Insensé, Patriote et Expatrié sur la Covid-19 en Afrique

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. »
C’est la crise sanitaire qui secoue le monde. Les sorties et causeries se font rares. Dès le début, Insensé, Patriote et Expatrié vont au supermarché les samedi matin pour des achats et se retrouvent à la devanture pour discuter. Leur discussion porte sur la Covid-19 en Afrique.
Acte 1 : les mesures sanitaires
Ce samedi, Insensé demanda à ses amis après la salutation :
– J’espère que vous preniez bien les précautions nécessaires pour vous protéger et protéger les autres.
– Oui, dit Expatrié, nous respectons les mesures et gestes sanitaires que ton billet énumère si bien.
– On nous emmerde avec le confinement et le couvre-feu, dit Patriote. Mais Insensé, vas-tu faire quoi avec tous ces livres ? Et vous qui aimez tant « les écoles des blancs », ne trouvez-vous pas anormal que celles-ci soient fermées ?
– J’ai acheté des livres pour toute la famille afin de bien passer cette crise, répondit-elle. La fermeture des écoles freine la propagation de la Covid-19. Pour éviter le décrochage scolaire, j’ai mis en place des ateliers pour mes enfants et je les incite à profiter des formations à distance initiées par des écoles et des Organisations comme l’AUF.
– Chacun d’entre nous doit s’adapter, dit Expatrié. Après les cas positifs et les décès liés à la Covid-19 en Afrique, même Patriote ne nie plus cette pandémie et respecte les mesures.
– Je respecte juste les règles insensées imposées par nos autorités pour faire plaisir à l’Occident et avoir de l’argent, riposta Patriote. Elles affectent le travail et nous privent de nos sorties. Si ça vous tente, il y a un bon coin où nos couples pouvons faire le grin discrètement.
– Je préfère respecter les mesures sanitaires, dit Insensé. Aussi, mes actuelles occupations ne me le permettront pas. En plus du télétravail, je prends part au bénévolat de la mairie pour la distribution des masques et gels hydroalcooliques. Et mon mari et moi mettons à profit cette période pour renforcer nos liens et prendre davantage soin de nos enfants.
– Ce que j’ai vu à Paris m’en dissuade, dit Expatrié.
– Pourtant tu n’es pas resté là-bas pour éviter de venir propager le virus ici, rétorqua Patriote. Même si ce virus existait, il ne pourrait pas se propager en Afrique grâce à la chaleur et la peau noire ; j’ai partagé des publications sur les réseaux sociaux qui confirment cela.
– Si j’étais à Paris, dit Insensé, j’allais y rester pour éviter tout malentendu. Aussi je préfère ignorer certaines publications pour éviter de désinformer. Je ne connais aucun spécialiste qui ait nié cette maladie ou soutenu tes présupposés Patriote.
– Même les grandes puissances, chez qui nos chefs d’Etat se soignent, n’arrivent pas à freiner la propagation du virus, dit Expatrié. Elles ont fermé leurs frontières et sont confinées en dépit des conséquences économiques.
– Peut-être elles se font une guerre sanitaire, dit Patriote. Bon, l’Afrique n’est pas trop touchée contrairement au mauvais présage du directeur de l’OMS.
– Je ne pense pas que ce dernier soit animé de mauvaise intention en appelant l’Afrique à se préparer, dit Insensé. Sinon il aurait dû se taire afin que la maladie puisse profiter de notre négligence. Aussi je ne sais pas si l’Afrique est vraiment moins touchée, certains pays se croyaient épargner avant d’être très touchés après et nous ne pouvons pas faire des milliers de test en une journée. Suivez les émissions de "Priorité santé" de la RFI, des spécialistes nous édifient.
– OK ! Dit Expatrié. Mais tu sais, Patriote et moi disions la semaine passée que tu es une personne bien étrange quand tu nous as quittés sitôt pour apporter des produits à ta cousine atteinte de Covid-19. C’est toi qui nous dis toujours de se protéger.
– Nous devons être sereins et solidaires. L’état de santé de ma cousine ne la permet pas d’effectuer ses achats. Or son mari est allé à l’aventure et ses deux enfants ne peuvent pas encore la seconder. Alors, je l’apporte mon assistance. Le plus important, c’est le respect des gestes barrières. Une personne atteinte de Covid-19 n’est pas un individu toxique. Ne la fuyez pas, elle a besoin de votre assistance. Et une fois guérie, elle pourrait côtoyer ses proches sans risque sauf si elle contracte de nouveau le virus.
