Les vers en l'air ! Que personne ne rime !
Arrêtez la prose et tout se passera bien !
Faites sortir les quatrains et les... [+]
Il y a bien longtemps, sur une étrange planète perdue dans l'univers, lui même perdu dans un autre univers, vivaient des milliers de princesses. Cette planète, connue sous le nom de Sirtalia, était dirigée par une reine, Axalia.
La végétation y était luxuriante, toutes sortes d'animaux merveilleux flottaient dans les airs, nageaient dans les mers, rampaient sous les terres.
Le temps s'écoulait dans tous les sens, si bien qu'une fois atteint l'âge des épousailles, soit 19 révolutions stellaires, il faisait demi-tour et ramenait tout le monde à l'âge de 14 révolutions stellaires. La raison de cet étrange cycle temporel était la malédiction jetée par Egwa, une grand-mère synthétique qui faisait le tour des semi-galaxies :
« A compter de ce jour, cette planète ne sera peuplée que de princesses ! Il n'y aura que de jeunes damoiselles sur Sirtalia. Le temps ne s'écoulera plus pour vous ! Vous serez belles en vain, jeunes en vain. Vous ne connaîtrez jamais le bonheur d'être aimées par un prince, ni celui d'enfanter, ainsi soit-il ! »
Alors, pour conjurer ce terrible sort, tous les 1800 cycles, ou 327 révolutions stellaires, si vous préférez, toutes les princesses se réunissaient sous la voûte céleste, dans un immense champ, s'asseyaient sur les corolles de fleurs gigantesques, aux immenses pétales multicolores, pour assister à la légende des étoiles. La légende des étoiles était la plus grande cérémonie de l'univers cosmogonique. Elle consistait à écouter la plus belle histoire de Sirtalia, qui devait permettre de se lancer, coûte que coûte, à la recherche d'un prince. Seule la meilleure conteuse cyclique avait le droit de conter en ce moment prestigieux.
Des milliers d'étoiles de toutes les couleurs dansaient dans les trois ciels de Sirtalia. Le premier ciel arborait une teinte jaune, le deuxième une teinte rose pâle, et le troisième oscillait entre le vert et le bleu... ciel. Un doux vent musical au parfum de soleil embaumait l'atmosphère. Cette demi-nuit, enchanteresse, était le moment que toute la petite planète attendait : la demi-nuit de la légende des étoiles :
— Des lutteuses acharnées livraient, sans contrecarrer l'abyssale démence, un tournis effréné aux papillons observateurs. Caviardant de toute son espèce des mollusques en costumes...
— Mais qu'est-ce que c'est que ce charabia ! Que l'on m'amène une conteuse digne de ce nom ou je fais couper toutes les têtes de cette planète ! Menaça la reine, du verbe menacer. Aljizia, vous devriez avoir honte de conter si mal ! Arrêtez-la et jetez-la aux valtusiores, ils sont terriblement affamés, ça fait longtemps qu'ils n'ont pas dévoré de princesse !
— Non, ne faites pas ça votre Altesse, je vous en supplie !
— Qui a parlé ?
— Moi, votre Altesse !
— Comment te prénommes-tu jeune princesse ?
— Alisha, votre Altesse, et je suis la meilleure conteuse de tout Sirtalia ! Épargnez Aljizia et je vous conterai une histoire... une histoire... une histoire comme jamais vous n'en avez entendu ! Elle m'a été révélée dans un archérêve, par un ange diseur de vérité, c'est un signe votre altesse. Une fois que je vous aurai révélé son contenu, cet archérêve se réalisera et Sirtalia aura enfin son prince.
— Approche, et conte-nous donc ton histoire, mais je te préviens que si...
— La légende dit que dans un coin de l'univers, loin, très loin, par delà les étoiles du monde visible et invisible, se trouve une minuscule planète toute bleue, qui ressemble à une goutte d'eau. Mais dès qu'on a la chance d'y approcher, et qu'on la regarde de plus près, on y voit plein de contrées, différentes, avec des habitants de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Il y a beaucoup de jeunes damoiselles et de jeunes damoiseaux, mais aucun d'eux n'est prince. Aucun d'eux, sauf un. Il s'appelle Gédéon, et il habite dans un immense désert, en haut d'une tour en argent, et il est désespérément seul. Son père, sa mère et son frère l'ont abandonné. Son nom a été oublié de tous, personne ne le connait. Mais dans son cœur, lui seul est heureux car il contient la recette du bonheur.
