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Ernest, le Ténébreux et Marbella, la trop fière
Mardi.Jour de sortie. Se mettre sur son 31 et attraper les étoiles,dérober la lune, décalquer le soleil,,compter les grains de sable, boire un verre de bière...Vivre, quoi !
Ce matin-là, sur la mer,il y avait une brume presque palpable qui laissait filtrer un faible rayon de lumière. Ernest, le Ténébreux,mit sa plus belle chemise,la bleue, noua sa cravate et endossa son blouson de cuir. Le miroir lui envoya une image qui lui plût.Il esquissa presque un sourire.
Ernest, le Ténébreux riait peu. Ne pleurait pas. Entassait dans son cerveau au quotient intellectuel trop élevé tout ce qu'il pouvait et cela le rendait taciturne et muet.
Le seul jour où il daignait ressembler aux autres, était le Mardi !
Mardi parce M comme Marbella. Marbella était son amour. Elle était belle, sauvage, libre. Elle n'avait jamais voulu l'épouser.
Ne pas avouer ses sentiments. Pudeur ? Fierté de Femme Libre? Il ne le sut jamais.
Ernest pleura alors comme un homme-enfant. Depuis, plus une larme ne coula le long de ses cils. Il s'était tari. Sec. Affamé de douleurs mais respectueux de la décision de sa belle.
Marbella avait accepté de le voir tous les mardis de leur existence. Ce rendez-vous durait depuis vingt ans. Le mardi était un jour de soleil intégral. Mais aujourd'hui, la brume voilait l'horizon, couverclait le monde et empêchait le mardi d'être un beau mardi.
En mettant son pied dehors, Ernest le Ténébreux, ténébra. C'était quoi ce temps ?
La brume devenait opaque. Ernest avança doucement. il avait rendez-vous sur le port à 14 heures. Si jamais, il était en retard, Marbella ne l'attendrait pas. La liberté n'attend pas ! Marbella partirait. Elle lui avait dit :
- Ne sois jamais en retard !
Là, il allait être fatalement en retard.Il s'enfonça dans les voiles opaliennes de la brume et lorsqu'il arriva enfin, il était 14 heures 10. Pas de Marbella. Il le savait.
Il aurait voulu pleurer. Mais rien à faire, aucune larme ne venait. Il s'assit, fatigué, brisé et encore plus ténébreux que d'habitude.
Une petite voix sortit de la brume :
- Quand je serai grande, je serais avocat de la Mafia !
- Tu ne peux pas ! dit une autre voix
- Pourquoi ?
- Parce que tu n'es qu'une goutte !
- Et alors ?....
Ernest se secoua. Il entendait des voix. Il se frotta les yeux,la brume avait encore épaissi. On ne voyait plus la mer, ni la plage, ni même une ébauche de ciel. Il descendit jusqu'à la plage pour retrouver la mer. Mémoire d'instants avec sa princesse. Le vent s'était levé et était de plus en plus fort. Il ne chassait pas la brume. Il la rendait vivante, presque humaine. C'était étrange et beau. Une aquarelle jamais peinte...
Le vent soulevait les vagues et quelques gouttes tombèrent sur le visage d' Ernest, le Ténébreux. Il voulut les sécher.
- Non, non, ne fais pas ça !
- Mais enfin, qui parle ? hurla Ernest
- C'est moi, la goutte...
- Une goutte ne parle pas ! Je deviens fou !
- Je suis une goutte magique, je m'appelle Lacrima. Si tu avais pris le temps de lire le journal,tu aurais compris que Marbella ne viendrait pas au rendez-vous.
Il y avait un avis de décès.
Elle est morte mercredi dernier...arrêt cardiaque. Elle ne s'est pas réveillée. Son sommeil s'est doucement prolongé. Je lui appartenais.
J'étais sa larme préférée quand elle parlait de Toi. Elle n'avait jamais voulu t'épouser, elle pensait que le quotidien ternirait la folle et pure passion qu'elle éprouvait pour toi . Elle aimait attendre chaque jour et chaque nuit le mardi suivant pour te dévorer des yeux et du coeur .
Le soir, quand elle t'avait quitté, elle pleurait de Pas Toi. Elle était trop fière pour le reconnaître mais sa liberté l'enchaînait à la transparence. Tout devenait flou en elle. elle voulait poser sa vie vers toi, arrêter de courir ses rêves, elle avait compris que tu étais le sien. Elle voulait te le dire enfin . Pas eu le temps. La brume, c'est elle...C'est pour Toi,elle voulait te prévenir qu'elle ne serait pas là et que le soleil n'éclairerait pas vos instants. Regarde bien, tu vas la voir .
Ernest regarda l'horizon et il la vit. Elle souriait.
- Ne m'en veux pas ! Tu es le plus bel espace de mes jours. Je t'aime. Vis...
