L’accident ou le cadeau de la vie

S’évader : 1. S’échapper d’un lieu où l’on était retenu, enfermé. 2. FIG. Echapper volontairement à (une réalité). Enseignant à plein temps à des mômes aux vies souvent plus ... [+]

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Lorsqu’elle se réveille, elle ignore ce qu’elle fait là. Elle ne se doute pas encore que sa vie vient de basculer et qu’elle sera différente de ce qu’elle a projeté, hier encore. Bien que dehors, le printemps radoucisse les températures, l’atmosphère glaciale de la pièce dans laquelle elle se trouve, la saisit. La frêle jeune fille ressent une vive douleur dans ses membres inférieurs et ne peut retenir un cri qui déchire le silence de sa chambre d’hôpital. Elle n’a aucun souvenir de l’accident. Son rêve de devenir sapeur-pompier professionnelle se brise en même temps que cette voiture qui l’a balayée violemment tel un grain de poussière minuscule. Son scooter n’a pas fait le poids. Mais, elle est vivante. L’amour de la vie l’a sauvée et elle ne veut pas le gâcher.

A 16 ans à peine, Marie-Amélie doit renoncer à ses ambitions et apprendre à vivre sans cette jambe que les médecins ne peuvent sauver. Mais, son amputation ne signifie pas pour elle, rester immobile, au point mort. Sa vie nouvelle sera différente mais elle ne sera pas moins belle pour autant. Elle se le promet dans un grand éclat de rire, entourée des siens. Sa fragilité apparente est un doux leurre. L’adolescente a cette volonté et ce courage que seules les battantes possèdent. Au fond d’elle, la jeune fille est une guerrière redoutable, dotée d’une force indestructible et d’une rage invincible. Elle est convaincue que ce n’est pas le handicap qui lui gâchera la vie mais la façon dont elle le vivra. Alors, elle ne veut pas se lamenter sur son sort, regarder en arrière et vivre dans un passé qu’elle pleurera. Elle regardera demain, droit dans les yeux.

Le sport qu’elle pratiquait déjà avant son accident, lui apparaît comme le moyen d’aller au-delà. Elle ne s’impose aucune limite. Son besoin de courir et de se dépasser ne l’a pas quittée. Bien au contraire. Marie-Amélie aime courir et gagner. Elle pratique l’athlétisme depuis son plus jeune âge aux côtés de sa sœur. Chaque compétition est une victoire. Son amputation lui ouvre des horizons insoupçonnés qui lui permettent de se fixer de nouveaux objectifs. Elle rechausse sa paire de running, quatre mois, jour pour jour, après son accident. Elle veut continuer à faire vivre ses rêves de jeune fille.

L’athlète s’engage dans un parcours de sportive de haut-niveau, fait de sacrifices et d’entraînements, jusqu’à remporter huit médailles paralympiques dans les différentes disciplines auxquelles elle prend part (100 m, 200 m, saut en longueur) ainsi que douze médailles mondiales dont quatre titres de championne.

12 février 2021 - Marie-Amélie Le Fur frappe fort. Une nouvelle fois. Elle vient de pulvériser son propre record du monde du saut en longueur, sa discipline de prédilection, avec une marque de 6,14 m.

Vivre une telle épreuve à l’adolescence était un cadeau que la vie lui a offert, affirme-t-elle.

Bravo Marie-Amélie pour votre parcours, votre force et votre détermination sans failles.

Vous portez haut les couleurs du Loir-et-Cher et de la France aux quatre coins du globe. Vous hissez haut les valeurs du sport et de la vie. A travers votre histoire personnelle et vos réussites sportives, vous sensibilisez les jeunes générations au handicap et à la différence. Vous promouvez, de bien belle manière, le handisport.

Respect madame Le Fur.