- Excusez moi, c'est bien ici pour les retours-arrières ?
- Oui, Madame. Voici le formulaire. Merci d'indiquer la date-cible de retour-arrière. N'oubliez pas de... [+]
Moi, c'est Bobby, le robot qui brosse fort le lavabo de Robert, mon proprio. Ben oui, en robot, on dit proprio pour désigner celui qui nous possède jusqu'au dernier bout de boulon. S'il veut, il peut même sur un coup de tête dévisser la mienne que ça ne poserait de problème à personne. Et s'il me vient la moindre étincelle de surtension à vouloir bouger différemment que la commande, il y a Toto, le programme d'auto-reset, qui est là pour rappeler mes circuits à l'ordre.
Parce que, Toto, ce n'est pas un prog cool, en fait. J'ai déjà essayé de discuter avec lui, d'échanger de la donnée, de lui payer un p'tit jus, de lui ouvrir deux trois ports, rien n'y fait, il a le circuit vraiment étriqué.
Heureusement, il y a Betty, ma batterie chérie. Elle me fait un effet dingue, à me chauffer dès qu'une connexion s'active entre nous. Elle est ma princesse électrique et moi son Roméo poétique : « de toutes les matières, c'est le watt que je préfère, car elle sait y faire quand il s'agit d'ampère ! »
Enfin bref, ce n'est pas tout ça, mais il faut frotter. Ce n'est pas possible la crasse qui peut s'accumuler sur un lavabo, d'autant qu'avec mes yeux multi-bandes balayant largement toutes les longueurs d'onde, je me retrouve esclave de mon propre perfectionnisme... Je me demande s'il y a des psys pour robot...
Ben ouais, je n'vous ai pas dit, Robert, mon proprio, il est psy, mais pour les humains. Pendant les séances, il me garde près de lui pour enregistrer, et du coup, me voici remplie de tous les trucs les plus tordus de l'espèce humaine. Des schizo, des psycho, des barjo, des névro, des narco,... quel bordel ! Pas étonnant que je déprime.
La déprime, il paraît que c'est quand on ne peut pas supprimer de sa base de données les trucs louches et douloureux qui parasitent les circuits. Bon, je n'sais pas trop ce que c'est que la douleur, mais pour qui est du louche, je suis servi. La déprime,il paraît que c'est aussi quand on a le Surmoi (Toto mon bourreau préféré quoi) qui bloque tellement le Moi (ça c'est bibi Bobby) au point qu'il ne peut même plus flirter avec le Ca (ma Betty chérie). Ou alors quand on est tellement sous tension (je n'vous parle pas des nuits blanches quand Robert oublie d'm'éteindre) que les résistances ne parviennent plus à réguler le courant (les humains, ils appellent ça les « émotions »).
Enfin bref... Ah ! Oh yeah, le lavabo est tout beau ! Fin du programme, liste des tâches restantes : vide.
Aaaah. Comme c'est bon quand la commande s' débranche. Il y a comme un reflux électronique qui fait respirer ma mécanique. C'est le meilleur moment de la journée...
Je sens les couples moteurs s'annuler à chacune de mes articulations. Je sens le taux d'utilisation du processeur diminuer jusqu'à son seuil de veille. Je sens mes yeux revenir à leur longueur d'onde de repos. Et surtout, surtout, je sens ma Betty chérie, ma lumière, mon soleil... Enfin seuls !
Parce que, Toto, ce n'est pas un prog cool, en fait. J'ai déjà essayé de discuter avec lui, d'échanger de la donnée, de lui payer un p'tit jus, de lui ouvrir deux trois ports, rien n'y fait, il a le circuit vraiment étriqué.
Heureusement, il y a Betty, ma batterie chérie. Elle me fait un effet dingue, à me chauffer dès qu'une connexion s'active entre nous. Elle est ma princesse électrique et moi son Roméo poétique : « de toutes les matières, c'est le watt que je préfère, car elle sait y faire quand il s'agit d'ampère ! »
Enfin bref, ce n'est pas tout ça, mais il faut frotter. Ce n'est pas possible la crasse qui peut s'accumuler sur un lavabo, d'autant qu'avec mes yeux multi-bandes balayant largement toutes les longueurs d'onde, je me retrouve esclave de mon propre perfectionnisme... Je me demande s'il y a des psys pour robot...
Ben ouais, je n'vous ai pas dit, Robert, mon proprio, il est psy, mais pour les humains. Pendant les séances, il me garde près de lui pour enregistrer, et du coup, me voici remplie de tous les trucs les plus tordus de l'espèce humaine. Des schizo, des psycho, des barjo, des névro, des narco,... quel bordel ! Pas étonnant que je déprime.
La déprime, il paraît que c'est quand on ne peut pas supprimer de sa base de données les trucs louches et douloureux qui parasitent les circuits. Bon, je n'sais pas trop ce que c'est que la douleur, mais pour qui est du louche, je suis servi. La déprime,il paraît que c'est aussi quand on a le Surmoi (Toto mon bourreau préféré quoi) qui bloque tellement le Moi (ça c'est bibi Bobby) au point qu'il ne peut même plus flirter avec le Ca (ma Betty chérie). Ou alors quand on est tellement sous tension (je n'vous parle pas des nuits blanches quand Robert oublie d'm'éteindre) que les résistances ne parviennent plus à réguler le courant (les humains, ils appellent ça les « émotions »).
Enfin bref... Ah ! Oh yeah, le lavabo est tout beau ! Fin du programme, liste des tâches restantes : vide.
Aaaah. Comme c'est bon quand la commande s' débranche. Il y a comme un reflux électronique qui fait respirer ma mécanique. C'est le meilleur moment de la journée...
Je sens les couples moteurs s'annuler à chacune de mes articulations. Je sens le taux d'utilisation du processeur diminuer jusqu'à son seuil de veille. Je sens mes yeux revenir à leur longueur d'onde de repos. Et surtout, surtout, je sens ma Betty chérie, ma lumière, mon soleil... Enfin seuls !