Envolé

Je suis une éternelle mélancolique. Les mots rythment ma vie, et mon coeur bat au rythme de mes écrits. Mes larmes ne sont que l'encre avec laquelle j'écris le cours de ma vie. L'amour tout ... [+]

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés? Peut-être les deux. Peut-être que mes yeux sont ouverts? Peut-être est-ce cette douleur que je ressens qui m'aveugle?
La douleur est pourtant réelle. Je vis avec elle au quotidien. Elle m'a envahit. Elle me détruit.
La douleur de l'âme pèse plus que la souffrance du corps. Je le ressens aujourd'hui.
C'est insupportable. Tout est insupportable. Et chaque seconde l'est plus que la précédente. Je souffre à cause de toi. Toi que j'aime plus que tout. Toi qui m'a trahi...
Par le trou de la serrure de mon cœur déjà brisé je t'ai observé. Tu paraissais timide et réservé, choses qui m'ont attiré vers toi. Je faisais la fière c'est vrai. Je ne voulais pas laisser transparaître ce que je voulais, c'est-à-dire être proche de toi. Mais tu as daigné lever tes yeux et nos regards se sont croisés. Dès cet instant, commençait cette aventure dont j'espérais ne plus sortir. Nous avions passé du temps ensemble, et chaque jour je te découvrais un peu plus. Je voyais en toi ce poète, cette âme sensible, amoureuse des mots. Je me suis rapproché de toi. Tu m'as laissé entrer dans ton intimité. Tu m'as laissé te découvrir. Et en un rien de temps je suis tombée amoureuse de toi. Je t'ai aimé comme on cueille une fleur un matin dans les champs. Je t'ai aimé simplement comme le chant d'un rossignol, un amour pur et sans revers. Je t'ai aimé comme on respire, aussi naturellement. Et chaque minute passée près de toi accroissait mes sentiments à ton égard. Même s'il était dangereux de laisser se reproduire ces moments brefs et ô combien innocents, tu me faisais perdre tout contrôle sur moi-même.
Puis ce fameux jour arriva. Je n'oublierai jamais ton regard ce jour-là. Ce jour où tu m'as dit je t'aime pour la première fois, dans la plus grande des innocences. Notre amour a éclot au yeux de tous. De la nature et des hommes aussi. Les anges me regardaient t'aimer, et l'amour me regardait te découvrir chaque jour un peu plus, et les jours me regardaient m'attacher. On s'était fait des promesses. Tu m'as promis de toujours être là auprès de moi. Nous étions heureux. Heureux d'être deux.
Maintenant que tu n'es plus là, mon cœur saigne abondamment.
Tu es parti comme tu es venu dans ma vie: un peu trop vite. Tu es parti avec mon âme, avec mon espoir, avec mon envie de vivre.
Tu es parti cette nuit. La mort t'a emporté, elle a pris ce que j'avais de plus précieux.
Tu étais fort, je le savais. Nous le savions tous. Mais ce combat contre la maladie tu l'as perdu.
Tu es parti au service de la réanimation de cet hôpital, quand la maladie a arrêté ton cœur. Ta famille était à tes côtés. Ils disent que tu es parti dignement, dans ton sommeil, et que tu n'as rien senti.
Je revois ton visage encore ce matin où tu m’as emmené au bord de la rivière. Nous avons passé cette journée dans le silence. Je te contemplais et toi aussi. Nous sourions, les mots étaient vains à ce moment-là. C’est ce jour que tu m’as annoncé ce diagnostic immuable de la part de tes médecins. A cet instant je les ai détesté. J’ai détesté le monde de vouloir me prendre mon bien le plus précieux. Je me suis pourtant accroché à cette petite lueur d’espoir qu’un jour nous serions libres.
Hélas...
Je me rends compte depuis que tu es parti que la vie s’est arrêtée autour de moi. Que les vingt-quatre heures le jour ne les fait plus. Que les fleurs ne fleurissent plus dans les champs. Que le rossignol ne chante plus.
Il est mort.
Comme toi.
Tout aurait pu être différent. Dans un monde meilleur tu m’aurais tenu la main, jusqu’à la demander à mon père un jour. Dans un monde meilleur tu m’aurais souri ce soir. J’aurais été tienne.
Oui dans un monde meilleur.
Un monde où tu serais là...