Il y a des choses qui ne s'expliquent pas, qui ne s'expliqueront jamais. De quels poumons vient le vent, de quels nuages viennent ces gouttes qui, lentement, nous engloutissent ? J'ai peur. Pas de me noyer, non, mais de voir ceux chers à mon cœur sombrer, sans rien faire. Quand je vois ma mère se noyer car les flots déchaînés de la vie éteignent la flamme dans ses yeux, j'aimerais boire toute l'eau de cet océan et laisser ses beaux yeux à sec, j'aimerais raser toutes les forêts du monde pour lui offrir le bateau le plus solide, j'aimerais lui décrocher la lune pour que ses nuits restent toujours claires. Mais, non, tu le sais, ça ne se passe jamais comme ça. On s'aime, on se déchire, on ne dit jamais les choses importantes quand on peut se les dire, et on s'en mord les doigts. Tellement fort qu'il ne reste plus que des moignons. Je m'adresse à toi, lecteur, si tes yeux parcourent ces lignes.. Je te conjure de les laisser pleurer, qu'ils lâchent les larmes que j'ai toujours gardées pour moi, comme un avare, ou comme un homme qui craignait de l'être. Souvent, on fait des choses stupides, par amour, par haine, par dépit. Je repense aux fautes commises, est-ce trop tard ? Je repense aux pardons jamais accordés, est-ce trop tard ? J'aimerais enfin vivre, est-ce trop tard ? Est-ce trop tard ?
C'est d'une noirceur comme j'aime, emprunte d'un semblant d'espoir... j'aime, j'aime, j'aime !