La masturbation

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux...telles sont les questions caractérisant mon existence durant la dernière décennie. On m'appelle Théodore, j'étais professeur agrégé en comptabilité à Cotonou. J'enseignais dans une Université de la place, où je tombai gracieusement amoureux d'une jeune étudiante des lettres modernes du nom de Rachel qui était déjà en sa troisième année. Rachel et moi avions un projet de mariage. Tout allait si bien que quand l'un a un problème, l'autre se sentait plus concerné. C'était ça notre force. Nos faiblesses seront peut-être dans nos succès; c'est à dire le manque de temps pour Dieu et aussi pour nous. Nous ne nous voyons qu'occasionnellement.
Pour me garder fidèle, je me suis trouvé un moyen radical. Au début, cela a plutôt l'air de fonctionner jusqu'au jour où je me suis rendu compte qu’il était superflu et fugace, m'éloignais de mes objectifs, notamment le projet de mariage et la promotion au travail. Cela devenait de trop dans ma vie; une routine dirais-je. Je ne suis plus qu'à un pas de jeter l'éponge. Me suicider ? Non, j'ai pourtant la solution ! Même si son application pose toujours problème! Depuis près de 2 ans, je ne faisais que tirer le diable par la queue, majorer des échecs dans tout ce que j'entreprenais y compris dans ma relation avec Rachel. Même mes besoins de nécessités vitales ne sont pas souvent satisfaits. Mon mode vestimentaire était devenu purement rural; je portais des vêtements démodés et dénaturés, je portais des chaussures qui ne sont pas pour la plupart loin d'être trouées. Du coup quand je me trouve en face d'un promotionnel qui pète le feu, j'ai l'air d'un margouillat car je m'agrippais contre les murs et parfois je change de chemin juste pour éviter l'hybridation avec cette personne. J'étais devenu un chapacan. Moi qui était en synergie avec des hommes influents, moi qui mangeais à la table des grands et qui dormais sur de beaux lits dans de grands hôtels, moi ! Me voici aujourd'hui dans un studio dormant à même le sol. Si les mêmes causes produisaient les mêmes effets alors je ne serais pas à l'abri puisque je continue toujours avec mes sales habitudes. Ce soir là encore, je suis à nouveau tombé dans un piège du diable. J'étais sous la douche quand cette pulsion incontrôlable m'envahit. Irrésistiblement, je tombai sous son charme comme d'habitude; mon bain se transforma en un massage pas comme les autres où le savon censés mousser l'éponge finit néanmoins dans mes mains. Je gémissais jusqu'à combler mon infâme désir. Aussitôt fini, je tombai dans le regret et c'est ma routine de tous les jours. Comment faire pour que ce problème connaisse son épilogue dans ma vie ? Surtout que cela est parfois à mon plus grand dam. La nuit suivante fut pénible pour moi. Après mon repas du soir, je regagnai mon lit où sous l'effet du las je ne puis faire la prière du soir. J'ignore l'heure à laquelle le sommeil m'emportait ce jour-là dans son mystère. Toutefois je savais que j'atterrissais dans mon lit à 22h. Je devenais inconscient, peut-être suis-je déjà dans l'autre monde? Sans doute que oui. Assis chez moi seul à la maison où je contemplais le paysage, elle s'avança tout à coup vers moi: « Salut Théodore, moi c'est Reine », me lança-t-elle. Elle était très élégante dans sa robe noire qui lui arrivait à mi-cuisse laissant encore une partie de ses cuisses claires nues. Elle portait une chaussure d'environ 15 cm de hauteur; elle avait une forme arrondie: le genre de femme qui peut charmer presque tous les hommes. Une fois près de moi, elle me tendit la main droite que je n'hésitai pas à saisir avec ma main gauche. La fraîcheur intense de sa paume me parcourut et traversa mon corps comme un flux. Elle prit sa main gauche pour monter la robe vers sa hanche puis relâcha ma main et la posa sur ma joue. Elle approcha sa bouche de mon oreille tout en trouvant place sur mes cuisses et me lança à l'oreille: « toi et moi unis pour la vie; passons ce moment inoubliable ensemble cette nuit ». Elle glissa ensuite sa bouche jusqu'à la mienne, m'embrassa très fort. Pourquoi résisterais-je? Aucune raison! C'est ainsi que j'entrai dans la danse de cette jeune fille. Je la saisis par la hanche, passai ma main sur sa cuisse puis je remontais sa robe. De mes deux mains, je m'emparai d'elle pour l'emmener dans mon lit où le reste fut sans baratin ni langue de bois très intéressant. Aussitôt terminé, je me réveillai pour faire face à la réalité où je me rendis enfin compte que ce n'était qu'un bordel de rêve, un rêve ou une illusion qui se transforme en une réalité puisque mon dessous baignait dans ce liquide gluant. Je compris donc que j'étais le socle de mes propres problèmes. D'où me vint l'intention d'en finir avec mais je n'arrive pas à me décider. Mes prières et autres moyens entrepris étaient sans effets et les choses continuaient à s'empirer surtout après le départ inattendu de Rachel sans un motif valable. En tout cas, ce point de vue n'engageait que moi, car peut-être qu'elle a ses raisons. D'ailleurs combien sont ces femmes qui accepteront rester sous le toit d'un homme ayant quitté le zénith pour le nadir?

- Qu'ai-je pu faire pour chasser la gazelle de la jungle? L'interrogeais-je juste avant son départ.

- Regarde-toi et regarde-moi! tu trouveras ta réponse... Ou peut être que la gazelle a décidé de changer de jungle pour son honneur et son bonheur!

Ce sont ses mots; les mots qui ont réussi à détruire tout ce que j'ai mis du temps a bâtir. Quel fiasco calamiteux ! Un véritable désastre.

Me voilà dans mes premières semaines après son départ très crucial et décisives pour me remettre du statut quo. Dans les moments où mon pessimisme gagne de pas sur mon optimisme, il me suffisait juste de penser à cette rupture avec Rachel. Pas que j'ai la nostalgie mais ça me donnais du cran de croire que je peux à nouveau redorer le blason de mon nom. C'est dans cette lancée que je continuais jusqu'à ce jour où je t'écris lecteur en tant que secrétaire général de la banque mondiale. Adieu la masturbation, adieu les femmes de nuit ! Plus de masturbation. Certes la prière en a joué sa partition mais l'antidote contre tout obstacle reste la foi, la détermination, s'en suivent les autres. Rachel reviendra t-elle? Si oui, serais-je prêt à pardonner ?