Elle était déjà mienne

Mon nomme est Baldé Ismaila. Je suis un jeune entrepreneur et écrivain guinéen.

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ?

Peut-être les deux. »

Si je suis dans un rêve, laissez-moi peindre sur les vagues du temps  la beauté d'un amour autrefois ardant, douce et sensuel qui peu à peu se noie dans les abysses profonds et lugubres d’un cœur en perte de mémoire.

J’aimerais à travers ces lignes laisser une part de moi dans le silence résonnant d’une nuit sans étoile.

 

C’était un soir de week-end.

La ville tout en couleur, grouillait de noctambules qui arpentaient les rues. Chacun avec un programme préétablis, une stratégie bien définit, essayait tant bien que mal de satisfaire parfois ses besoins les plus obscènes.

C’était le dernier jour d’une année très douloureuse qui laissait un gout amer sur son passage et dont beaucoup étouffaient encore sous le poids des blessures qui peinaient à cicatriser.

Comme pour célébrer une victoire acquise dans la douleur, chacun réveillait son côté sombre et laissait libre cours à ses désirs les plus enfouis.

Pour une fois, comme par magie, tout le monde avait oublié toutes ces bisbilles souvent absurdes, ces guerres d’égos et ces politiques morbides qui tenaient le pays en haleine.

C’était un 31 Décembre.

Paradoxalement, c’était le jour le plus célèbre car il annonçait la fin d’une année mais aussi laissait paraitre de loin la lueur d’une année nouvelle (même si celle-ci parraissait aussi incertaine).

C’était la fête. Et chacun fêtait en sa manière.

Comme on dit chez nous :

« Aujourd’hui  c’est aujourd’hui et demain est entre les mains de Dieu ».

 

Comme tout le monde, nous étions – mes amis et moi- sortis faire une balade pour évacuer tout ce stress pesant qui s’étaient agglutiner à nos nerfs et se faisait désagréablement sentir.

La ville bouillonnait comme jamais auparavant.

Les hôtels, les motels, les restaurants, les boites de nuit et même les petites buvettes dans les quartiers étaient pleines. C’était extraordinaire.

C’était comme si « les morts n’étaient  pas morts mais qu’ils vivaient cachés parmi nous et attendaient une telle occasion pour venir nous tenir compagnie ».  D’ailleurs qui allait se préoccuper d’un mort un tel soir ?

Nous décidions d’aller faire un tour dans une boite de nuit de la place qui venait nouvellement d’ouvrir ses portes et à ce qu’on disait, elle était la meilleure. Elle avait un DJ qui avait le pouvoir de lire tes pensées et de te mettre la musique que tu voulais sans même que tu aies besoin de le lui dire. Il pouvait te faire danser sans arrêt tout au long de la nuit sans que tu n’aies le besoin de te reposer.

Par ailleurs, la boite se trouvait en bordure de mer et un vent frais et doux y soufflait. Il y avait aussi un restaurant délicieusement garnis de mets de toute sorte qui pouvait te donner un appétit d’ogre ; un bar pour les amateurs de boissons mais et surtout un motel pour ceux qui désireraient assouvir certains fantasmes.

Bref c’était l’endroit parfait.

Ça faisait plus de deux heures que nous étions sur place tout excités. Nous dansions sur des musiques de toute sorte  et personne n’avait évoqué le besoin de faire une pause. Chacun se laissait aller en suivant le rythme de l’ambiance qui régnait.

Soudain m’apparut de l’autre côté de la piste la silhouette harmonieusement sculptée d’un corps parfait enveloppé dans une robe blanche qui laissait généreusement paraitre ses courbes.

Je m’arrêtai un instant pour admirer le détachement avec lequel elle dansait sans se soucier des regards indiscrets de ceux qui la dévoraient des yeux. Elle ne dansait pas pour qu’on lui fasse attention. Non !...Elle laissait juste son corps suivre gracieusement la mélodie. Elle ne faisait qu’un avec la musique et on aurait dit qu’elle avait ça dans le sang. Oui, elle avait le rythme dans le corps.

 Je m’approchai pour mieux contempler cette silhouette qui se dandinait et qui avait réussi à s’emparer de toute mon attention. Je ne dansais plus. J’avais du mal à cacher mon admiration derrière un regard furtif.

