Des vagues de neige
prairies forêts inondées
écume glacée
L'aspirateur avait d'autres aspirations que celles de toujours aspirer de la poussière, des acariens, des miettes et autres déchets laissés par des humains indifférents. Alors, il décida d'avaler les bibelots et autres babioles qui encombraient les meubles de la maison. Une fois sa panse bien remplie de vases, photos, statuettes, petites plantes, magazines et autres objets décoratifs, il continua par absorber le mobilier, les grandes plantes, les tableaux, ses collègues de l'électro-ménager, la baignoire, le lavabo, les toilettes, le papier peint, les murs, les sols, les plafonds, la plomberie, la charpente, les briques, le béton et les fondations. Bien gras mais toujours inspiré, il avala le jardin et ses fleurs parfumées, la fontaine, la gloriette, les meubles de jardin et le garage avec la voiture. En plus d'une grosse bedaine, il attrapa la grosse tête en voulant slurper routes, forêts, refuges, plaines, champs, fermes, troupeaux, villages, cités et usines, collines, montagnes, déserts brûlants et glacés, lacs, mers, océans. L'ambitieux attrape-poussière finit par le ciel, le soleil, les planètes et les étoiles. Les hommes furent épargnés, mais effrayés ils pleurèrent devant cette propreté nihiliste et supplièrent le Grand Boulimique de leur rendre le monde. Gavé jusqu'au tuyau, l'aspirateur malade vomit les plus gros morceaux : les étoiles, les planètes, le soleil, le ciel, les plaines, les collines, les montagnes, les forêts, les plantes et les fleurs. Devant tant de compassion, les hommes l'adorèrent comme un dieu. Ils l'appelèrent Hoover.
Quoi qu'il en soit, cette aspiration est bien sous le signe de l'inspiration !