J’aime flâner. Il m’arrive de temps en temps de chercher le silence et de me laisser aller dans la lenteur, une sorte d’hypnose. Tout naturellement je gravis les marches d’une église. À l’entrée, je suis accueilli par un personnage atypique au nez aquilin et aux longs cheveux dressés en queue de cheval.
— Je suis le gardien du temple, je m’appelle Emmanuel, me dit-il.
— Ah, je croyais que c’était une cathédrale, lui dis-je.
— Non, c’est une église réformée, d’ailleurs ses dimensions en font l’édifice protestant le plus haut de la région. Mais d’une certaine manière vous avez raison, dans notre ville on considère le temple comme « La cathédrale ». Si vous le souhaitez, je peux vous accompagner lors de votre visite, ce sera comme une visite guidée.
J’ai accepté la proposition d’Emmanuel, qui se fait visiblement un immense plaisir de m’expliquer et commenter le récit des vitraux.
— Le 1er vitrail parle de la création de la femme. Vous voyez, Adam est assis sur une pierre à côté d’un arbuste, ce qui signifie qu’il est dans le jardin d’Eden. Le personnage à côté de lui, c’est Dieu. Il tire Eve du flanc d’Adam. J’acquiesce.
— Vous en avez de l’imagination, dis-je à Emmanuel.
— Ah non, je ne fais qu’interpréter la Genèse.
— C’est ainsi tout bonnement que l’humanité a été créée, demandais-je à mon guide ?
Mon éveilleur de conscience fait abstraction de mon interrogation.
— Dites Emmanuel, Adam existait-il avant Dieu ?
Il me fixe d’un regard perçant avec un œil dirigé vers le haut et l’autre vers le bas, comme si j’étais le malin.
— L’homme vient de la poussière, mais il a été créé avant les animaux et les plantes, me lance-t-il.
— Alors vous et moi, nous ne sommes qu’un amas de détritus d’étoiles ?
— Vous me cherchez, je le vois bien. Vous me cherchez !
— Non Emmanuel, j’essaie de comprendre la signification des vitraux. Je suis navré, je grippe sur la création.
Je ne sais pas quel saint a fait signe à mon guide. En tout cas je suis resté seul dans le temple. Je me suis assis sur un banc en contemplation devant un tableau accroché aux cimaises de la nef, qui représente le pauvre Jonas dans le ventre de la baleine.
Depuis qu’elle m’a quitté, je suis comme Jonas cerné par l’abime.
Je dois me rendre à l’évidence et donner raison à l’artiste qui a réalisé le vitrail de la création : la femme est bien le sommet du commencement et de l’aboutissement...
— Je suis le gardien du temple, je m’appelle Emmanuel, me dit-il.
— Ah, je croyais que c’était une cathédrale, lui dis-je.
— Non, c’est une église réformée, d’ailleurs ses dimensions en font l’édifice protestant le plus haut de la région. Mais d’une certaine manière vous avez raison, dans notre ville on considère le temple comme « La cathédrale ». Si vous le souhaitez, je peux vous accompagner lors de votre visite, ce sera comme une visite guidée.
J’ai accepté la proposition d’Emmanuel, qui se fait visiblement un immense plaisir de m’expliquer et commenter le récit des vitraux.
— Le 1er vitrail parle de la création de la femme. Vous voyez, Adam est assis sur une pierre à côté d’un arbuste, ce qui signifie qu’il est dans le jardin d’Eden. Le personnage à côté de lui, c’est Dieu. Il tire Eve du flanc d’Adam. J’acquiesce.
— Vous en avez de l’imagination, dis-je à Emmanuel.
— Ah non, je ne fais qu’interpréter la Genèse.
— C’est ainsi tout bonnement que l’humanité a été créée, demandais-je à mon guide ?
Mon éveilleur de conscience fait abstraction de mon interrogation.
— Dites Emmanuel, Adam existait-il avant Dieu ?
Il me fixe d’un regard perçant avec un œil dirigé vers le haut et l’autre vers le bas, comme si j’étais le malin.
— L’homme vient de la poussière, mais il a été créé avant les animaux et les plantes, me lance-t-il.
— Alors vous et moi, nous ne sommes qu’un amas de détritus d’étoiles ?
— Vous me cherchez, je le vois bien. Vous me cherchez !
— Non Emmanuel, j’essaie de comprendre la signification des vitraux. Je suis navré, je grippe sur la création.
Je ne sais pas quel saint a fait signe à mon guide. En tout cas je suis resté seul dans le temple. Je me suis assis sur un banc en contemplation devant un tableau accroché aux cimaises de la nef, qui représente le pauvre Jonas dans le ventre de la baleine.
Depuis qu’elle m’a quitté, je suis comme Jonas cerné par l’abime.
Je dois me rendre à l’évidence et donner raison à l’artiste qui a réalisé le vitrail de la création : la femme est bien le sommet du commencement et de l’aboutissement...
Où se pétrit le genre humain