J'aurais dû la connaître avant de juger

Leno le senghorien, sociologue de formation et écrivain par passion. Je crois fermement qu'avec l'engagement tout est possible. Ma plume ne cessera jamais de saigner pour dénoncer les tares et ... [+]

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Mais j'aurais dû prendre le temps de la connaître avant de la juger. puisse le seigneur et son second me pardonner d'avoir préjugé une âme aussi innocente.
Le monde est fait et défait par des actes posés par des individus qui impactent ou dérobent la vie de leurs semblables . Comme le disait Jean Jacques ROUSSEAU "l'homme naît bon et innocent, mais c'est la société qui le rend méchant", certaines personnes ont été contraintes de modifier leur éducation ou trahir leurs valeurs pour s'adapter à la cruauté du monde.
Certains parents sans cœur deversent sans vergogne la rage qu'ils avaient pour les personnes décédées sur un pauvre enfant devenu orphelin.
Pourtant être orphelin, c'est déjà traumatisant en soi. Il serait alors préjudiciable de faire vivre d'autres calamités à un enfant qui a déjà perdu ses êtres les plus chers en ce bas monde. Mais la société est tellement souillée de mauvaises âmes que l'on a parfois honte d'être né Homme.
Dans plusieurs zones, dans plusieurs familles, de pauvres enfants ayant prématurément perdu leurs géniteurs se voient obligés de faire une corvée déshumanisante et de vivre des expériences humiliantes.
Face à cette situation, d'autres gardent patience en faisant foi en la justice de l'équitable temps. Par contre, d'autres s'opposent et se radicalisent. Ils se construisent une vie imaginaire sans lois ni principes. Une vie qu'ils n'auraient jamais imaginé. Du vol au banditisme en passant par la prostitution et tant d'autres chemins risqués, les jeunes dépourvus d'amour parental choisissent selon leur goût.
Ici je vous raconte l'histoire d'une fille que j'ai rencontrée en 2019. Puisqu'elle a tenu de rester anonyme je lui ai choisi le nom de MARIAME. Que toute ressemblance dans l'histoire soit prise sous l'angle de la coïncidence.
Je l'avais aimée et elle m'aimait aussi. Pour notre amour permettez de lui dire encore JE T'AIME FORT MARIAME ET JE REGRETTE DE T'AVOIR JUGÉE TROP VITE.
En effet après une incompréhension, je m'étais résolu d'écouter la fille pour savoir pourquoi elle se comportait ainsi. Et puisqu'elle m'aimait, elle me dit tout. Nous y voilà donc ensemble !!
Mariame est une belle et souriante jeune fille. Elle est capable de faire craquer tout corps dans lequel bat un cœur. Je l'avais rencontrée à ma deuxième année à l'Université. Mariame était une élève en 12e année sciences mathématiques. Un après-midi, alors qu'elle sortait de l'école, je la hélai et comme nos âmes étaient sœurs, elle prit la peine de me regarder et de m'offrir un petit temps. Et comme tout oracle, même mauvais pourrait le prédire, je lui demandai son numéro qu'elle m'offrit. Vous attendez que je vous dise ce qui s'était passé non ? Eh ben ! Patience !
Parlons d'abord un peu de Mariame. Comme je le disais tantôt, cette belle fille était orpheline. Très tôt, elle avait perdu son père et grandit sous l'interminable affection de sa mère qui était fonctionnaire. Elle vivait heureuse avant que la mort ne vînt lui retirer ce dernier refuge. À la mort de sa mère, Mariame était encore pucelle et chaste mais pas jusqu'au jour que je l'avais croisée. Mais cette vérité je l'avais connue après, bien après. Seigneur pardonne ton serviteur !!
À l'instar de tout dragueur, le soir je pris mon téléphone et composai le numéro que Mariame m'avait laissé. Mon cœur battait vite et mon estomac s'était serré, je ressentais une douleur au bas ventre et je transpirais par la crainte d'être rejeté par cette belle créature que Dieu a sûrement beaucoup pris le temps de confectionner dans le ventre de sa mère.
Dieu merci ! Nos âmes se ressemblaient et voilà qu'elle avait accepté mon invitation à dîner. Mais le jour du dîner, à ma grande surprise elle me proposa de venir chez moi pour éviter d'être vue, disait-elle. Sans vous dire de mensonge, il s'était tout passé. Désolé les religieux !! Mais ce n'est pas cela qui rend l'histoire exceptionnelle...
