Les vers en l'air ! Que personne ne rime !
Arrêtez la prose et tout se passera bien !
Faites sortir les quatrains et les... [+]
Flic et voyou
lectures
Public

Quarante cinq kilos de cocaïne, deux tonnes de résine de cannabis, douze mille comprimés d'ecstasy. Je sais pas ce qui va me manquer le plus ; ça ou mon boulot de flic.
J'étais le meilleur. Avec mon coéquipier on formait un duo de choc. On a mis fin aux plus gros trafics de drogue de la région. Des centaines de trafiquants sont sous les verrous grâce à nous.
Je les ai tous côtoyés ; du plus petit dealer aux plus gros trafiquants, en passant par les mafieux et les pontes du milieu. Et puis il y a eu cette descente :
« Police, que personne ne bouge ! Jetez vos armes et mettez vos mains en l'air ! »
Cette déflagration, ce coup de feu qui claque, mon équipier qui gît au sol dans une mare de sang. Crissements de pneus, la caisse des caïds roule sur son corps, j'esquive de justesse. Je ne l'oublierai jamais. David et moi on était le meilleur tandem de la stup.
On en a passé des nuits dans cette voiture de police, à faire le guet, à démarrer sur les chapeaux de roues, sirène hurlante, dans les nuits noires de la City, à faire des courses-poursuites à tombeau ouvert, à la vie à la mort, contre des malfrats dangereusement armés.
On n'a jamais succombé à la tentation. David n'y a jamais songé. Il aurait pu. Moi aussi. Mais on a tenu à rester clean. On peut pas être flic et voyou, c'est pas compatible, et pourtant. La came je l'avais sous le nez. Je pouvais reconnaître son odeur âpre et entêtante si particulière n'importe où, mais je n'y ai jamais touché. J'ai pourtant fait de belles prises, mais j'ai rien gardé.
Quinze ans de bons et loyaux services au sein de la plus prestigieuse unité de police de la stup. Voilà qu'aujourd'hui j'apprends que je suis trop vieux. Je n'ai plus ma place au sein de cette prestigieuse unité. La mort de mon équipier a mis fin à ma carrière de flic. C'est dans un parking que j'ai appris cette nouvelle, sans ménagement : « Ce sont les ordres, ça vient d'en haut. »
Quand on a perdu son partenaire, le choc est trop rude. On doit prendre des vacances forcées, pour une durée indéterminée. La loyauté, l'honnêteté, l'intégrité, rien à foutre. T'es trop vieux, tu dégages, t'es bon pour la casse.
Les journées sont longues depuis que j'ai quitté la police. Je passe mon temps vautré sur le canapé devant la télé, ou aux pieds de ma maîtresse. L'action me manque, mon unité aussi.
Je donnerais tout pour redevenir Voyou, le meilleur chien flic de la brigade cynophiles des stups.