne quelques fois plus d'un demi-milliard avec lui ? Oui, bien qu'ayant connaissance de certaines réalités, il s'aventure tout de même à des pratiques de toutes sortes, dont la portée lui est très souvent méconnue, pour ainsi satisfaire son égo démesuré. Or la connaissance constitue à bien des égards, un danger pour celui qui l'a possède. » Murmurant en boucle ces paroles dans mon esprit, je me résigne ainsi à accepter l'évidence, et à braver l'épreuve pour offrir ne serait-ce qu'un sourire aux cœurs meurtris. Réconfortée, je me relève pour continuer ma routine. Mais avant de me lancer, quoi de plus beau que de me nettoyer le visage dans cette pièce lugubre, dans l'espoir de paraître plus forte que jamais face à tout ceci. Non loin d'où je me trouve, un autre collègue criant à l'agonie et ne demandant qu'à vivre, vient d'être emporté par l'abîme. Oui, elle emporté des fois même ceux qui la combattent. Que dire de cette fillette qui attend avec impatience le retour de son grand père, sans se douter qu'elle ne le reverra plus. Ce matin encore, mon fils exaspéré me dît: « Maman, pourquoi vas-tu travailler ? Pourquoi prends-tu tous ces risques ? Ne vois-tu pas que ta vie est en danger et la nôtre également ? Regarde toutes ces personnes qui s'en vont malgré leur courage et leur bravoure. Ne te soucie-tu pas de nous ? Ne nous aimes-tu donc pas assez pour rester et prendre soin de nous ? » Puis, il se mit à pleurer et s'en alla rester dans sa chambre. Sur le coup, je ne sus quoi lui répondre. J'étais bouleversée de voir à quel point il était affecté. J'essayai de lui faire entendre raison tout en lui expliquant l'importance de veiller les uns sur les autres. Je comprends mieux maintenant ses inquiétudes. Mais une chose est sûre, si je me limite à des pourquoi il me sera difficile d'avancer. Devrais-je tout abandonner par peur d'y laisser ma peau ? Et si tout le monde en faisait autant, qui prendrait sur lui de secourir tous ceux qui en ont besoin ? Nous partirons tous d'une manière ou d'une autre un jour, car toute vie est appelée à s'eteindre. Mais c'est en offrant le meilleur de nous-même pour voir ne serait-ce qu'un peu de lumière, qu'il est possible d'éloigner les ténèbres de nos vies. De l'amour, nous en avons tous besoin. Veiller sur les autres est une façon bien noble de répandre cet amour. Force et courage soient avec toutes ces personnes qui peinent sous le poids des responsabilités et qui se battent corps et âme pour s'assurer du bien être de tous.