Ce matin, Camille a téléchargé l’appli qui devrait changer ma vie. Oui ! Je m’emmerde toute la journée, alors il a dû se dire que son vieux Papy aurait bien besoin de reprendre goût à... [+]
Depuis que Stéphane avait vu débarquer dans son quartier voilà quelques semaines ce nouveau voisin, il n’avait qu’en de très rares occasions eu la possibilité de lui adresser la parole et lorsque cela s’était produit, il n’avait pas pu en placer une ! Le bonhomme était bavard, dès l’instant où la conversation était engagée. En dehors de cela il était difficile de l’aborder et de plus ce n’était pas vraiment le genre de Stéphane de converser avec des nouveaux venus. Était-ce la grandeur du bonhomme qui l’impressionnait et qui inclinait à cette distanciation ? Il n’aurait pas su le dire. De toute façon, le bonhomme ne s’épanchait pas avec grand monde et Stéphane était semble-t-il son seul interlocuteur dans le quartier. Il devait bien avoir soixante-dix ans, à en croire son visage à la peau burinée comme un marin de haute mer, assombri d’épais sourcils surmontant des yeux dont il n’avait jamais vu la couleur, car il portait par tous les temps des lunettes fumées. Il avait une démarche hésitante et s’aidait d’une canne, son dos était très voûté et malgré cela, il dépassait Stéphane d’une bonne tête, lui-même n’étant pas de petite taille, lui laissa penser...qu’en serait-il tout déplié !
Stéphane, au cours des quelques conversations qu’il avait pu avoir avec lui, avait appris que son prénom était Élie, mais son nom lui resta par contre parfaitement inconnu.
Élie s’était, lors d’une de ses conversations, prétendu explorateur. À première vue, son teint buriné pouvait accréditer cette thèse pour peu qu’on imagine un explorateur dans la brousse où dans une contrée écartée de toute civilisation, mais Stéphane savait bien qu’aujourd’hui à part l’espace interstellaire, aucune partie du monde terrestre ou presque n’était de nos jours restée inexplorée. Il persistait peut-être encore quelques petites peuplades écartées des grandes routes et laissées pour compte du monde, mais pas forcément inconnues du continent sur lequel ils vivaient. Quand Élie lui avait raconté ses pérégrinations au pôle Sud, en Terre Adélie, Stéphane n’avait pas vraiment cru son boniment. Il n’avait jamais entendu parler de ce lieu. Par politesse, il avait écouté son propos, mais il faut bien le dire d’une oreille distraite, ainsi Élie lui avait dit les efforts qu’il fallait consentir pour demeurer dans ces contrées longtemps, les températures de moins cinquante degrés, les vents glacials, la promiscuité avec des collègues dans des logements exigus et toutes les conséquences sur la santé que ces contraintes pouvaient engendrer. Malgré cela, Stéphane avait ironisé sur le fait que venir échouer, ici, dans ce village entouré de forêts séculaires, déclinant une multitude de nuances de vert, alors qu’il avait fréquenté la blancheur marmoréenne de la banquise n’était pas croyable !
Élie devant l’incompréhension que cela avait suscitée chez son interlocuteur, était rentré chez lui en levant les bras au ciel écœuré de tant d’ignorance, mais néanmoins, il espérait bien finir par le convaincre un jour de ses dires.
Après cette dernière entrevue, Stéphane s’était senti quand même un peu largué. Il ne voulait pas se l’avouer, mais il ne connaissait absolument pas cette partie du globe terrestre, ainsi, dès qu’il fut rentré chez lui, il s’était littéralement jeté sur le seul dictionnaire dont sa bibliothèque était pourvue, mais rien dans les renseignements fournis n’était suffisamment étoffé pour le renseigner sur le sujet. Il lui aurait fallu un atlas pour y voir la région concernée. La prochaine fois qu’il converserait avec Élie, il serait toujours aussi ignare et ça le lamentait un peu quand même, lui aurait-il dit la vérité qu’il n’aurait pu discuter avec lui et apprécier son histoire.
Le lendemain, il était allé voir un de ses amis et lui avait parlé de sa conversation avec l’homme explorateur du pôle Sud. L’ami qui n’avait pas vraiment pu le renseigner convenablement avait par contre de quoi contenter sa curiosité. Il lui prêta un atlas. Celui-ci était un peu vieillot, mais pour ce qui l’intéressait, il lui sembla que ce ne devait pas avoir grande importance et il était revenu chez lui avide de le feuilleter et de voir si l’homme ne lui avait pas raconté des balivernes.
