Ce matin-là, comme chaque matin depuis des mois maintenant, Élise testa sa voix inutilement. Elle avait repris l’habitude d’enfouir sa tête sous l’oreiller après que le réveil eut sonné... [+]
Dans la nuit de vendredi à samedi, j'ai fait un rêve étrange.
Par le biais des immenses progrès de la métaphysique, j'étais dématérialisée en un code informatique. Un code à 10 chiffres. Perdue dans un circuit électronique. Au bord d'une voie de circulation. D'abord complètement déboussolée, j'ai regardé passer des chiffres, des dizaines de milliers de chiffres le long de cette route à grande circulation. Je me suis retournée et j'ai découvert que j'étais entourée de routes semblables, par centaines. Des larges, d'autres étroites. Certaines peu empruntées. D'autres bondées. Alors, parce que rester bouche bée devant ce spectacle était inutile, j'ai sauté le pas. J'ai pris mon élan, j'ai rassemblé les 10 chiffres de mon code et je me suis jetée sur une large route que j'avais choisie pour sa faible circulation. Quel plaisir étrange que de se laisser entraîner par un flux que l'on ne maitrise pas ! J'ai retrouvé les sensations d’une enfant qui se jette, tête la première, dans le tuyau d'un toboggan géant... à la différence qu’aujourd’hui, je ne savais pas si une piscine ou un tapis moelleux allaient m'attendre à l'arrivée. En guise de train d’atterrissage, j’ai carambolé mon code sur une piste cuivrée. Par analogie avec le réseau routier que l'on connaît, j’étais entassé au centre d’une petite place octogonale. De chacun de ses angles repartait une artère semblable à celle que j'avais empruntée pour arriver jusqu'ici. Elle était entourée de murs composés de tiroirs. Des centaines de milliers de tiroirs. Certains comportaient une étiquette sur laquelle était apposée un code, d'autres semblaient vides. Par curiosité, je me suis jetée sur l'un des tiroirs numérotés. A ma grande stupéfaction, j’ai été projetée à l'intérieur, dans une salle qui ressemblait à ce que l'on aurait pu comparer à un studio d'enregistrement. Une musique que je connaissais emplissait cette atmosphère feutrée. Les murs acoustiques étaient décorés de photos de l'album en cours de diffusion, que j'avais maintenant reconnu comme faisant partie de ma discographie. Curieuse, je sautais de tiroir en tiroir. Il y avait là tous mes artistes préférés. Saoulée de bruit, je finis par emprunter, au hasard, l'une des 7 autres artères de l'octogone. Après quelques dizaines de micro secondes, j'ai débouché sur une autre place. Les noms des bâtiments qui l'entouraient m'étaient connus. J'entrais dans le plus proche. J'étais dans un immense hall dont les murs étaient recouverts de photos. Mes photos. Enfin, les photos de mon smart phone. C'est là que j'ai compris. J'ai réalisé que mon code à 10 chiffres circulait à l'intérieur de mon téléphone.
Amusée, je suis allée saluer mes contacts, j'ai traversé rapidement mes dossiers professionnels, j'ai fait le tour de ma bibliothèque de livres, constatant qu'il y avait du ménage à faire.
Bref, après avoir revisité l'intimité de mes données personnelles, je me suis interrogée sur ce que j'allais bien pouvoir faire et si j'étais limitée à mon propre téléphone.
Et puis, j'ai pensé à toi.
Je me suis demandé si je pouvais sortir des circuits physiques de l'appareil pour circuler sur internet.
Traversant à toute allure les réseaux sociaux, j'ai recherché nos avatars. J'ai reconnu le mien. Je lui ai sauté dessus et j'ai observé. J'avais une vue superbe sur l'immensité du web. Comme si j'étais sur le toit du monde. Je voyais, immédiatement en dessous les différentes applications : jeux, forums, blogs, encyclopédies,... C'était comme observer une mégapole du haut d'un gratte-ciel, dotée d'un ULM pour pouvoir atterrir là où je le souhaitais. C'était grisant. Je décidais alors de me poser près de toi. Les 10 chiffres de mon code s'en sont trouvés tout chamboulés. Ils ne savaient plus se tenir et je me suis réveillée en sueur. Il était 6h33 samedi matin.
