Doux dictateur

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. J’ai beau tourner la question dans tous les sens à la recherche de mille et une réponse mais le verdict reste le même : subir ou mourir . Tel est mon sort et celui de milliards d’autres. Je veux croire que c’est un rêve. Je veux échapper à la réalité. Cependant dès que je tends l’oreille, fusent de partout les ondes des médias pour me ramener à mon vécu illusoire. Les jours s’égrènent dans ce tunnel sans fin et mon désarroi devient de plus en plus sombre dans cette demeure qui s’est métamorphosée en prison. Sortir m’aiderait sûrement à y voir plus clair. Mais où aller ? L’extérieur se révèle être un champ de mines antipersonnel où la mort peut vous happer à chaque instant. Quoi de plus sûr que cette maison qui m’a vue naître et grandir . Elle me verra certainement mourir. Toutefois j’implore les dieux pour que ce ne soit pas de sitôt . Entendent-ils mes prières ? Je ne pense pas. Je n’ai reçu aucune lumière de leur part pour m’indiquer la fin du gouffre. Leur silence me parle comme pour me dire qu’ils ne sont plus maitres de ce monde. Hélas la girouette du pouvoir a tourné donnant dos à ce bonheur furtif auquel je m’accrochais farouchement. Mon esprit se tatoue de noir et je frise la dépression. Il faut agir ! J’irai bien affronter mon tortionnaire mais encore faut-il que je sache où et comment le trouver. Les fréquences radio m’ont rapporté qu’il est passé au rang de maitre du monde. Je ne l’ai pas élu, personne non plus ! Il s’est auto attribué la couronne mondiale. Il s’agit d’un putsch merveilleusement orchestré sans guerre ni stratégie. Dictateur incontrôlable et sanguinaire, le roi COVID, 19ieme de sa lignée règne en souverain à la présidence de ce monde. Son credo est l’hygiène plus précisément le lavage des mains, une pratique véritablement inattendue de la part d’un dictateur. Je pense que c’est sa manière à lui d’ôter de ses mains le sang de milliers de personnes. Ce nouveau chef est si imprévisible et incompréhensible. Il a d’abord décrété la fermeture des bureaux car le travail source d’épanouissement est devenu lieu de stress et de frustrations. Il s’en est suivi celle des écoles. Jadis temple du savoir, il trouve qu’elles s’apparentent désormais à des lieux d’endoctrinement. On y dicte ce que l’on doit penser. Les lieux de culte n’ont pas été épargnés par ses prescriptions. Pour lui ces endroits sensés cultiver l’élévation spirituelle sont devenus des outils d’endormissement des esprits. Enfin il nous a chassés des rues pour nous cloîtrer dans nos domiciles car nous détruisons mère nature. Ses mesures sont impartiales. Elles touchent toutes les personnes : des riches aux subalternes en passant par les célébrités. Le roi COVID, pendant son discours d’intronisation, a affirmé : «Le plus important est ce qui nous unit et non ce qui nous différencie : la race humaine». Un gouverneur qui contraint à la réflexion sur l’essence de la vie sur terre. Selon lui, nous avons perdu notre humanité. Nous nous sommes égarés dans ce monde à la recherche effrénée du bien matériel au détriment du bien être des personnes. La famille devient un décor pour la maison et le semblable n’est considéré qu’à la dimension de ce qu’il possède. Lui, il prône l’union des familles. Il a instauré la loi du confinement et du couvre-feu à dessein d’apporter plus d’attention aux enfants et au conjoint. Ce doux dictateur ne serait-il pas la réponse des dieux à ma requête pour un bonheur plus authentique ? Plus j’y réfléchis et plus je m’y perds. Tout porte à croire que je suis condamnée à vivre dans l’impasse.