Elle dansait toute seule et comme s’il avait tout vu et tout compris, le DJ enchainement de belles et douces chansons d’amour. Des chansons qui réveillent en toi ces sentiments enfouis sous les décombres de ton cœur en miettes.

Tu sais, ces chansons qui te  rappellent les merveilleux moments passés avec une personne à qui tu avais donné tout ton cœur et ton âme mais qui sans dire pourquoi décida un jour de partir sans te dire au revoir.

Si tu es déjà aller en boite, tu sais que ces chansons sont magiques.

Pour ma part, la seule chose qu’elles réveillaient c’était un désir ardant de serrer si fort ce petit corps qui paraissait si doux et si fragile contre moi que même le sang arrêterait de circuler.

Elle était belle

Elle avait un corps parfait et excitant

Elle avait un regard sublime et envoutant

Elle avait l’allure d’une reine

Dans ma tête, elle était déjà mienne

Comment pouvais-je l’approcher ? Qu’est-ce que je pouvais lui dire ?

Est-ce que je devais juste aller la saluer et lui dire que je l’aime pour que je ne sais, par quelle magie elle dise qu’elle m’aime aussi et que nous vivions une belle histoire d’amour directement sorti d’un conte de fée ?

Toutes ces questions me taraudaient l’esprit. J’étais confus.

Il fallait trouver la meilleure façon de répondre.

Je devais trouver mieux. Je devais trouver une meilleure approche, une approche originale. Oui, une approche que même Cupidon ne saurait trouver. 

Comme l’on dit souvent, « le cœur a ses raisons que la raison ignore ».

Soudain, comme si tout l’univers complotait pour me venir en aide, j’eus une illumination. Je me rappelai que j’avais lu dans un livre que : « face à un problème très complexe, la solution la plus simple est souvent la meilleure ».

Je compris que parfois la meilleure manière d’être éloquent, c’est de ne rien dire.

Je décidai alors de m’approcher sans rien dire.

J’avançai d’un pas hésitant mais déterminé derrière elle et passa doucement mon bras au tour de sa taille. Elle se tourna et me regarda dans les yeux. Sans rien dire, je lui fis mon plus beau sourire. Peut-être que c’était un gros sourire niais. Je ne m’en souviens plus. Je sais juste qu’à son tour elle me sourit et s’approcha de moi.

Elle passa ses bras au tour de mon coup. J’étais tellement nerveux que mon cœur battait si fort. J’avais du mal à retrouver mon rythme. Comme si elle avait senti mon angoisse, elle s’approcha encore un peu, puis encore un peu. Elle m’agrippa comme pour m’empêcher de m’échapper. Elle colla son corps au le mien et ses seins contre ma poitrine m’excitaient de plus en plus. Nous ne faisions qu’un et à cet instant la terre avait arrêté de tourner, le temps s’arrêta. Plus rien ne comptait autre que cette douce mélodie qui nous emportait vers mille et une merveilles.

Plus la chanson avançait, plus je la serrais fort contre moi comme pour lui dire : tu es à moi et  je ne la laisserai plus partir.

Elle laissa poser sa tête sur mon épaule et s’agrippa plus fort à mon coup. Nos cœurs avaient fusionnés pour battre ensemble. La chaleur de son corps était d’une douceur sans pareil.

Comme elle était douce !

Peu à peu la chanson finissait mais comme liés par un champ magnétique, nous avions du mal à se lasser. Elle leva la tête me regarda intensément dans les yeux comme si elle attendait quelque chose. Ou peut-être pour prolonger cet instant.

Je savais que ça ne pouvait pas finir sur une mauvaise note.

Tendrement, je repoussai ses cheveux qui s’étaient posés sur un côté de son visage. C’était un instant magique.

Je passai ma main derrière sa tête comme si je voulais éviter qu’elle ne penche derrière. Je fermai les yeux et me penchai pour embrasser ces belles lèvres qui n’attendaient que ça.

Brusquement mon téléphone sonna. Je m’arrêtai un instant pour voir ce qui se passait.

Quand j’ouvris les yeux, j’étais couché seul dans mon lit dans le froid et la solitude.

Ce n’était qu’un rêve.

Oui un de plus qui ne se réalisera peut-être jamais.