Un jour, je les ai rencontrés. Dans un club de cinéphiles. Je les ai vus là sur l’écran, eux que j’aimais depuis si longtemps . Lennie d’abord, mon innocent préféré, mon antihéros, un... [+]
La petite fille a deux ans. Un de ses grands plaisirs dans la vie est de s'occuper des chaussures des autres, cela lui vient de son vécu quotidien.
Avec des tas d'autres cadeaux de bébé, elle en a reçu une paire il y a peu pour son anniversaire. Elles sont toutes belles, roses avec une semelle beige et des lacets blancs. Elle en est fière la petite fille et elle comprend à sa façon qu'il s'agit d'objets précieux puisqu'ils doivent être enlevés quand on entre dans le salon comme si l'on pénétrait dans un lieu sacré. Alors, elle fait savoir à tous ceux qui sont installés là, membres de la famille ou amis qu'ils doivent en faire autant . Elle adapte son ton à la personne à qui elle s'adresse . Ainsi pour sa mamie qu'elle adore, elle se fait douce :
Mamie, mamie, chaussures, il te plaît ( en apprentissage du langage
elle omet certaines syllabes).
La mamie , souriante, s'exécute. Puis , Rose déchausse ceux qui ne sont pas assez rapides. Nous sommes en été, c'est facile pour elle d'ôter à leurs aux occupants...leurs tongs.
Ce vendredi-là, cependant ce fut plus compliqué. Un homme, haut de taille avec un cartable à la main, entra dans le salon. Costume trois pièces sombre, cravate noire, malgré la chaleur suffocante et aux pieds, aux pieds ? Des baskets de chez Puma, dessus et immenses semelles, noires.
C'est qu'il n'en peut plus l'huissier vénérable de venir annoncer les saisies et autres tristes nouvelles alors qu'il fait 30 degrés dehors et sur la plage jusqu'où il faut parfois aller chercher les visités. Il s'est donc autorisé des pieds faciles à manœuvrer, des baskets réconfortantes et sympathiques. Il leur parle parfois, leur raconte les difficultés de sa vie professionnelle mais aussi personnelle. Il est moins malheureux pour aller jouer son rôle de mal aimé, maintenant qu'il marche avec elles.
La maman l'a fait entrer dans la sacro-sainte pièce, par civilité mais non sans amertume et lui a proposé de s'asseoir.
La petite fille pointe immédiatement ses chaussures et s’approche de l'homme tout noir. Elle s'agenouille à ses pieds et lui lance son ordre habituel :
Chaussures ! Chaussures !
Il ne comprend pas. Après lui avoir désigné du doigt ses baskets roses bien rangées dans un coin de la pièce, elle commence à défaire les scratches de celles de l'importun. Personne ne l'en empêche, l'on sent plutôt une sorte d'encouragement tacite de l'ensemble des personnes qui assistent à la scène.
L'homme au cartable, l'air effaré remet ses chaussures en situation de marche, se lève brusquement et s'évade en courant de ce lieu étrange. Depuis le jardin, famille et amis crient :
- Au revoir, Monsieur l'huissier.
Rose essaie de faire aussi entendre sa voix :
- Au revoir vicié.
Chacun l'embrasse, c'est bien grâce à elle qu'ils n'auront , en cette belle journée d'été, signé aucun papier fatal et aussi grâce à deux paires de baskets, de milieu social différent.
Avec des tas d'autres cadeaux de bébé, elle en a reçu une paire il y a peu pour son anniversaire. Elles sont toutes belles, roses avec une semelle beige et des lacets blancs. Elle en est fière la petite fille et elle comprend à sa façon qu'il s'agit d'objets précieux puisqu'ils doivent être enlevés quand on entre dans le salon comme si l'on pénétrait dans un lieu sacré. Alors, elle fait savoir à tous ceux qui sont installés là, membres de la famille ou amis qu'ils doivent en faire autant . Elle adapte son ton à la personne à qui elle s'adresse . Ainsi pour sa mamie qu'elle adore, elle se fait douce :
Mamie, mamie, chaussures, il te plaît ( en apprentissage du langage
elle omet certaines syllabes).
La mamie , souriante, s'exécute. Puis , Rose déchausse ceux qui ne sont pas assez rapides. Nous sommes en été, c'est facile pour elle d'ôter à leurs aux occupants...leurs tongs.
Ce vendredi-là, cependant ce fut plus compliqué. Un homme, haut de taille avec un cartable à la main, entra dans le salon. Costume trois pièces sombre, cravate noire, malgré la chaleur suffocante et aux pieds, aux pieds ? Des baskets de chez Puma, dessus et immenses semelles, noires.
C'est qu'il n'en peut plus l'huissier vénérable de venir annoncer les saisies et autres tristes nouvelles alors qu'il fait 30 degrés dehors et sur la plage jusqu'où il faut parfois aller chercher les visités. Il s'est donc autorisé des pieds faciles à manœuvrer, des baskets réconfortantes et sympathiques. Il leur parle parfois, leur raconte les difficultés de sa vie professionnelle mais aussi personnelle. Il est moins malheureux pour aller jouer son rôle de mal aimé, maintenant qu'il marche avec elles.
La maman l'a fait entrer dans la sacro-sainte pièce, par civilité mais non sans amertume et lui a proposé de s'asseoir.
La petite fille pointe immédiatement ses chaussures et s’approche de l'homme tout noir. Elle s'agenouille à ses pieds et lui lance son ordre habituel :
Chaussures ! Chaussures !
Il ne comprend pas. Après lui avoir désigné du doigt ses baskets roses bien rangées dans un coin de la pièce, elle commence à défaire les scratches de celles de l'importun. Personne ne l'en empêche, l'on sent plutôt une sorte d'encouragement tacite de l'ensemble des personnes qui assistent à la scène.
L'homme au cartable, l'air effaré remet ses chaussures en situation de marche, se lève brusquement et s'évade en courant de ce lieu étrange. Depuis le jardin, famille et amis crient :
- Au revoir, Monsieur l'huissier.
Rose essaie de faire aussi entendre sa voix :
- Au revoir vicié.
Chacun l'embrasse, c'est bien grâce à elle qu'ils n'auront , en cette belle journée d'été, signé aucun papier fatal et aussi grâce à deux paires de baskets, de milieu social différent.
Viendrez -vous enfiler mes "Baskets ensablées " pour un moment de plaisir ... ?
Puis-je vous proposer un tour sur ma page avec notamment "mon monde ordinaire" et "mes premières baskets" pour le plaisir des échanges