Ingratitude

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Peu importe, cela n’a plus d’importance aujourd’hui. Je m’en suis allée, déjà !
Apres maintes cogitations, je décide enfin de vous raconter le vécu de l’un de mes oncles. Politesse exigeant, je m’appelle Pintoupintou, l’original Pinpin, le gamin qui voit et sait tout.
C’était la période des vacances scolaires. Et ce jour-là, la canicule était au rendez-vous. Ma grosse tête dépourvue de cheveux subissait avec courroux les incessants assauts solaires pendant que je me rendais à la gare routière. Je quittai finalement la ville de baby, la capitale économique à onze heures pour l’une des grandes villes de l’intérieur du pays. C’était la ville d’Ougouda où résidait mon oncle. Emile, tel était son nom. C’était un homme d’affaire disponible pour ses proches qui avait la main sur le cœur ; Un bon gars comme on le dit dans nos rues. A mon arrivée, j’ai été accueilli par son épouse, tante Aicha. C’était une très belle femme ; dotée d’un physique d’athlète rattaché à un postérieur de rêve recouvert d’un teint noir miroitant, elle pouvait sans difficulté corrompe le diable. Je sais, j’ai encore trop parlé pour mon âge, mais bon ! N’empêche que c’est la vérité.
Le soleil s’était désormais endormir, il était dix-neuf heure moins le quart lorsque oncle Emile arriva à son domicile. À sa vue, je sautai sur lui pour lui exprimer ma joie. Apres avoir échangé les civilités et dîner, nous étions tous assis devant le poste téléviseur à regarder un feuilleton, franchement ennuyant pour ma part. C’est alors que son téléphone portable se mit à sonner. Lorsqu’il décrocha, c’était sa petite sœur au bout du fil, tante Quelija. Elle lui avait demandé la somme de dix millions pour la réalisation d’un projet. Et Comme de coutume, oncle Emil promit qu’il lui enverrait cette somme d’argent le lendemain. Le lendemain arrivé, chose promise, chose faite ! Oncle Emile s’exécuta.
Ce jour-là, oncle Emile s’était levé plutôt que de coutume. Il s’était endimanché dans un costume marron, accompagné d’une paire de soulier de même couleur que son costume, faite à partir de la peau d’un caillement albinos. Communément appelé les ‘’Kpakpasses’’. Apres avoir quitté son domicile, il alla rejoindre monsieur Olivier dans un restaurant pour finaliser l’achat de deux terrains. Il était décidé à investir pour sa petite famille et ces terrains étaient les bienvenus. Au moment de finaliser l’achat en apposant sa signature sur l’un des documents apportés par monsieur Olivier pour l’occasion, il prit son portable pour lire un message qu’il venait à peine de recevoir. Une fois la lecture terminée, il renonça à l’achat des terrains. C’était sa sœur Quelija ! Elle venait de lui demander urgemment une grosse somme d’argent pour je ne sais quoi encore. Quelle sorcière celle-là ! Et c’était toujours comme ça, il mettait toujours le bonheur de sa sœur en priorité au détriment du sien et de celui de sa famille ; il n’avait aucune réalisation car ses projets ne prenaient jamais forme. Son amour pour sa petite sœur était tel qu’il était prêt à tout pour celle-ci .Il lui arrivait même par moment de sacrifier le bonheur de sa petite famille pour le bien être de cette dernière. Et ceci, bien qu’elle soit en couple avec un riche politicien qui faisait de ses désirs une réalité. Bien que gamin, je me demandais s’il n’était pas victime d’un envoutement pour agir de la sorte. Et cette situation devenait insupportable pour son épouse qui s’irritait rien qu’en pensant à cela. Il fallait donc agir, ramener son époux à la raison. Et elle l’a fait, surtout avec manière et habilité. Mais hélas, ces efforts ont demeuré sans effets. Obstiné qu’il était, Oncle Emile n’agissait qu’à sa guise. Pour lui, le temps était sa propriété. Il pouvait donc réaliser ces projets quand bon lui semblera. D’ailleurs, dépenser sur sa sœur était pour lui, un devoir, une protection contre les abus de son époux lié à sa dépendance économique, et un investissement, car une fois dans le besoin, elle fera de même à son égard. Telle était sa philosophie.
L’été était désormais finit pour oncle Emile. Sa vie était désormais hiver ; Il avait tout perdu, son épouse et sa fille y compris dans un accident de la circulation. Le coût élevé de sa guérison, les obsèques de son épouse et sa fille l’avaient ruiné. Ajouté à cela, les banques lui refusaient tout crédit. Pire, son patrimoine ne contenait aucun bien pouvant lui permettre de relancer ses activités. Il résidait désormais chez sa petite sœur Quelija dans une luxueuse villa de douze chambres dans l’un des plus beaux quartiers de Baby. Et malgré cela, il passait ces nuits sur un canapé en bois installé sur la terrasse en compagnie de l’élite de la famille des moustiques ; les ‘’wintinwintins’ ’pour les avertis de la rue. Une minute ne pouvait s’égrainer sans qu’elle ne lui crie la dessue ou qu’elle l’humilie. Elle lui privait même de nourriture par moment. Et lorsqu’il lui demandait de l’argent pour relancer ces activités, elle lui refusait catégoriquement bien qu’elle pouvait lui venir en aide. Elle dissuada même son époux de ne point lui venir en aide au motif qu’il était stupide. Ces nuits n’étaient que pleure et regret. Il s’en voulait terriblement  d’avoir d’une part occasionné cette situation. Un samedi alors que oncle Emile était gravement malade, il sollicita l’aide de sa sœur en lui demandant la somme de deux mille franc pour se rendre à l’hôpital. Mais quelle ne fut pas sa surprise.
Quoi ! comment oses-tu me demander un tel service ? n’as-tu pas honte ? qu’as-tu fais des bénéfices que te rapportait tes affaires ? tu n’as même pas ne serait-ce investir un peu de ton argent dans un projet pour pérenniser le bien-être de ta famille ! Que la terre te soit légère car tu ne recevras rien de ma part ! Hurla Quelija contre son Ainé.
Apres avoir fixé sa sœur durant une minute tout en étant silencieux, oncle Emile s’écroula au sol. Son cœur s’était embrasé d’une terrible douleur. Sa tête qui s’était ouverte suite à sa chute se vidait de son sang sous le regard presqu’indiffèrent de sa sœur. Oncle Emile se tordit de douleur jusqu’à ce qu’il meurt. Et c’est à ce moment précis que Quelija se mit à hurler de douleur apparente pour alerter le quartier.