Comme chaque dimanche, mon réveil sonna à huit heures. Après une douche rapide, je gagnai le rez-de-chaussée. Je levai les persiennes avant de retrouver Mikado dans la cuisine. Je lui préparai... [+]
L’odeur de réglisse
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« La vie est dégueulasse ! »
J’ai crié ça à la figure du trottoir parce que c’est vrai et qu’il faut bien que quelqu’un le sache. La vie, elle te déglingue, te fout la tête en vrac. Mais le trottoir s’en fiche comme je m’en fiche de lui. Match nul.
Et pourtant... Le blanc, le gris, la joie, les cris, les voix et les silences, les fleurs et les odeurs d’essence, de bitume fondu, le chant des oiseaux et les frigos éventrés... Toutes ces choses qu’on ne nous dit pas. Non, on ne nous dit rien !
Assis sur mon carton, le froid me pèle les yeux de sa râpe fine. Plus rien ne me tient chaud. Vos regards sont plus glacials que le vent. Le vent, lui, ne m’ignore pas. Il se jette sur moi, goulûment, me gratte la crasse. Mais vous... Vos yeux me fuient, apeurés, embarrassés ou apitoyés.
C’est ma faute à moi si l’existence m’a foutu dehors à coup de pied au cul ? Elle m’a laissé dans un coin complètement tondu. J’ai beau laisser pousser la barbe et les cheveux, rien ne la rhabille la vie. Je suis nu, écorché, le cœur boiteux, les rêves à la dérive dans ce marasme gris et poussiéreux.
J’ai l’âme encombrée de vieux débris. Tous ces restes de lumière agglutinés dans mes entrailles. J’aimerais les gerber ces relents de rires périmés, qu’ils pourrissent avant de disparaître, enfin.
Pourquoi tu t’es approchée, toi, tes yeux de crocus et ton sourire de bonbonnière ? Tu as le parfum de la réglisse, tu sais ? Ça m’a retourné le ventre et chamboulé le cœur. Ça m'a ramené si loin cette odeur mais j'ai rien dit... Toi, tu me souriais du haut de ton jeune âge. Tu m’as tendu ton paquet de biscuits au chocolat et tu m’as dit « t’en veux ? ». J’ai fait non de la tête, trop noyé dans ta senteur. Quelle claque tu m’as mise petite ! De vieilles images flétries m’ont cisaillé le cœur. « Maman, elle m’a dit que t’étais mon papy. C’est vrai ? » que tu m'as demandé. D’un geste, j’ai approuvé, aussi surpris qu’un enfant venant au monde. Tu m’as tendu la main en ajoutant « tu viens, maman nous attend. On rentre à la maison ? » J’ai rien su te répondre. J’ai juste glissé ta petite main dans la mienne.
La vie n’est peut-être pas si dégueulasse...
J’ai crié ça à la figure du trottoir parce que c’est vrai et qu’il faut bien que quelqu’un le sache. La vie, elle te déglingue, te fout la tête en vrac. Mais le trottoir s’en fiche comme je m’en fiche de lui. Match nul.
Et pourtant... Le blanc, le gris, la joie, les cris, les voix et les silences, les fleurs et les odeurs d’essence, de bitume fondu, le chant des oiseaux et les frigos éventrés... Toutes ces choses qu’on ne nous dit pas. Non, on ne nous dit rien !
Assis sur mon carton, le froid me pèle les yeux de sa râpe fine. Plus rien ne me tient chaud. Vos regards sont plus glacials que le vent. Le vent, lui, ne m’ignore pas. Il se jette sur moi, goulûment, me gratte la crasse. Mais vous... Vos yeux me fuient, apeurés, embarrassés ou apitoyés.
C’est ma faute à moi si l’existence m’a foutu dehors à coup de pied au cul ? Elle m’a laissé dans un coin complètement tondu. J’ai beau laisser pousser la barbe et les cheveux, rien ne la rhabille la vie. Je suis nu, écorché, le cœur boiteux, les rêves à la dérive dans ce marasme gris et poussiéreux.
J’ai l’âme encombrée de vieux débris. Tous ces restes de lumière agglutinés dans mes entrailles. J’aimerais les gerber ces relents de rires périmés, qu’ils pourrissent avant de disparaître, enfin.
Pourquoi tu t’es approchée, toi, tes yeux de crocus et ton sourire de bonbonnière ? Tu as le parfum de la réglisse, tu sais ? Ça m’a retourné le ventre et chamboulé le cœur. Ça m'a ramené si loin cette odeur mais j'ai rien dit... Toi, tu me souriais du haut de ton jeune âge. Tu m’as tendu ton paquet de biscuits au chocolat et tu m’as dit « t’en veux ? ». J’ai fait non de la tête, trop noyé dans ta senteur. Quelle claque tu m’as mise petite ! De vieilles images flétries m’ont cisaillé le cœur. « Maman, elle m’a dit que t’étais mon papy. C’est vrai ? » que tu m'as demandé. D’un geste, j’ai approuvé, aussi surpris qu’un enfant venant au monde. Tu m’as tendu la main en ajoutant « tu viens, maman nous attend. On rentre à la maison ? » J’ai rien su te répondre. J’ai juste glissé ta petite main dans la mienne.
La vie n’est peut-être pas si dégueulasse...
Merci à vous, Retraite :o)
A bientôt pour de prochaines lectures :o)
à bientôt^^