La réalité sénégalaise: le fameux "soutoura"

Fils d'une terre lointaine Où la survie est incertaine Fils de hal pulaar Slameur au foulard Longtemps temps traqué par la peur jusqu'à ce que les rimes me réparent J'ai quitté Dia pou ... [+]

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermes ? Peut-être les deux. Quoi qu’il en soit, cela n’a jamais été toujours ainsi. Une histoire de famille disent-t-ils. Ils veulent me faire taire, ils veulent me terrer.
Voilà je m’appelle Binette, et je suis victime. J’ai 17ans et j’habite Yeumbeul dans la banlieue dakaroise au Sénégal. Je vis avec ma famille, je veux dire ma mère, mon frère ainé, Mamadou, et, enfin, mon oncle, vous vous demandez sûrement où est mon père? La réponse est simple : JE N’AI PAS DE PERE. Maman dit qu’il nous a abandonné quand elle était enceinte de moi. Il est parti sans rien dire, un lâche peut-être, peut-être qu’il est vivant, mort, en taule, ou libre, peu importe. Dieu merci, maman fut battante et elle a tout fait pour que je ne manque de rien. Avec l’aide de son frère, mon oncle, on a su nous en sortir. Bref Je disais que j’étais victime, et peut-être que je ne suis pas la seule dans cette impasse.
Une situation tellement inconfortable, tellement pénible, que l’on se demande si on est à la bonne place. Tant de souffrances intimes, tant de larmes internes, que souvent on a tendance à penser que tout le mal du monde nous est destiné, nous jeunes, nous filles. Les autres nous demandent de rester fortes, ils ne savent ce que nous ressentons, ils nous implorent de pardonner alors qu’ils n’ont vécu ne serait-ce que 20% de nos maux. C’est pourtant eux, eux qui nous demandent d’oublier, qui nous jugeront et pointeront du doigt. Ceux sont eux qui iront nous dénigrer quelques parts ailleurs.