Ernest sentit que Lacrima titillait son oeil, les larmes vinrent sur ses cils, du fond des silences retenus. il pleurait enfin comme un homme amoureux, déchu de ses espoirs. Il pleurait, ivre de ses chagrins tant étouffés et de cette promesse de bonheur inavouée.
Le soleil dissipait la brume. Ernest reprit la route de sa maison. Il était 16 heures et le monde réapparaissait. Ernest pleurait toujours. Cela lui faisait du bien. Cela l'apaisait presque. Il savait ce qu'il devait faire.
Il arriva chez lui, s'installa à son bureau et prit sa plume. Sur la page blanche,une larme coula. C'était encore Lacrima.
- Tu me gardes ?
- Oui ! fit Ernest le Ténébreux.
- Tu fais quoi ?
- J'écris.
- Tu es écrivain ?
- J'aime écrire...
- T'écris quoi ?
- Une histoire de gens qui s'aiment...
- Ah ! La tienne...avec Marbella !
- Oui !
- Moi, quand je serai grande, je serais avocat de la Mafia !
- Tu ne peux pas !
- Pourquoi ?
- Parce que tu n'es qu'une goutte...
- Une larme, dit Lacrima, une larme d'amour...
Ernest soupira. Le ciel était bleu.
Quand son roman sortit,il connut le succès. Cela l'émut beaucoup. C'était un mardi de brume légère. Fatigué de ses émotions, de retour chez lui, il voulut se reposer un peu et s'endormit sur son lit. Il ne se réveilla pas.
Marbella était venue le chercher.
On les retrouva tous les deux, allongés, côte à côte. Ils se tenaient la main, ils avaient l'air d'avoir vingt ans. Ce n'était pas tragique, c'était beau.
Personne ne put expliquer ce qui s'était passé. Ce duo-décès fut classé dans les dossiers mystérieux de notre société. Et on n'en parla plus !
Seule Lacrima sait .
Elle est devenue larme dans l'oeil gauche d' Albert, le petit frère d' Ernest, avocat de la Mafia et homme trop sensible pour défendre des crapules ! Alors, il y a de quoi avoir la larme à l'oeil et c'est un travail à temps complet !
Parfois, quand la brume se lève,on voit deux silhouettes à peine distinctes qui marchent le long de la plage, elles se tiennent par la main.
Elles sont belles.
Mais seuls les gens qui s'aiment peuvent les apercevoir !
Elles ont l'air d' attraper les étoiles, de dérober la lune, de décalquer le soleil , de compter les grains de sable ..elles ont l'air de Vivre !
Ce matin-là, sur la mer,il y avait une brume presque palpable qui laissait filtrer un faible rayon de lumière. Ernest, le Ténébreux,mit sa plus belle chemise,la bleue, noua sa cravate et endossa son blouson de cuir. Le miroir lui envoya une image qui lui plût.Il esquissa presque un sourire.
Ernest, le Ténébreux riait peu. Ne pleurait pas. Entassait dans son cerveau au quotient intellectuel trop élevé tout ce qu'il pouvait et cela le rendait taciturne et muet.
Le seul jour où il daignait ressembler aux autres, était le Mardi !
Mardi parce M comme Marbella. Marbella était son amour. Elle était belle, sauvage, libre. Elle n'avait jamais voulu l'épouser.
Ne pas avouer ses sentiments. Pudeur ? Fierté de Femme Libre? Il ne le sut jamais.
Ernest pleura alors comme un homme-enfant. Depuis, plus une larme ne coula le long de ses cils. Il s'était tari. Sec. Affamé de douleurs mais respectueux de la décision de sa belle.
Marbella avait accepté de le voir tous les mardis de leur existence. Ce rendez-vous durait depuis vingt ans. Le mardi était un jour de soleil intégral. Mais aujourd'hui, la brume voilait l'horizon, couverclait le monde et empêchait le mardi d'être un beau mardi.
En mettant son pied dehors, Ernest le Ténébreux, ténébra. C'était quoi ce temps ?
La brume devenait opaque. Ernest avança doucement. il avait rendez-vous sur le port à 14 heures. Si jamais, il était en retard, Marbella ne l'attendrait pas. La liberté n'attend pas ! Marbella partirait. Elle lui avait dit :
- Ne sois jamais en retard !
Là, il allait être fatalement en retard.Il s'enfonça dans les voiles opaliennes de la brume et lorsqu'il arriva enfin, il était 14 heures 10. Pas de Marbella. Il le savait.
Il aurait voulu pleurer. Mais rien à faire, aucune larme ne venait. Il s'assit, fatigué, brisé et encore plus ténébreux que d'habitude.
Une petite voix sortit de la brume :
- Quand je serai grande, je serais avocat de la Mafia !
- Tu ne peux pas ! dit une autre voix
- Pourquoi ?
- Parce que tu n'es qu'une goutte !
