Madame se mit à jouer du piano. Ses doigts couraient sur les touches noires et blanches. Monsieur était assis à côté d’elle et écoutait la douce mélopée qui s’élevait de la queue de... [+]
Et on dit que l’alcool tue lentement !
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─ Marcel ! Tu viens manger !?
Germaine venait d’appeler son mari... Quatorze heures étaient largement passées et ça sentait le brûlé !
Trente-cinq ans déjà qu’ils étaient installés à Hesdin, une petite ville du Pas de Calais. D’un côté de la cour était l’habitation, de l’autre faisant face, l’atelier de ferronnerie de Marcel. L’entrée de la propriété était close par une grille que le maître des lieux avait en guise de publicité, chargée de volutes et d’exemples en fer forgé, susceptibles d’être réalisés à la demande.
Pour mieux éclairer l’atelier, un châssis métallique habillé de petites vitres de bas en haut comme dans les anciennes usines, fermait la façade.
Depuis son ouverture, la petite entreprise de ferronnerie avait récolté des clients aux quatre coins de la région et bien qu’il fut à la retraite, Marcel poursuivait son activité en se limitant à des travaux simples ne demandant que quelques circonvolutions et pas trop d’efforts à la fabrication.
Et puis, il lui fallait bien reconnaître aussi que d’être dans son atelier, lui permettait d’éviter le triste spectacle de voir sa femme s’adonner à la boisson. Il avait pourtant essayé de l’aider, de la prévenir, mais à chaque fois ça finissait en dispute ; une fois, elle avait même voulu le frapper... Depuis, il avait baissé les bras et subissait. De son lieu de travail placé juste en face de la cuisine de Germaine, il pouvait pour le moins l’observer et éventuellement, prévenir un accident...
Quand il restait près d’elle, de la voir s’enfoncer de plus en plus le rendait malade ; à 11 h, elle avait déjà avalé deux litres de vin de qualité médiocre et un troisième, destiné à l’accompagner le temps de faire le manger, était prêt sur la table. Elle attendait un mot, une remarque ou une mimique de Marcel pour se mettre à hurler et menacer de cogner. Alors, pour éviter d’envenimer les choses, chaque matin à huit heures Marcel traversait la cour pour aller s’enfermer dans son atelier.
Cette fin de matinée là, elle était venue balancer sans raison, un gros galet dans un des carreaux de l’atelier puis, elle avait passé la tête au travers du trou pour énoncer une tonne de méchancetés à l’encontre de son mari. Les jours suivants, elle continua de déverser sa bile de la même manière.
Marcel restait cloîtré dans son hangar, là où même sans commande, on entendait la meuleuse ou d’autres outils métalliques se frotter à l’acier.
Ce jour-là, quatorze heures étaient passées, ça sentait encore le brûlé et ça faisait plusieurs fois que Germaine hurlait depuis sa cuisine :
─ Marcel ! Tu viens manger !?
N’ayant pas de réponse ! Elle traversa la cour en titubant et passa la tête par le trou resté ouvert.
─ Alors ! Tu viens manger connard !?
Un bruit sourd résonna sur le sol !
Sur les guides que Marcel avait installés de chaque côté du carreau cassé, la lame d’acier tranchante comme un rasoir avait correctement coulissé...
Bravo jusyfa***
Une chute que je n'attendais point !
Comme quoi certains savent proposer de brillantes chutes d'école mettant en scène un héros qui décolle (au sens de "décapite") !
Affectueusement
Sylvie
Julien.
Julien
Julien.