Métro. Vendredi, 15 heures.
Je suis avec mon fils Eliott, deux ans. Je ne sais pas pourquoi mais aujourd’hui, le métro est plein à craquer. Ça me stresse. J’aimerais une place assise au... [+]
Nous étions jeudi. Tous les enfants arrivaient plutôt détendus à l´école et se réjouissaient car dans notre cantine, les jeudis, c´était « mousse au chocolat » ! Moi, j´adorais la mousse au chocolat, mais les jeudis, je ne les supportais pas. J´étais malade dès le mardi à l´idée du jeudi. Le jeudi, c´était le jour de la dictée, autrement dit, le jour de la honte pour moi.
Je copiais la date. La maîtresse regarda dans ma direction. Elle ne dit rien mais je sentis que je l´agaçais. Elle finit par craquer et demanda : « Bon Gregory, tu as fini ?» Tous les regards se tournèrent vers moi. Je bredouillai un « oui, oui » même si ce n´était pas vrai. « Je finirai d´écrire la date après la dictée. » pensai-je. Nous commençâmes la dictée. C´était une dictée préparée et Selma, la jeune étudiante que maman payait pour ne plus avoir à faire les devoirs avec moi, m´avait entraîné à la dictée presque chaque soir.
La maîtresse donna le premier mot. Je m´en souvenais très bien de ce mot. Mais comment l´écrire ? Les lettres dansaient dans ma tête. Je ne savais plus, le b, le d, le q, le p, les sons complexes et mêmes les simples... Je ne savais pas quoi écrire dans mon cahier. Lorsque je sortis de mes pensées, je réalisai que la maîtresse était au quatrième mot. Je sentais déjà les larmes qui montaient et mon cœur battais la chamade. Comment allais-je réussir à me sortir de là ? Si je lui demandais de répéter les mots, elle le ferait mais j´aurais eu le droit à ce regard qui me faisait me sentir médiocre. Je parvins à écrire la première syllabe du quatrième mot. Mais voilà qu´elle annonçait déjà le dixième. Je regardai autour de moi.
Apparemment tout le monde s´en sortait très bien...Elle circulait désormais dans les rangs et je me sentais tout honteux. Arrivée à mon niveau, elle soupira. Cette fois-ci, elle n´avait pas crié mais ce soupir me fit au moins autant d´effet que si elle m´avait giflé, tant j´avais mal à l´ intérieur de moi. Elle ramassa les cahiers à toute vitesse et je me rendis compte que finalement, je n´avais pas eu le temps d´écrire la fin de la date. J´eus la boule au ventre. Sur le moment, j´avais simplement envie de disparaître...
L´ après-midi, après la mousse au chocolat de la cantine qui m´avait mis un peu de baume au cœur, en classe, la maîtresse nous avait rendus nos cahiers corrigés. Elle avait écrit en grand et rouge « insuffisant » avec trois points d´exclamation et avait ajouté dans la marge « Quand est-ce que tu vas te mettre au travail ? » Elle avait l´air de penser que si aucun mot n´était correct, c´est que je ne travaillais pas assez alors que je passais mon temps à travailler, m´entrainer, recopier.
La boule au ventre remonta d´un coup. Et je vomis sur le cahier du jour.
Elle me regarda, agacée, comme si je l´avais fait exprès. Elle s´est empressée de nettoyer en râlant et ne m´a plus adressé un regard.
Je pleurai pendant 2 heures d´affilées jusqu´à ce que maman vienne me chercher et me serra fort dans ses bras. Entre deux sanglots, je répétais que j´étais nul.
Ce jour-là maman me dit que j´avais très bien fait de vomir sur la remarque de la maîtresse.
Ce n´est pas facile d´être dyslexique les jeudis et autres jours aussi...
Je copiais la date. La maîtresse regarda dans ma direction. Elle ne dit rien mais je sentis que je l´agaçais. Elle finit par craquer et demanda : « Bon Gregory, tu as fini ?» Tous les regards se tournèrent vers moi. Je bredouillai un « oui, oui » même si ce n´était pas vrai. « Je finirai d´écrire la date après la dictée. » pensai-je. Nous commençâmes la dictée. C´était une dictée préparée et Selma, la jeune étudiante que maman payait pour ne plus avoir à faire les devoirs avec moi, m´avait entraîné à la dictée presque chaque soir.
La maîtresse donna le premier mot. Je m´en souvenais très bien de ce mot. Mais comment l´écrire ? Les lettres dansaient dans ma tête. Je ne savais plus, le b, le d, le q, le p, les sons complexes et mêmes les simples... Je ne savais pas quoi écrire dans mon cahier. Lorsque je sortis de mes pensées, je réalisai que la maîtresse était au quatrième mot. Je sentais déjà les larmes qui montaient et mon cœur battais la chamade. Comment allais-je réussir à me sortir de là ? Si je lui demandais de répéter les mots, elle le ferait mais j´aurais eu le droit à ce regard qui me faisait me sentir médiocre. Je parvins à écrire la première syllabe du quatrième mot. Mais voilà qu´elle annonçait déjà le dixième. Je regardai autour de moi.
Apparemment tout le monde s´en sortait très bien...Elle circulait désormais dans les rangs et je me sentais tout honteux. Arrivée à mon niveau, elle soupira. Cette fois-ci, elle n´avait pas crié mais ce soupir me fit au moins autant d´effet que si elle m´avait giflé, tant j´avais mal à l´ intérieur de moi. Elle ramassa les cahiers à toute vitesse et je me rendis compte que finalement, je n´avais pas eu le temps d´écrire la fin de la date. J´eus la boule au ventre. Sur le moment, j´avais simplement envie de disparaître...
L´ après-midi, après la mousse au chocolat de la cantine qui m´avait mis un peu de baume au cœur, en classe, la maîtresse nous avait rendus nos cahiers corrigés. Elle avait écrit en grand et rouge « insuffisant » avec trois points d´exclamation et avait ajouté dans la marge « Quand est-ce que tu vas te mettre au travail ? » Elle avait l´air de penser que si aucun mot n´était correct, c´est que je ne travaillais pas assez alors que je passais mon temps à travailler, m´entrainer, recopier.
La boule au ventre remonta d´un coup. Et je vomis sur le cahier du jour.
Elle me regarda, agacée, comme si je l´avais fait exprès. Elle s´est empressée de nettoyer en râlant et ne m´a plus adressé un regard.
Je pleurai pendant 2 heures d´affilées jusqu´à ce que maman vienne me chercher et me serra fort dans ses bras. Entre deux sanglots, je répétais que j´étais nul.
Ce jour-là maman me dit que j´avais très bien fait de vomir sur la remarque de la maîtresse.
Ce n´est pas facile d´être dyslexique les jeudis et autres jours aussi...