Il est six heures du mat’, Paris s'éveille avec la gueule de bois. C'est son moment, au petit balayeur, il a sauté dans le premier métro. En passant l'tourniquet, il n'a pas oublié de saluer le... [+]
Haute est la montagne, lourd est mon cœur
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Je suis sorti de son appartement un peu ivre et très fatigué. J'ai emprunté la longue rue de Crimée, artère pentue qui mène tout droit au sommet de la butte. J'avais le cœur trop lourd. Je me suis assis le long du parc et j'ai laissé mon regard plonger dans le vide. J'aurais pu rester des heures ainsi à sentir le vent frais caresser ma nuque. J'aurais aimé me fondre dans le paysage nocturne, ne faire plus qu'un avec ces grilles, avec ces arbres, avec le bitume, me dissoudre complètement, disparaître. Puis je me suis souvenu du petit cadeau que Virna m'avait offert l'après-midi même : une boîte à vœux. Oh, elle ne payait pas de mine cette boîte : c'était un origami aussi fin qu'une allumette. Il ressemblait à ces bombes à eau que nous nous lancions à la figure, mon frère et moi, quand nous étions enfants. J'ai soufflé dans la petite ouverture et la boite a pris forme en se gonflant. Je l'ai approchée de ma bouche, j'y ai emprisonné le vœu qui me tenait le plus à cœur et je l'ai posée sur le bord de la route. Le vent l'a poussée et l'a emmenée de l'autre côté de la chaussée. Puis elle a disparu : je ne sais où elle a terminé sa course. La mienne ne l'était pas et, bien trop lourd pour être porté par la brise, j'ai gravi la montagne délesté du poids d'un vœu qui me vrille le cœur et la tête.