— Quelle merveilleuse histoire Alisha ! Faites préparez les montures ! Que toutes celles qui veulent partir à la quête de ce prince descendent de leur fleur.
Des milliers de princesses accoururent.
— Ils ne m'en fallait pas tant ! Dix princesses, cela sera largement suffisant ! Si tout le monde part, je ne pourrai régner que sur une planète déserte ! Réfléchissez enfin, un peu de bon sens ! Quelles sont les dix princesses ? Levez le doigt et nommez-vous !
— Moi, votre majesté, je suis la princesse Nerjala, et je ramènerai ce prince dans notre monde.
— Moi, votre Altesse, je suis Verina, la princesse de la forêt, et Gédéon sera bientôt le premier prince Sirtalien, j'en fais le serment !
— Moi, ma reine, je suis Capella, la princesse des tresses, et je réponds à tous les S O S, surtout à ceux des princes !
— Moi, votre splendeur, je suis Altia, la princesse des soldes, je vous rapporterai ce prince dès qu'il passera en troisième démarque, à – 70%.
— Moi, votre magnificence, je suis Marmela, la princesse de quelque chose, je me charge de revenir avec Gédéon !
— Moi...
— Assez, j'en ai assez entendu, cinq princesses suffiront, assez perdu de temps, en route !
— Oui votre Altesse, à vos ordres ! S'écrièrent les cinq prétendantes au départ.
Les hippocampes aériens attendaient au pied de l'immense royaume de cristal. Nerjala prit son élan, s'élança à toute vitesse et enfourcha l'animal.
— J'attend le prochain arc-en-ciel en partance pour l'hypercosmos, dit Verina.
Sitôt l'arc-en-ciel apparu, Verina l'enjamba et fut emportée dans l'espace à une vitesse vertigineuse.
— Rien ne vaut ma bonne vieille soucoupe volante, plaisanta Cappela.
Altia, quant à elle, choisit de partir en multidragon. Marmela est partie avec quelque chose qui ne ressemble à rien.
— Votre majesté, regardez là-haut, c'est la soucoupe volante de Cappela !!!
Il était là ! Gédéon, le prince venu de la lointaine planète bleue, au bras de Capella, plus resplendissante que jamais avec sa longue et belle chevelure. Toutes les princesses, crièrent, hurlèrent, pleurèrent !
— Silence ou je fais décapiter l'assemblée ! S'écria la reine. Vous êtes le prince que nous attendions toutes, enfin la malédiction de Egwa a pris fin grâce à votre courage héroïque Capella ! Je ne vous ferai décapiter que la moitié de votre tête, ou plutôt non, vos cheveux, car vous devrez épouser votre prince. Présentez-vous, Gédéon, Ô prince du désert, habitant de la tour d'argent, héros de la légende des étoiles.
— Vo... votre majesté... je ne suis pas le prince du désert, mais le prince du dessert. Je suis le pâtissier du célèbre établissement « La tour d'argent » et je participais au concours qui réunissait tous les meilleurs chefs pâtissiers du monde, « La légende des étoiles. »
Le restaurant appartenait à mes parents, mais ils ont toujours préféré mon frère jumeau à moi ; alors, ils m'ont secrètement élevé et appris tous les secrets de la pâtisserie, car mon frère Armand, n'est pas doué, il ne sait rien faire. Je devais confectionner les plus beaux gâteaux, et lui, devait s'en attribuer le mérite lors des concours ! J'étais oublié derrière les fourneaux, oublié du grand public, des clients, oublié de tous, mais cela m'importait peu. Je savais que le prince des pâtissiers, c'était moi.
— Mais vous êtes prince quand même, n'est-ce pas ?
— Oui, mais prince des pâtissiers !
— Qu'à cela ne tienne, ici vous serez notre prince, vous épouserez une princesse, et vous nous ferez de beaux petits pâtissiers, et surtout de bons gros gâteaux !
— Merci votre Altesse, je vous ferai construire un palais tout en nougatine, avec plein de pièces montées, et personne ne connaîtra jamais plus la faim.
Ils se marièrent, vécurent heureux, et eurent beaucoup de petits pâtissiers ... et une belle tarte à la crème dans la tronche de la grand-mère synthétique !
Ainsi commença... la légende des étoiles.
qui a un rouleau à pâtisserie ! Merci Joëlle ! ;-)))