Une ombre erre souvent, la nuit, à la recherche d'un corps auquel se rattacher. Moi, j'avais erré des semaines avant de trouver le dernier. Après 3 mois d'errance, on finit toujours par être... [+]
La taupe et la buse
lectures
Public

Une taupe, qui habitait les Pyrénées, se sentait lasse de vivre dans le jardin de Madame Camille. L'été, il faisait beaucoup trop chaud dans son terrier. Et quand elle sortait se promener, le soleil était si éblouissant que, déjà qu'elle ne voyait pas grand chose, elle n'y voyait plus rien du tout.
Elle fit part de ses tracas à son amie la buse, toute nouvelle arrivée dans le village. Cette dernière lui conseilla de déménager au fond d'une grotte qu'elle avait repérée près de la rivière. Elle trouverait dans ce havre de paix de la fraîcheur et de la pénombre et y verrait peut-être même un peu plus clair, sait-on jamais.
À l'aube, la taupe fit ses cartons. Quand elle eut fini d'empaqueter ses affaires, elle s'aperçut que les mulots avaient grignoté tous les emballages. Ses pulls, ses chaussettes, son bonnet, sa salopette bleue et même ses provisions d'asticots jonchaient sur le sol. Comment faire pour transporter ses affaires ? Elle appela sa compère la buse à la rescousse.
— Mélotron (c'est le nom de la buse), les mulots ont rongé tous mes cartons !
— Des mulots ? Sont-ils gras et dodus ? saliva la buse.
— Oui ! Ce sont de vraies terreurs, ils viennent souvent au village pour tout manger.
— La belle nouvelle ! s'écria le rapace, qui se voyait déjà avec une bête ou deux dans le bec.
— Sans carton, comment vais-je emmener tout mon barda ? s'écria la taupe désemparée.
— N'en faisons pas tout un fromage ! Débarrassez-vous du superflu, lui indiqua la commère.
Mais la taupe, à l'idée d'abandonner ses affaires, jeta un regard si triste qu'elle fit pitié à son amie.
— Oublions la rivière ! s'écria la buse. Puisque vous aimez l'air frais et l'obscurité, j'ai pile poil ce qu'il vous faut, à seulement quelques mètres d'ici, dans le garage de Madame Camille.
— Quelle bonne idée ! s'enthousiasma la taupe, admirative d'une telle connaissance des environs.
— Tellement bonne que j'aurais dû y penser plus tôt, se félicita l'oiselle.
Et elle guida la taupe vers son nouveau logis.
— Voilà votre demeure princière, annonça-t-elle en ouvrant la porte à la nouvelle locataire, subjuguée.
Les deux se pâmèrent devant tout le confort moderne, le nombre d'étages et la hauteur de plafond.
— Qu'il fait bon, il y a même l'air conditionné ! gloussèrent-elles en chœur.
Elles découvrirent bientôt quantité de victuailles entreposées.
— Je partagerais volontiers votre logis, c'est un vrai paradis ! dit la buse, un brin jalouse.
Après quelques allers-retours, une fois installées, les comparses firent ripaille.
— Vous ne trouvez pas qu'il fait quand même un peu froid ? demanda l'hôte au dessert.
— Mettez donc votre pull et votre bonnet, répondit l'invitée.
Le lendemain, quand Madame Camille ouvrit son réfrigérateur, elle poussa un cri. Entre ses glaces et ses sorbets, elle trouva la taupe et son amie la buse congelées.
Moralité, plutôt que d'écouter les conseils d'une buse, mieux vaut être aveugle et sourd.
Et puis ça y est depuis trois jours dans mon jardinet les monticules sont là! Que j'aimerais que mesdames taupes aient envie d'aller ailleurs, un peu plus loin... mais pas dans un réfrigérateur!
Je cherche un moyen qui ne nuise pas à leur santé!
La fin de ce conte est un peu triste mais rappelle ce proverbe :
"Plus on fait accueil aux bons conseils, plus on est exposé à en recevoir de mauvais."
Proverbe chinois
Très belle soirée. Mes 4 voix et je partage bien sûr.