Mon calvaire a commencé le 14 janvier 2018, un jour pas comme les autres. Car maman devait aller en voyage d’affaire pour trois mois et laissant sans protection. Comme vous le savez peut-être, les mamans sont nos protectrices. Je ne m’étais jamais séparée d’elle et ce fut dur à gérer mais maman disait que tonton est là
Quelques temps plus tard
Je m’étais habituée à l’absence de maman, le temps est vite passé et voilà elle rentre demain, je faisais mes devoirs seule, ou du moins presque. Rien n’avait changé dans le fonctionnement familial, Mamadou toujours dans sa chambre et moi dans la mienne. Quant à tonton il faisait ses déplacements car il est plombier. Il bouge trop.
Euh j’ai oublié de vous dire j’ai un copain, IL a 22ans, ne le dites pas à maman elle va me tuer, elle est trop protectrice... Comme toutes les autres je suppose.Et arriva un soir où tout bascula, j’etais dans ma chambre dans les environs de 22h ma porte entre-ouverte. Je m’amusais à lire un roman et répondre aux sms de papi, tout en somnolant, imaginez.
Je ne sais pas pourquoi mais je me suis sentie, bizarre tout d’un coup, un mauvais pressentiment peut-être? Et si c’était maman ? Non je me fais des idées rien de grave je me disais, mais à l’intérieur je savais qu’il se passait ou disons, qu’il allait se passer quelques chose. J’ai appelé papi pourvu qu’il me remonte le moral
-Princesse ?
-Papi j’ai un mauvais pressentiment.
-Ce n’est rien princesse, c’est juste un pressentiment ça va passer
-Mais papi, maman... il me coupa la parole avant que je n’eus le temps de terminer ma phrase
-Ecoute moi, ce n’est rien, pense positif et tout le sera. Je suis là
-D’accord, bon je vais me doucher et essayer de dormir
-Allez fais ça, paisible nuit
Aussitôt après avoir raccroché je me dirige vers la salle de bain, pour me rafraichir oubliant ma porte entrouverte et ce fut l’erreur.
En plein bain J’ai entendu la porte d’entrée faire un bruit brusque, comme si on l’a fermé avec force. Et je prie le soin de me débarbouiller débarrassant mon visage du savon qui le couvrait, je pris ma serviette pour vérifier et, et, et... je vis une main ôter le rideau qui servait de barrière sur le jacuzzi. Une main familière avant même que je n’eus le temps de crier elle me bloqua la bouche et une autre main tira avec force ma serviette me laissant nue.
C’est à cet instant que j’ai su que j’allais vivre ma pire nuit. Je me débattis de toutes mes forces mais c’était insuffisant face au désir de mon oncle vis-à-vis de moi. Il me tira de la salle de bain pour me jeter sur mon lit malgré mes efforts, en vain, il m’étouffa avec le coussin et écarta mes jambes, les détails font mal bref il me deviergea. Je le griffais, pour espérer qu’il me libère mais malheureusement, je me rendais compte que cela lui plaisait et l’excitait. Au bout de 3 longues et pénibles minutes il descendit de moi, me laissant lassée et souillée je perdis du sang et tout ce qui me restait, c’était mes larmes. J’ai tellement pleuré que mon drap semblait sortir d’une lessive. Je rampais pour pouvoir fermer la porte une bonne fois et je vois mon frère arriver. Il me trouva nue, mal, sale, lasse, ses larmes coulaient à flot
-Comment est-ce arrivé ? qui est entré dans la maison ? demanda-t-il en colère
-C’est ton.... Ton..., criai-je en pleurant
-Non, impossible
-Si, il vient de sortir
-Le salaud, je n’en reviens pas
-je vais lui faire la peau, je l’étranglerai de mes propres mains attends
-Non !!!me disait-il, attendons maman elle rentre demain on va porter plainte, s’il te plait je peux t’aider à rejoindre le lit, donne la clef, je t’enferme moi ici, tu seras en sécurité. Je t’en prie ne fait rien.
-Mais je veux me venger aide moi à me relever
-Ecoute, fais-moi confiance il paiera
-Si tu le dis
-D’accord soit forte, essaye de dormir
-Merci, répliquais-je même si je savais que cette nuit allait tout être sauf bonne
Cette nuit-là je l’ai passé aux pleurs et nue, je ne savais pas comment me relever aprés, comment regarder mes amis, comment pouvoir continuer à vivre. A un certain moment j’ai songé au suicide, mais je ne peux me le permettre je serai triple perdante. Lui il paiera et bonnement. Maman était rentrée le lendemain et même avant que je ne lui dise rien que soit, elle s’en était rendu compte, car une mère, elle sait tout ce qu’on ne dit pas. Mais malheureusement, elle ne m’a pas aidé
-Sois forte, et passe l’éponge, me disait-t-elle, c’est une affaire d’honneur et si on le dénonce, notre famille ne vaudra plus rien aux yeux des autres, continuait-t-elle
Son comportement et son analyse m’ont vraiment déçu car je pensais qu’elle serait la première à suggérer une plainte ou l’expulsion immédiate de cette pourriture
-Maman, tu me parles d’honneur familial ? et le mien dans tout ça ? maman et mon avenir, je n’ai jamais pensé que telle serait ta position, j’aurai dû le tuer mais ce n’est pas trop tard.
Je sortis de la chambre de maman en larme et je me suis directement dirigé dans la mienne en m'y enfermant
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Je pris un couteau et entra dans la chambre de mon pire ennemi, malheureusement il dormait paisiblement, ne se doutant de rien, il pensait peut-être que c’est réglé mais, voilà cela ne vient que de commencer, je m’avançai jusqu’au niveau de sa poitrine et dans ma tête je revoyais les faits
"Je suis venue me venger De Tout ce que tu m’as fait De ce que tu m'as fait subir Sans jamais pouvoir le dire Dire que t'avais de graves délires Sur mon corps poupée de cire J'étais l'objet de ton désir J’ai envie de te vomir Tu étais tout pour moi Un guide, un repère, un roi J'avais confiance en toi Tu n’avais vraiment pas le droit Tu m'as enlevé ma serviette Mettant ma vie en miette Je savais ce que tu faisais là Tu as brisé mon enfance Et J'étais sans défense Je pouvais ne même pas parler Tellement que j'étais J'aurais pu t'envoyer au tribunal Tellement que j'avais mal Mais ce n’est pas arrivé Tellement que tu t’en es échappé Alors je grandirai, ça en moi Et je grandirai comme ça Je serai certes une femme Mais Beaucoup de bleus à l'âme je suis désolée tonton mais tu vas mourir Ouais en enfer tu vas pourrir"
Apres ce petit poème interne, je lui plantai le couteau en plein cœur sans arrière-pensée et je me suis bien assuré qu’il ne puisse en sortir vivant tellement je me suis couchée sur la lame afin de bien l’enfoncer. Je me réjouissais de le voir agoniser
Et,j’ai malheureusement terminé mon adolescence dans une cellule.
Oui, dans le noir, j’ai les yeux fermés.