Ainsi, les trois personnes se sont dit au revoir.
Acte 2 : le vaccin
Pressé d’aborder un sujet brulant, Patriote devança ses amis aujourd’hui. Expatrié le rejoint et le salua avant de dire :
– Que la crise finisse afin que je retourne à Paris. La chaleur me fatigue.
– J’admets que le respect des mesures sanitaires nous protège et ça ne nous coûte rien, dit Patriote. Mais nous devons nous opposer au test du vaccin contre la Covid-19 en Afrique.
– Pourquoi devrons-nous faire cela ?
– Ce vaccin vise à réduire notre taux de natalité jugé trop élevé afin de mieux exploiter nos ressources sans être inquiéter en Europe. Pourquoi faire ce test là où il y a moins de cas ?
– Je me méfie du complotisme.
– C’est l’argument insensé que vous avancez pour discréditer un opposant à l’occident.
Sitôt Insensé salua ses amis, puis elle justifia son retard :
– Nous faisions le test de dépistage volontaire. Pensez-y, c’est gratuit et rapide.
– Super ! Dit Expatrié.
– Dis-moi Insensé, dénoncer le test du vaccin implique-t-il le complotiste ? Demanda Patriote.
– Le complotisme est trop complexe pour moi, dit-elle.
– Vas-tu vacciner tes enfants ? Demanda Patriote à Expatrié.
– Je ne dénonce pas sans preuve, dit Expatrié.
– Tu es un adepte des occidentaux.
– Haha ! Pourquoi dis-tu cela ?
– L’occident vous finance et soutient vos projets. Et vous les aidez à piller nos ressources.
– Tu es dans l’émotion et le passé. Et cela t’empêche d’intégrer le dynamisme du changement.
– Vos positions binaires posent un problème, dit Insensé. L’Afrique n’est pas un monde à part, mais elle ne devrait pas être déconsidérée.
– L’Afrique peut-elle faire quoi dans cette crise ? Martela Expatrié.
– Assumons-nous et ayons foi en notre apport au progrès en général. Pour la crise, nos chercheurs et nos remèdes y contribuent.
– Bien ! Dit Patriote. Grâce au Madagascar, l’Afrique a déjà trouvé le remède. Donc on n’a même pas besoin des occidentaux.
– Attention ! Prévint Insensé. Le Covid-Organic est réconfortant, mais nous n’avons pas encore une parfaite connaissance de ses effets.
– Il paraît qu’il est toxique, dit Expatrié.
– C’est pour discréditer nos chercheurs et nos produits. Dit Patriote.
– Ne soyons ni des Africains complexés ni des Africains hostiles à l’altérité. En forçant les pays à s’unir contre un même ennemi, cette crise montre qu’au-delà de la diversité, enrichissement et complémentarité, nous avons un souverain bien – l’humanité – qui permet d’évaluer la valeur et la portée de nos actes. « Protégez-vous et protégez les autres » proscrit l’égoïsme. Outre cette crise, le problème de l’immigration montre combien nous sommes liés et combien le bien-être des autres est la condition de notre bien-être. Donc agir moralement c’est agir pour la prospérité de tous. Et la conscience morale est la connaissance intellectuelle de notre complémentarité : je suis une partie indissociable et complémentaire du Tout.
– Très beau ! Dit Expatrié. Mais nous sommes dans un monde où règne « la loi du plus fort ».
– Sommes-nous condamnés à vivre dans ce monde ? Demanda Insensé. Un monde favorable à l’humain et au vivre-ensemble où la guerre cède à la paix et à la raison communicationnelle est-il inenvisageable ?
– L’Afrique a trop souffert et l’avenir nous appartient maintenant, dit Patriote.
– Il y a toujours eu des guerres et sujétions, ouvertes ou dissimilées, dit Insensé. Et l’Afrique n’est pas la seule qui en a souffert. Mieux faut-il sacrifier un avenir prometteur au profit d’un passé inchangeable ? Tirons des leçons de l’histoire et mettons à profit cette crise pour régler nos différends et dépasser nos orgueils pour un monde plus humain et plus social.
– Oui, dit Expatrié.
– En effet, il faut un monde où il fait bon vivre. Dit Patriote.