La basket amoureuse aux lacets enlacés,
A su séduire aussi le pied de ma maîtresse,
Et nous partons alors pour goûter à... [+]
Toute la matinée, le soleil a écrasé la montagne de ses rayons. Elle semblait figée, comme si le temps avait décidé de s’y arrêter. Puis, un premier cumulus a couvert le pic du Carlit, le mâle dominant des Pyrénées-Orientales. Il a donné le signal à d’autres nuages qui ont chapeauté les sommets environnants. Le ciel s’est assombri très vite et l’orage a commencé à gronder au loin. Il arrive maintenant à grands pas vers moi. Le refuge est proche, je devrais y être d’ici dix minutes. Mais vais-je l’atteindre avant de me faire doucher ? Alors j’enchaîne mes pas à marche forcée. Ne plus penser, sinon à contrôler sa respiration, et à bien faire attention où je pose mes chaussures. J’aime ces moments qui me transforment en un zombie n’ayant plus qu’une seule hâte : enlever son sac à dos, s’asseoir devant une bonne bière et regarder à l’abri l’orage passer son chemin.
Décidé à en finir au plus tôt, j’emprunte un raccourci que je ne connais pas. Un sentier à peine marqué, car peu de personnes l’ont utilisé. Soudain, une goutte. Une grosse goutte qui s’écrase en générant un petit nuage de poussière. Elle est suivie par d’autres, tout aussi énormes. L’air commence à vibrer. Le phénomène des abeilles, bien connu des montagnards. Il me faut m’abriter et vite. Un détail s’impose à mon attention. Une sorte de cavité qui se cache derrière de hautes herbes. Les prémices d’une grotte ou d’un gouffre me soufflent mon imagination toujours très créative. Je décide de m’avancer vers elle, afin de me protéger. Une ouverture béante se dessine devant moi. Il s’agit bien d’une grotte. Une grotte assez grande, car je ne discerne pas le fond. Ouf, sauvé ! me dis-je alors qu’à l’extérieur la pluie redouble d’intensité.
Après une courte réflexion, ma curiosité l’emporte sur la prudence. Je m’y enfonce lentement. Aussitôt, une fraîcheur bienvenue m’accueille, accompagnée d’effluves qui mélangent le minéral et le floral. Aucune odeur animale, à mon grand soulagement, la région étant fréquentée par des ours.
Au fond de la cavité, je distingue ce que je pense être un vitrail. Serais-je dans une chapelle réservée à une secte ? À la droite de la rosace, se trouve ce qui ressemble à un autel en pierre, et au-dessus à une croix. Plus de doute, c’est bien un lieu de culte. Décidé à en savoir plus, je m’avance dans la nef, perds l’équilibre et tombe dans une sorte de toboggan. Je glisse, dévale de plus en plus vite, alors que les battements de mon cœur s’affolent et que le derrière de mon pantalon commence à me brûler les fesses.
La descente ne s’arrête jamais. La sensation de choir en chute libre. Les rochers défilent. Le vent relatif colle ma coiffure. Je tombe. Je tombe dans un gouffre, ou plutôt dans une crypte où je vais finir en martyre. Mon heure est arrivée, et pas même un confessionnal à l’horizon. Un horizon sombre. Aussi sombre que ma conscience. Je vais mourir sans extrême-onction ! Pauvre pécheur que je suis. Et aucun témoin. Oublié à jamais. Personne ne me trouvera là.
Ma vitesse ralentit. La pente devient presque plane. Je ne sens plus le souffle de ma chute. Lentement, les orbes graciles d’un lac argenté se profilent devant moi. Sa surface reflète les rayons d’une lumière lointaine, évaporée, se dessinant au-dessus de lui. Comme les doigts de Dieu dans les tableaux florentins d’avant la Renaissance. Un Saint s’est penché sur mon cas. Un Saint dont je ne connais pas le nom, mais qui a jugé que mon heure n’était pas encore arrivée. À moins qu’une mission secrète me soit réservée là, sur la rive de cet étang où j’ai fini par m’asseoir.
Après le soulagement, nouvelle panique. Comment vais-je remonter ? Impossible de reprendre le même chemin, de retrouver la chapelle. Mais cette lumière, ces doigts de Dieu, d’où proviennent-ils ?
Je décide alors de faire le tour du lac. Je devrais bien apercevoir quelque chose : une autre ouverture, un boyau menant à l’extérieur et vers mon salut. Un sable noir accueille mes pas sans qu’ils s’enfoncent, la surface s’irise de reflets d’argent et une petite grenouille saute devant moi. Ce minuscule batracien me donne une lueur d’espoir. Il n’a pas pu arriver tout seul et par le même chemin que moi !
Regonflé dans ma foi, revigoré par ce signe de vie transmise par mon Saint protecteur, je gagne maintenant le fond de l’étang. Là, un miracle se produit : la lumière du jour ! Une ouverture ! Je me mets à prier, à remercier mon sauveur. Dire qu’il a fallu cette chute pour que je devienne soudain croyant !
Je me précipite vers le passage, lorsque je suis ébloui par la clarté. J'ai besoin de longues secondes pour récupérer une vue normale. Parvenu à l’extérieur, je me retrouve exactement à l’endroit où j’avais découvert la grotte ! Impossible ! Je n’ai pas pu faire ce trajet ! Je dois rêver.
