Vendredi, en rentrant du bureau, encouragée par le beau temps, j’ai foncé chez Lou, le vieux pépiniériste du coin, pour lui prendre quelques beaux... [+]


Il pose son postérieur sur le béton dur
Ses pieds sur la troisième marche
Sort son paquet
Tire une cigarette
La porte à ses lèvres
L’allume
La nuit tombe et le vent s’introduit entre les grandes tours
Il n’a jamais voulu vivre ici
Mais n’a jamais pu vivre ailleurs
Il n’a même pas essayé en fait
C’était joué d’avance
Le briquet glisse entre ses doigts, bascule, il tend le bras
L’attrape, soupire
Même ce briquet a envie de se barrer, il pense
La molette gratte, crépite,
La flamme sort et brûle le papier
La première bouffée ne lui fait plus l’effet qu’il a connu jadis
La seconde non plus
Les suivantes pas plus
Sa mère attend là-haut,
Son père est parti il y a de ça un moment
Ses amis aussi
À quarante-huit ans, lui est toujours là
Les immeubles aussi
Je change, il pense, je vieillis, et les immeubles aussi
On va ravaler la façade
Pas la sienne, hélas,
On va ravaler notre rancœur, il pense
Ma mère et moi
Et finalement la nuit n’est pas si froide
Elle l’est sûrement moins ailleurs
Mais sûrement plus aussi, quelque part,
Il s’en moque, il n’ira pas voir,
Il restera ici, avec sa cigarette, son béton, sa sale gueule,
Avec sa mère, ses plantes, et les gamins qui hurlent
Après tout, le béton n’est pas si dur lorsqu’on le connaît bien.
Ses pieds sur la troisième marche
Sort son paquet
Tire une cigarette
La porte à ses lèvres
L’allume
La nuit tombe et le vent s’introduit entre les grandes tours
Il n’a jamais voulu vivre ici
Mais n’a jamais pu vivre ailleurs
Il n’a même pas essayé en fait
C’était joué d’avance
Le briquet glisse entre ses doigts, bascule, il tend le bras
L’attrape, soupire
Même ce briquet a envie de se barrer, il pense
La molette gratte, crépite,
La flamme sort et brûle le papier
La première bouffée ne lui fait plus l’effet qu’il a connu jadis
La seconde non plus
Les suivantes pas plus
Sa mère attend là-haut,
Son père est parti il y a de ça un moment
Ses amis aussi
À quarante-huit ans, lui est toujours là
Les immeubles aussi
Je change, il pense, je vieillis, et les immeubles aussi
On va ravaler la façade
Pas la sienne, hélas,
On va ravaler notre rancœur, il pense
Ma mère et moi
Et finalement la nuit n’est pas si froide
Elle l’est sûrement moins ailleurs
Mais sûrement plus aussi, quelque part,
Il s’en moque, il n’ira pas voir,
Il restera ici, avec sa cigarette, son béton, sa sale gueule,
Avec sa mère, ses plantes, et les gamins qui hurlent
Après tout, le béton n’est pas si dur lorsqu’on le connaît bien.

Aujourd'hui mon haïku "le grand noir du Berry" est en finale du prix haïkus. Je vous invite à le découvrir. En vous souhaitant une bonne soirée. http://short-edition.com/fr/oeuvre/poetik/grand-noir-du-berry
Allez lire " la lundite" (auteur Hany)