L'erreur consommée, je la raccompagnai et je retournai très content mais surtout méditant sur ces mots que Mariame m'avait laissés avant de partir " CHÉRI JE T'AIME COMME TU ES, PARDON AIME MOI COMME JE SUIS, NE FAIS PAS COMME LES AUTRES CAR JE SAIS QUE TU N'ES PAS COMME LES AUTRES. IL SE PEUT QUE TU DÉCOUVRES QUE JE NE SOIS PAS CE QUE TU PENSES. NÉANMOINS AIME-MOI AINSI, CAR MOI-MÊME JE N'AIME PAS CE QUE JE SUIS." En réalité ces mots avaient dissipé ma joie. Ils m'avaient laissé très pensif. Que voudrait dire cette fille ? Qui est-elle ? Que lui ont fait les autres ? Telles étaient des questions que je me posais. Je n'avais personne pour m'aider à répondre à ces questions, le temps excepté !
J'avais essayé par tous les moyens pour qu'elle m'expliquât ses mots, en vain ! Mariame restait toujours mystérieuse et me disait de faire confiance au temps. Car disait-elle "le temps fait tomber tout masque". Face à son inflexibilité, je capitulai. Tout allait alors bien jusqu'à ce jour. D'abord laissez-moi vous préciser que Mariame ne m'avait jamais demandé un centime. Elle payait son transport elle-même et venait toujours avec quelque chose à manger chez moi. Elle n'acceptait jamais que je lui rendît visite. Je connaissais ni ses parents, ni son domicile. On s'aimait ainsi et je ne cherchais pas d'explications.
Malheureusement un jour, le temps fit tomber le masque que Mariame utilisait pour me cacher sa vraie vie.
Ce jour je pars en boîte avec un ami dans un motel de la capitale, située dans la commune de matoto (une des cinq communes de la capitale), c'était une sortie entre amis donc pas de petites amies, chacun était seul. On faisait souvent des sorties comme celle-ci. Pourtant elles finissaient par nous conduire à penser aux prostituées, sachant qu'on avait laissé nos copines à dessein. Mais comme l'homme cherche toujours à changer de sauce, donc on avait raison, nous étions dans la logique masculine !
Puisqu'on partait vers les filles, donc après avoir pris un peu de bière, nous promenions nos regards entre les prostituées qui sillonnaient entre les tables pour choisir chacun sa pointure. Quand d'un coup mon regard tomba sur un visage familier, très familier à moi. Devinez qui était-ce, MARIAME ! Ma belle Mariame était une femme de passage. Lorsque je l'avais vue, la force de la bière me quitta, jai cru être en train de rêver. Mais non, c'était la réalité. Et pire, un gars attrapa la main de ma belle Mariame pour partir avec elle. Chose qui se passa ! J'étais reste là à moitié mort de colère. À sa sortie, Mariame vint vers moi pour tout m'expliquer. Vous savez peut-être ma réaction ! Sinon, je vous explique : j'ajustai deux paires de gifles sur les joues de la pauvre fille qui continuait de tenter de m'éclaircir. Je la bottai et la laissai pleurer là puis j'appelai mon ami à rentrer. Cette scène laissa tout le monde ébahi dans le motel. "Humm une aussi belle fille battue par un jeune comme celui-ci" ?? Se demandaient-ils.
Mariame nous suivit et continuait de me supplier, mais je restais inflexible oubliant ce qu'elle m'avait dit le premier jour.
Pire, je pris la mauvaise décision de médire d'elle dans le quartier. Elle était devenue l'objet de la risée populaire. Je regrettais d'avoir fait confiance à une prostituée. Mais j'ignorais la vérité.
Un jour après avoir eu assez, Mariame décida de venir tout m'expliquer. Écoutez-la : "chérie écoute-moi. Même si tu m'aimes plus, au moins laisse-moi te raconter tout. En effet, je suis orpheline de père et de mère. Tout ce que je fais n'est pas ce que m'avait conseillé ma mère. Cependant la méchanceté du monde m'a changée. L'oncle avec lequel je vis a une femme qui me déteste plus que ses déchets. C'est moi qui fais tous les travaux domestiques à la maison, mais elle n'est jamais satisfaite. Et pire, elle refuse que mon oncle paie ma scolarité. Voilà pourquoi je fais ceci. Tu peux me quitter mais sache que je t'aime beaucoup, ton ex chérie"
Que dois-je lui répondre ? J'aurais dû chercher à la connaître mon âme pleure...