La guerre des cinq siècles

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Tout a un début et une fin comme l’espoir face à la crise sanitaire du coronavirus. Mais pour cette fois-ci espérer ne suffit pas, il faut y croire. Cela fait déjà 5 siècles que deux puissants royaumes sont en guerre, une guerre sans merci. Année après année, la connaissance scientifique, la sagesse et la stratégie des grands hommes ne sert plus qu’à cela : la guerre. De part et d’autres, raisons et arguments ne se faisaient pas manque pourtant bien avant cette guerre, l’on pouvait en faisant un petit constat facilement dire que les deux royaumes ne faisaient qu’un seul tellement l’entente y régnait.
Les différentes tentatives de résolution du conflit aussi diplomatiques fussent-elles se soldaient toujours par des échecs.
C’est dans ce contexte qu’un jour, débordé par la situation, saisi de compassion, déterminé à chercher la paix, le prince DJIVIA du royaume d’ADENGA se pencha sur les causes de cette maudite guerre.
Pour la première version de l’histoire, la plus cruelle de toutes les guerres jamais connue jusqu’ici s’est déclenchée le jour de la fête d’anniversaire de la princesse VITA du royaume de BANDA ; celle-ci s’étant levée pour aller accueillir les invités oublia de saluer révérencieusement le roi TUM du royaume d’ADENGA, ce qui le déplut. Le festin se faisait suite ; la princesse se leva à nouveau pour accueillir un étranger aussi invité ; seulement pour cette fois, elle fit un faux pas, ce qui la fit choir soudainement ; le roi TUM ne put s’empêcher de rire. Aussi ajoutât-il : a-t-elle bu ou quoi ? Cette fâcheuse question tomba au coup de marteau dans l’oreille de tout BANDA présent à ce festin car la boisson est non seulement strictement interdite et défendue dans le royaume de BANDA, elle est aussi à leurs vu comme un mal incarné. Dire d’un faux pas d’une princesse qu’elle est saoule est donc déplacé même de la bouche d’un roi. C’est comme accuser la princesse de blasphème aussi se pourrait-il que les deux expressions se valent. Le problème ne tarda à venir et progressivement les propos déplacés entre nobles des deux royaumes au sujet de cette expression du roi TUM se succédèrent, une suite d’accusation mutuelle s’y ajouta...La fête changea en un clin d’œil de masque ; d’abord des injures et ensuite les coups d’épée : ce fut un véritable bain de sang, un champ de bataille. Ainsi, la grande guerre vu le jour et depuis, personne ne pouvait l’arrêter.
Pour la seconde version cependant, tout cela est arrivé par ce que quelque part quelqu’un en a été auteur : le sorcier MATCHO. Un puissant sorcier, grand guerrier surentrainé et connu de tous comme un prince. Les hommes d’ici ne savent pas se battre, il est temps de les y en enseigner se disait-il. S’il arrivait un jour que nous soyons attaqués, comment défendront-ils le royaume ? Chaque jour passé ne faisait davantage que renforcer son point de vue. C’est pourquoi il se prépara aussi minutieusement puis jeta un jour le pire des sorts sur les deux familles royales faisant perpétrer la guerre héréditairement parlant. Pour s’assurer de la continuité de la guerre, il cacha la calebasse y ayant servi dans une sorte de grotte bien protégée par la garde de fauves sauvages et 4 êtres surnaturels à des lieux de kilomètres des deux royaumes. Briser la calebasse et c’en serait finit du sort. C’était un mythe inventé de toute pièce ajoutait comme expression de conclusion toute personne raconta cette seconde version de l’histoire.
Le prince, lui, se décida de tout de même d’essayer pourvu qu’il réussisse afin de parvenir à une paix durable. Il se fit à l’idée de débuter cette quête sans demander de l’aide craignant d’ailleurs la moquerie du grand nombre ou le courage de certains voulant le suivre dans cette ambiguïté. Le défi était grand.
Seulement personne ne partageait son avis, ni même son père le roi. Il fallait donc faire autrement.
Le prince DJIVIA se déguisa en un paysan, prit avec lui le nécessaire pour sa mission et s’en alla.
Parti pour sa quête, seul son amie BATHA savait ce qu’il mijotait, seulement elle partageait son avis alors la joie lui débordait même du fond de sa cellule de prison pour avoir été la complice du prince.
On peut dire que là précisément elle se souvient de l’expression : « afin de retrouver la paix, il faut être humain pour tout essayer ».
En route, la quête s’annonçait rude lorsqu’il eut à se battre contre des scélérats la nuit suivante mais aussi pourchasser par des assassins mercenaires envoyés par le roi HOUNEINA de BANDA. Fort et stratège de renom d’ailleurs, il se montra à la hauteur, vaincu successivement jusqu’aux 4 êtres surnaturels qui protégeaient la grotte abritant la calebasse, se confondit aux fauves par simulations et applications du « parfum de brousse », un parfum spécial qui fait disparaitre l’odeur humaine et mieux encore donne l’odeur d’animal sauvage de surcroit. Il rentra donc dans la grotte, avança et un peu plus loin, il trouva une sorte de grosse caisse hermétiquement fermée et verrouillée. Il fallait placer une plaque de 6 lettres pour la déverrouiller alors qu’à côté de la caisse se trouvait une centaine de lettres en bronze.
De l’autre côté, loin de cette grotte, le roi HOUNEINA apprit que le prince s’était tiré d’affaire et prépara une farouche offensive ; il se mit en route avec toute sa troupe pour la grande bataille jamais vu jusqu’à ce jour, se disait-il. Le roi FANU d’ADENGA non plus n’attendait les bras croisés chez lui ; il faisait marche vers son adversaire avec toute sa troupe également. L’atmosphère se faisait tendre, la haine à son comble dans un camp ou dans l’autre. La grande guerre n’est plus qu’à quelques kilomètres seulement : c’est une question de temps.
Enfin, rangés en ordre de bataille de part et d’autre dans une vaste plaine, il ne manquait plus que l’ordre du roi pour les uns comme pour les autres.
De son côté, lui, Djivia se concentra et pensa à ce qu’il cherchait, la clé de cette caisse du magicien ; il lui parut à cet instant normal d’essayer l’expression qui décrirait au mieux ce qu’enviait ce sorcier : la guerre. Et la caisse s’ouvrit illico.
Il prit la calebasse et la brisa sur une pierre.
A l’instant même, une grande compassion saisit les deux rois, le désir de paix trimballait à nouveau dans leur esprit. Tout le monde se tenait quoi ; prêt à tuer l’ennemi mais les rois, eux, pensaient profondément pour une fois à ces années de guerre, les membres devenant de moins en moins raide. Chacun des rois donna l’ordre de rentrer sans jamais craindre la honte pour cette fois.
Quelques jours plus tard un traité de paix fut signé entre eux, les deux royaumes.
Un festin fut organisé en cet honneur, des visages luisaient de joie. C’est d’ailleurs ce que le prince trouva à son retour, des visages luisant de joie.
Ce jour rappela au prince ce que répétait chaque jour son pauvre oncle PANDI : « c’est la cause du problème qu’il faut traiter, pas ses effets sinon il resurgirait ».