Confusion

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux. Peut-être suis-je un fou désespéré. Elisabeth pleurait dans mes bras à chaque fois que je lui parlais de mariage. Comme si le souvenir d’une horrible vie hantait son avenir de mirage. Cette situation devenait de plus en plus insupportable. Elle-même se sentait vulnérable, inévitablement coupable. Elle qui a paru dans ma vie et dans ma pensée comme la fraîcheur des fleurs en activité.
Je l’avais rencontré en cette année 2016. Jeune insouciante à ses vingt et un ans de fraise. Telle une happe neuve à sa première mélodie. Elle avait la beauté qu’on pouvait inviter au soir de bal : teint clair, mince, simple, naturelle, répondant parfaitement à la beauté moderne. Trouvant son plaisir de fille vierge dans la pudeur et dans la vertu. Elle était soumise, respectueuse, généreuse, simple, attentionnée, parfaite pour prendre le trophée de femme au foyer. Et moi, perdu dans mes rêves mes peines et mes pensées, vers elle les sentiments m’ont attiré dans ses filets. Elle habitait à Yopougon, un célèbre quartier d’Abidjan, connu pour sa jouissance aux brassages de la bière par ses adjuvants. Diplômée d’un baccalauréat, sourire sous cet exploit qui fascine, elle ferait ses premières études Universitaires en faculté de médecine. En souvenir des anomalies génétiques dont-on ne puisse se séchoir ; Un métier soudain qu’elle compte embrasser malgré elle. C’est de là que nous nous sommes rencontrés pour la première fois. Elle était si mystérieuse. Comme si elle cachait un passé venimeux. Voilà depuis presque quatre ans que je courtise les joyaux de son champ. Je pensais que mes sentiments pour elle avaient mis en doute ses soucis. Pourtant, je sens un mur de murmures dans ses raisonnements. Comme si la peur l’avait avalée par son envoûtement ! Mille et une questions vagabondaient dans ma pensée : « Qu’avait-elle ? M’interroge-je. A-t-elle une maladie dont on ne puisse soigner ? Est-elle stérile ? A-t-elle été victime d’abus sexuel ?»Je me sentais impuissant et en colère. Je me sentais effrayé. Un doute narquois gagnait peu à peu mes envies. Les heures nues passèrent sans réponses. Figé dans le noir grandissant de mes idées, une curiosité des plus affamée me torturait. Autour de moi dansaient les filles du néant. J’étais prisonnier de leur château à présent. Je me sentais impuissant. J’étais cloîtré et accroché à cet hameçon terrifiant. Je n’en pouvais plus sous ses reliques, titillé chaque instant par les sentiers obliques.
Un soir, après que je me mis l’esprit en repos pour un temps, mon téléphone portable s’est mis à sonner sa voix de printemps. Heureux comme toujours, je me précipitai pour décrocher. Cauchemar, elle semblait bizarre, en ce jour là dans les huées. Sa voix trémulait le son fatigué d’un vieux moteur. Ses paroles étaient méconnaissables, courtes, meurtries de frayeurs. Jusqu’enfin où elle me dit :
« Oublie-moi je ne t’aime pas. J’ai essayé mais je ne peux plus faire avec toi des pas. Je préfère rester seul, je ne veux pas te faire souffrir sous aucun prétexte. Ne me cherche plus. Reprends le cour de ta vie dans son contexte. Je ne suis pas une femme à marier ni à aimer. Pardon de t’avoir fait espérer pendant toutes ces années. J’ai peur et j’ai mal. Cela est mieux ainsi pour nous deux. Toi que j’ai aimé toi que je ne puisse oublier, adieu ! »
-Chérie, je... » Elle parlait avec des pleures semblables au nourrisson, elle me raccrocha au nez. Je rappelai, en vain, Sempiternelle confusion. Sa ligne était interrompue. Son téléphone ne passait plus. C’était impossible d’établir le contacte directe. Que je fus déçu ! Elle limogea même ses ouvertures aux réseaux sociaux. Quel châtiment si brûlant me mettant au cachot ! Pauvre de moi, ma vie vient de s’assombrir. Que serait à présent l’avenir ? Mes larmes perlaient sur ma joue confuse. J’étais si près du but. Voici, tout s’écroule à présent. Hier la nuit fut longue et pleins de cauchemars. A peine ai-je fermer l’œil que ses larves m’emprisonnent dans sa mare. Maintenant, chaque vent calme qui me soufflera sous l’ombre des arbres, sera pour moi comme le glaive dans ma chair. Toute caresse du soir bisouté par le crépuscule joyeux de bonheur sera pour moi comme un court circuit dans le cœur. Perdu au lointain euphorique, sur les côtes d’azur, les oiseaux qui gazouillent sous l’aurore ne me rassurent ! Chaviré par le déclin c’est la chute du destin. Que je ris, que je pleur, que je mange, faible ou fier, tout cela n’a plus d’importance. Ma vie a pris l’allure de misère. Cette plaie dans mon cœur ne guérira pas si tôt. Elle est trop incrustée en moi telle une proie dans les serres de l’oiseau. Le dos courbé, la tête baissée, retranché dans le couloir, mes pensées seront comme du sel sur le ver de terre.
Fatigué de faire le pied de la grue, perdu dans ma tête étoilée, je décidai un jour courageux, me lancer à son habitacle possédé. Espéré voir une dernière fois son corps strié et tenter de comprendre sa réédition. Ce jour là, le chemin de sa maison semblait très long à mes yeux. Je marchais les regards fixés à son regard vague et anxieux. L'air du soir semblait lourd pour moi déplumé. Mille peurs gagnaient la fournaise de mes idées. Un silence des moins habituels grondait le quartier. Tout semblait endormi dans cette cité. On pouvait entendre les véhicules dans leur froideur faire la sieste. Le repos se lisait aussi dans l’air. Tout avait l’air d’être dans son assiette. J’étais seulement bluffé par le sourire des lampadaires qui me lançaient le flash de l’espoir et de tristes vers. A deux pas, me voici au pied de sa porte.