- Et alors ?....
Ernest se secoua. Il entendait des voix. Il se frotta les yeux,la brume avait encore épaissi. On ne voyait plus la mer, ni la plage, ni même une ébauche de ciel. Il descendit jusqu'à la plage pour retrouver la mer. Mémoire d'instants avec sa princesse. Le vent s'était levé et était de plus en plus fort. Il ne chassait pas la brume. Il la rendait vivante, presque humaine. C'était étrange et beau. Une aquarelle jamais peinte...
Le vent soulevait les vagues et quelques gouttes tombèrent sur le visage d' Ernest, le Ténébreux. Il voulut les sécher.
- Non, non, ne fais pas ça !
- Mais enfin, qui parle ? hurla Ernest
- C'est moi, la goutte...
- Une goutte ne parle pas ! Je deviens fou !
- Je suis une goutte magique, je m'appelle Lacrima. Si tu avais pris le temps de lire le journal,tu aurais compris que Marbella ne viendrait pas au rendez-vous.
Il y avait un avis de décès.
Elle est morte mercredi dernier...arrêt cardiaque. Elle ne s'est pas réveillée. Son sommeil s'est doucement prolongé. Je lui appartenais.
J'étais sa larme préférée quand elle parlait de Toi. Elle n'avait jamais voulu t'épouser, elle pensait que le quotidien ternirait la folle et pure passion qu'elle éprouvait pour toi . Elle aimait attendre chaque jour et chaque nuit le mardi suivant pour te dévorer des yeux et du coeur .
Le soir, quand elle t'avait quitté, elle pleurait de Pas Toi. Elle était trop fière pour le reconnaître mais sa liberté l'enchaînait à la transparence. Tout devenait flou en elle. elle voulait poser sa vie vers toi, arrêter de courir ses rêves, elle avait compris que tu étais le sien. Elle voulait te le dire enfin . Pas eu le temps. La brume, c'est elle...C'est pour Toi,elle voulait te prévenir qu'elle ne serait pas là et que le soleil n'éclairerait pas vos instants. Regarde bien, tu vas la voir .
Ernest regarda l'horizon et il la vit. Elle souriait.
- Ne m'en veux pas ! Tu es le plus bel espace de mes jours. Je t'aime. Vis...
Ernest sentit que Lacrima titillait son oeil, les larmes vinrent sur ses cils, du fond des silences retenus. il pleurait enfin comme un homme amoureux, déchu de ses espoirs. Il pleurait, ivre de ses chagrins tant étouffés et de cette promesse de bonheur inavouée.
Le soleil dissipait la brume. Ernest reprit la route de sa maison. Il était 16 heures et le monde réapparaissait. Ernest pleurait toujours. Cela lui faisait du bien. Cela l'apaisait presque. Il savait ce qu'il devait faire.
Il arriva chez lui, s'installa à son bureau et prit sa plume. Sur la page blanche,une larme coula. C'était encore Lacrima.
- Tu me gardes ?
- Oui ! fit Ernest le Ténébreux.
- Tu fais quoi ?
- J'écris.
- Tu es écrivain ?
- J'aime écrire...
- T'écris quoi ?
- Une histoire de gens qui s'aiment...
- Ah ! La tienne...avec Marbella !
- Oui !
- Moi, quand je serai grande, je serais avocat de la Mafia !
- Tu ne peux pas !
- Pourquoi ?
- Parce que tu n'es qu'une goutte...
- Une larme, dit Lacrima, une larme d'amour...
Ernest soupira. Le ciel était bleu.
Quand son roman sortit,il connut le succès. Cela l'émut beaucoup. C'était un mardi de brume légère. Fatigué de ses émotions, de retour chez lui, il voulut se reposer un peu et s'endormit sur son lit. Il ne se réveilla pas.
Marbella était venue le chercher.
On les retrouva tous les deux, allongés, côte à côte. Ils se tenaient la main, ils avaient l'air d'avoir vingt ans. Ce n'était pas tragique, c'était beau.
Personne ne put expliquer ce qui s'était passé. Ce duo-décès fut classé dans les dossiers mystérieux de notre société. Et on n'en parla plus !
Seule Lacrima sait .
Elle est devenue larme dans l'oeil gauche d' Albert, le petit frère d' Ernest, avocat de la Mafia et homme trop sensible pour défendre des crapules ! Alors, il y a de quoi avoir la larme à l'oeil et c'est un travail à temps complet !
Parfois, quand la brume se lève,on voit deux silhouettes à peine distinctes qui marchent le long de la plage, elles se tiennent par la main.
Elles sont belles.
Mais seuls les gens qui s'aiment peuvent les apercevoir !
Elles ont l'air d' attraper les étoiles, de dérober la lune, de décalquer le soleil , de compter les grains de sable ..elles ont l'air de Vivre !
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