Interloqué, abasourdi, je m’assieds sur un rocher. J’y remarque une trace noirâtre, et je comprends enfin ce qui m’est arrivé : j’ai été foudroyé et ai perdu connaissance pendant tout ce petit voyage. Un voyage onirique, sous le coup de la fulguration. Alors, je décide de me rendre à la première chapelle pour y faire un don, et découvrir quel est ce Saint qui m’a protégé d’une mort programmée !
Décidé à en finir au plus tôt, j’emprunte un raccourci que je ne connais pas. Un sentier à peine marqué, car peu de personnes l’ont utilisé. Soudain, une goutte. Une grosse goutte qui s’écrase en générant un petit nuage de poussière. Elle est suivie par d’autres, tout aussi énormes. L’air commence à vibrer. Le phénomène des abeilles, bien connu des montagnards. Il me faut m’abriter et vite. Un détail s’impose à mon attention. Une sorte de cavité qui se cache derrière de hautes herbes. Les prémices d’une grotte ou d’un gouffre me soufflent mon imagination toujours très créative. Je décide de m’avancer vers elle, afin de me protéger. Une ouverture béante se dessine devant moi. Il s’agit bien d’une grotte. Une grotte assez grande, car je ne discerne pas le fond. Ouf, sauvé ! me dis-je alors qu’à l’extérieur la pluie redouble d’intensité.
Après une courte réflexion, ma curiosité l’emporte sur la prudence. Je m’y enfonce lentement. Aussitôt, une fraîcheur bienvenue m’accueille, accompagnée d’effluves qui mélangent le minéral et le floral. Aucune odeur animale, à mon grand soulagement, la région étant fréquentée par des ours.
Au fond de la cavité, je distingue ce que je pense être un vitrail. Serais-je dans une chapelle réservée à une secte ? À la droite de la rosace, se trouve ce qui ressemble à un autel en pierre, et au-dessus à une croix. Plus de doute, c’est bien un lieu de culte. Décidé à en savoir plus, je m’avance dans la nef, perds l’équilibre et tombe dans une sorte de toboggan. Je glisse, dévale de plus en plus vite, alors que les battements de mon cœur s’affolent et que le derrière de mon pantalon commence à me brûler les fesses.
La descente ne s’arrête jamais. La sensation de choir en chute libre. Les rochers défilent. Le vent relatif colle ma coiffure. Je tombe. Je tombe dans un gouffre, ou plutôt dans une crypte où je vais finir en martyre. Mon heure est arrivée, et pas même un confessionnal à l’horizon. Un horizon sombre. Aussi sombre que ma conscience. Je vais mourir sans extrême-onction ! Pauvre pécheur que je suis. Et aucun témoin. Oublié à jamais. Personne ne me trouvera là.
Ma vitesse ralentit. La pente devient presque plane. Je ne sens plus le souffle de ma chute. Lentement, les orbes graciles d’un lac argenté se profilent devant moi. Sa surface reflète les rayons d’une lumière lointaine, évaporée, se dessinant au-dessus de lui. Comme les doigts de Dieu dans les tableaux florentins d’avant la Renaissance. Un Saint s’est penché sur mon cas. Un Saint dont je ne connais pas le nom, mais qui a jugé que mon heure n’était pas encore arrivée. À moins qu’une mission secrète me soit réservée là, sur la rive de cet étang où j’ai fini par m’asseoir.
Après le soulagement, nouvelle panique. Comment vais-je remonter ? Impossible de reprendre le même chemin, de retrouver la chapelle. Mais cette lumière, ces doigts de Dieu, d’où proviennent-ils ?
Je décide alors de faire le tour du lac. Je devrais bien apercevoir quelque chose : une autre ouverture, un boyau menant à l’extérieur et vers mon salut. Un sable noir accueille mes pas sans qu’ils s’enfoncent, la surface s’irise de reflets d’argent et une petite grenouille saute devant moi. Ce minuscule batracien me donne une lueur d’espoir. Il n’a pas pu arriver tout seul et par le même chemin que moi !
Regonflé dans ma foi, revigoré par ce signe de vie transmise par mon Saint protecteur, je gagne maintenant le fond de l’étang. Là, un miracle se produit : la lumière du jour ! Une ouverture ! Je me mets à prier, à remercier mon sauveur. Dire qu’il a fallu cette chute pour que je devienne soudain croyant !
Je me précipite vers le passage, lorsque je suis ébloui par la clarté. J'ai besoin de longues secondes pour récupérer une vue normale. Parvenu à l’extérieur, je me retrouve exactement à l’endroit où j’avais découvert la grotte ! Impossible ! Je n’ai pas pu faire ce trajet ! Je dois rêver.
Interloqué, abasourdi, je m’assieds sur un rocher. J’y remarque une trace noirâtre, et je comprends enfin ce qui m’est arrivé : j’ai été foudroyé et ai perdu connaissance pendant tout ce petit voyage. Un voyage onirique, sous le coup de la fulguration. Alors, je décide de me rendre à la première chapelle pour y faire un don, et découvrir quel est ce Saint qui m’a protégé d’une mort programmée !