Le ciel se couvre de rosé. Le glouglou de la bouteille rugit à mes oreilles. Je m’étais éveillé en sursaut, en ce petit matin brûlant, étonné du couvre-chef qui coiffait mon bitoniau et ses deux bigorneaux. Un voile évanescent étouffait mon regard, diluant les contours des fenêtres obtuses qui ne voulaient s’ouvrir. Je reconnaissais la chambre de mon enfance, celle où je me coulais sous l’édredon, plaqué contre la poitrine généreuse de Madeleine, ma mère-grand, lorsque son loup était absent. Madeleine et les bonnes odeurs de lait et de prune qui s’agrippaient à ses vêtements, jusque dans les vagues de ses plis généreux, dans la grâce déroutante qu’elle mettait à lever son corps de l’engloutissement du matelas de laine où je respirais, béat, les effluves délicieux qui embuent mes yeux de rosée.
Le ciel s’affiche, insolent, ruisselant de désirs écharpés de blanc virginal. Si je n’avais cette protubérance pour le narguer, il entrerait par les volets mi-clos pour m’illuminer et dévoiler ma face piteuse, ma face crayeuse de lever de lendemain d’abondance, ma face de champlure trahie par le rosé du midi.
Je humais les fragrances du breuvage, inondé par le reflet doré à claquer la langue d’envie d’une ivresse nouvelle. Le bitoniau en goguette, allais-je me risquer à poser un pied sur le sol, alors que Madeleine m’appelait dans mes rêves ? Une joie sans nuage me pénétrait irrésistiblement. Mes peines de la veille se fondaient dans le muguet du papier peint. Mon chagrin se figeait sur les sourires sépia qui m’observaient de leurs cadres dorés. Je me levais sans moi ; attardant mon corps, je parcourais le couloir, descendais l’escalier craquelant telle une feuille de nougatine. Je risquais un regard dans la cuisine. Madeleine n’y était pas. Elle était partie au cimetière, près de son loup, et une jeunette avait pris sa place, belle et appétissante. La table mise dévoilait la tarte aux prunes. Un rayon de soleil jouait avec la jupe de la demoiselle, s’immisçant entre ses cuisses rondes. Je les devinais douces et pêche de velours. Mon bitoniau rugissait et les bigorneaux se raidissaient en hommage à ce lever du jour, le mien, celui de la rédemption. Amours passées s’envolaient pour accueillir celui du jour. Un cri primal en donna le signal et c’est sur un nuage dérobé aux volets grands ouverts que je descendis à sa rencontre, le bitoniau apaisé. Un baiser à Madeleine suspendue dans la cage d’escalier scella le forfait. Les draps, il lui faudrait laver.
Le ciel s’affiche, insolent, ruisselant de désirs écharpés de blanc virginal. Si je n’avais cette protubérance pour le narguer, il entrerait par les volets mi-clos pour m’illuminer et dévoiler ma face piteuse, ma face crayeuse de lever de lendemain d’abondance, ma face de champlure trahie par le rosé du midi.
Je humais les fragrances du breuvage, inondé par le reflet doré à claquer la langue d’envie d’une ivresse nouvelle. Le bitoniau en goguette, allais-je me risquer à poser un pied sur le sol, alors que Madeleine m’appelait dans mes rêves ? Une joie sans nuage me pénétrait irrésistiblement. Mes peines de la veille se fondaient dans le muguet du papier peint. Mon chagrin se figeait sur les sourires sépia qui m’observaient de leurs cadres dorés. Je me levais sans moi ; attardant mon corps, je parcourais le couloir, descendais l’escalier craquelant telle une feuille de nougatine. Je risquais un regard dans la cuisine. Madeleine n’y était pas. Elle était partie au cimetière, près de son loup, et une jeunette avait pris sa place, belle et appétissante. La table mise dévoilait la tarte aux prunes. Un rayon de soleil jouait avec la jupe de la demoiselle, s’immisçant entre ses cuisses rondes. Je les devinais douces et pêche de velours. Mon bitoniau rugissait et les bigorneaux se raidissaient en hommage à ce lever du jour, le mien, celui de la rédemption. Amours passées s’envolaient pour accueillir celui du jour. Un cri primal en donna le signal et c’est sur un nuage dérobé aux volets grands ouverts que je descendis à sa rencontre, le bitoniau apaisé. Un baiser à Madeleine suspendue dans la cage d’escalier scella le forfait. Les draps, il lui faudrait laver.