Par le biais des immenses progrès de la métaphysique, j'étais dématérialisée en un code informatique. Un code à 10 chiffres. Perdue dans un circuit électronique. Au bord d'une voie de circulation. D'abord complètement déboussolée, j'ai regardé passer des chiffres, des dizaines de milliers de chiffres le long de cette route à grande circulation. Je me suis retournée et j'ai découvert que j'étais entourée de routes semblables, par centaines. Des larges, d'autres étroites. Certaines peu empruntées. D'autres bondées. Alors, parce que rester bouche bée devant ce spectacle était inutile, j'ai sauté le pas. J'ai pris mon élan, j'ai rassemblé les 10 chiffres de mon code et je me suis jetée sur une large route que j'avais choisie pour sa faible circulation. Quel plaisir étrange que de se laisser entraîner par un flux que l'on ne maitrise pas ! J'ai retrouvé les sensations d’une enfant qui se jette, tête la première, dans le tuyau d'un toboggan géant... à la différence qu’aujourd’hui, je ne savais pas si une piscine ou un tapis moelleux allaient m'attendre à l'arrivée. En guise de train d’atterrissage, j’ai carambolé mon code sur une piste cuivrée. Par analogie avec le réseau routier que l'on connaît, j’étais entassé au centre d’une petite place octogonale. De chacun de ses angles repartait une artère semblable à celle que j'avais empruntée pour arriver jusqu'ici. Elle était entourée de murs composés de tiroirs. Des centaines de milliers de tiroirs. Certains comportaient une étiquette sur laquelle était apposée un code, d'autres semblaient vides. Par curiosité, je me suis jetée sur l'un des tiroirs numérotés. A ma grande stupéfaction, j’ai été projetée à l'intérieur, dans une salle qui ressemblait à ce que l'on aurait pu comparer à un studio d'enregistrement. Une musique que je connaissais emplissait cette atmosphère feutrée. Les murs acoustiques étaient décorés de photos de l'album en cours de diffusion, que j'avais maintenant reconnu comme faisant partie de ma discographie. Curieuse, je sautais de tiroir en tiroir. Il y avait là tous mes artistes préférés. Saoulée de bruit, je finis par emprunter, au hasard, l'une des 7 autres artères de l'octogone. Après quelques dizaines de micro secondes, j'ai débouché sur une autre place. Les noms des bâtiments qui l'entouraient m'étaient connus. J'entrais dans le plus proche. J'étais dans un immense hall dont les murs étaient recouverts de photos. Mes photos. Enfin, les photos de mon smart phone. C'est là que j'ai compris. J'ai réalisé que mon code à 10 chiffres circulait à l'intérieur de mon téléphone.
Amusée, je suis allée saluer mes contacts, j'ai traversé rapidement mes dossiers professionnels, j'ai fait le tour de ma bibliothèque de livres, constatant qu'il y avait du ménage à faire.
Bref, après avoir revisité l'intimité de mes données personnelles, je me suis interrogée sur ce que j'allais bien pouvoir faire et si j'étais limitée à mon propre téléphone.
Et puis, j'ai pensé à toi.
Je me suis demandé si je pouvais sortir des circuits physiques de l'appareil pour circuler sur internet.
Traversant à toute allure les réseaux sociaux, j'ai recherché nos avatars. J'ai reconnu le mien. Je lui ai sauté dessus et j'ai observé. J'avais une vue superbe sur l'immensité du web. Comme si j'étais sur le toit du monde. Je voyais, immédiatement en dessous les différentes applications : jeux, forums, blogs, encyclopédies,... C'était comme observer une mégapole du haut d'un gratte-ciel, dotée d'un ULM pour pouvoir atterrir là où je le souhaitais. C'était grisant. Je décidais alors de me poser près de toi. Les 10 chiffres de mon code s'en sont trouvés tout chamboulés. Ils ne savaient plus se tenir et je me suis réveillée en sueur. Il était 6h33 samedi matin.