Fort de ses nouvelles connaissances, le lendemain, il chercha à rencontrer Élie pour en savoir plus, mais il ne le vit pas. Il rageait intérieurement de ne pouvoir le rencontrer ! Deux autres jours s’écoulèrent sans plus l’apercevoir, jusqu’au jour où, alors qu’il rentrait de son travail, il fut surpris de voir les pompiers et les policiers arpenter la rue en tous sens, gyrophares et sirène hurlante à l’appui. Il comprit à ce moment qu’un accident grave s’était produit... À quelques pas de lui, là devant, les brancardiers levaient un grand corps ensanglanté pour le mettre sur un brancard et le glisser dans l’ambulance. Il sut à ce moment-là qu’il ne reverrait plus Élie. Après avoir entendu les discussions autour de l’accident, Stéphane appris la quasi-cécité d’Élie. C'était elle qui avait causé l'accident. Il n'avait pas entendu ni vu une voiture arriver. Stéphane était effondré par cette disparition, autant que celui qui, indirectement l'avait causé.
Le jour de son enterrement, la dernière pensée qui lui vint à l’esprit, fut qu’il était sans doute passé à côté de quelque chose.
Stéphane, au cours des quelques conversations qu’il avait pu avoir avec lui, avait appris que son prénom était Élie, mais son nom lui resta par contre parfaitement inconnu.
Élie s’était, lors d’une de ses conversations, prétendu explorateur. À première vue, son teint buriné pouvait accréditer cette thèse pour peu qu’on imagine un explorateur dans la brousse où dans une contrée écartée de toute civilisation, mais Stéphane savait bien qu’aujourd’hui à part l’espace interstellaire, aucune partie du monde terrestre ou presque n’était de nos jours restée inexplorée. Il persistait peut-être encore quelques petites peuplades écartées des grandes routes et laissées pour compte du monde, mais pas forcément inconnues du continent sur lequel ils vivaient. Quand Élie lui avait raconté ses pérégrinations au pôle Sud, en Terre Adélie, Stéphane n’avait pas vraiment cru son boniment. Il n’avait jamais entendu parler de ce lieu. Par politesse, il avait écouté son propos, mais il faut bien le dire d’une oreille distraite, ainsi Élie lui avait dit les efforts qu’il fallait consentir pour demeurer dans ces contrées longtemps, les températures de moins cinquante degrés, les vents glacials, la promiscuité avec des collègues dans des logements exigus et toutes les conséquences sur la santé que ces contraintes pouvaient engendrer. Malgré cela, Stéphane avait ironisé sur le fait que venir échouer, ici, dans ce village entouré de forêts séculaires, déclinant une multitude de nuances de vert, alors qu’il avait fréquenté la blancheur marmoréenne de la banquise n’était pas croyable !
Élie devant l’incompréhension que cela avait suscitée chez son interlocuteur, était rentré chez lui en levant les bras au ciel écœuré de tant d’ignorance, mais néanmoins, il espérait bien finir par le convaincre un jour de ses dires.
Après cette dernière entrevue, Stéphane s’était senti quand même un peu largué. Il ne voulait pas se l’avouer, mais il ne connaissait absolument pas cette partie du globe terrestre, ainsi, dès qu’il fut rentré chez lui, il s’était littéralement jeté sur le seul dictionnaire dont sa bibliothèque était pourvue, mais rien dans les renseignements fournis n’était suffisamment étoffé pour le renseigner sur le sujet. Il lui aurait fallu un atlas pour y voir la région concernée. La prochaine fois qu’il converserait avec Élie, il serait toujours aussi ignare et ça le lamentait un peu quand même, lui aurait-il dit la vérité qu’il n’aurait pu discuter avec lui et apprécier son histoire.
Le lendemain, il était allé voir un de ses amis et lui avait parlé de sa conversation avec l’homme explorateur du pôle Sud. L’ami qui n’avait pas vraiment pu le renseigner convenablement avait par contre de quoi contenter sa curiosité. Il lui prêta un atlas. Celui-ci était un peu vieillot, mais pour ce qui l’intéressait, il lui sembla que ce ne devait pas avoir grande importance et il était revenu chez lui avide de le feuilleter et de voir si l’homme ne lui avait pas raconté des balivernes.
Fort de ses nouvelles connaissances, le lendemain, il chercha à rencontrer Élie pour en savoir plus, mais il ne le vit pas. Il rageait intérieurement de ne pouvoir le rencontrer ! Deux autres jours s’écoulèrent sans plus l’apercevoir, jusqu’au jour où, alors qu’il rentrait de son travail, il fut surpris de voir les pompiers et les policiers arpenter la rue en tous sens, gyrophares et sirène hurlante à l’appui. Il comprit à ce moment qu’un accident grave s’était produit... À quelques pas de lui, là devant, les brancardiers levaient un grand corps ensanglanté pour le mettre sur un brancard et le glisser dans l’ambulance. Il sut à ce moment-là qu’il ne reverrait plus Élie. Après avoir entendu les discussions autour de l’accident, Stéphane appris la quasi-cécité d’Élie. C'était elle qui avait causé l'accident. Il n'avait pas entendu ni vu une voiture arriver. Stéphane était effondré par cette disparition, autant que celui qui, indirectement l'avait causé.
Le jour de son enterrement, la dernière pensée qui lui vint à l’esprit, fut qu’il était sans doute passé à côté de quelque chose.
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Si ça vous chante mon TTC: " Le royaume des morts"
Je vous invite à une autre exploration, si le coeur vous en dit !
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