Cauchemar bien assez court

« Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux ? » Mon père venait-il vraiment de me frapper avec sa ceinture ? Que me reprochait-il ! Humm, mes parents je les aime et j'ai toujours fait ce qu'ils attendaient de moi même si parfois je n’étais pas pour. Alors pourquoi père me frappait-il et pourquoi mère était-elle restée silencieuse ? Me laissant seule dans ce cercle entouré de tous ces mâles enragés. Est-ce ainsi qu'elle récompensait mon amour pour elle, ma loyauté, car oui je me rappelle encore ce fameux soir, où elle était venue dans ma chambre en pleurs parce que je m'étais opposée à une décision de père. Ce soir-là, mère pleura me suppliant de faire ce que père me demandait car mon refus risquait de la mettre en disgrâce devant père et en tant que seconde épouse non appréciée par la famille, cela ne serait point à son avantage. Face à ses pleurs je cédai et pourtant je m'étais promise depuis la dernière fois que je ne laisserai plus père décider pour moi, en effet après mon bac il s'opposa à mon choix de faire le droit et décida que j'étudie plutôt une langue, alors en bon enfant j’acceptai et m'inscrit en ANGLAIS. Mon père était tellement protecteur avec moi mais alors comment pouvait-il me frapper aujourd’hui ? Humm pour mon oncle cela ne m'étonnait guère, cet homme malgré dix années d'études au pays des blancs était resté aussi borné et plein de tabous, la preuve aucune de ses filles n'allaient à l'école, chez lui seul les garçons étaient instruits, ses filles, il estimait qu'elles n'avaient pas besoin de grand diplôme pour avoir un bon foyer. Ces coups à lui peu m'importais, mais ceux de mon père, je ne pouvais le comprendre. Soudain ma tante maternelle Christine fit son entrée dans le grand salon de la maison, Christine cria « mais que se passe-t-il ? Pourquoi Noor est-elle à genoux au centre de ce fameux cercle ?» Alors mon père se leva et lui dit « Christine qui t'a invité où appelé ? Retourne d'où tu viens, nous sommes en réunion de famille et mon unique fille tu ne me diras pas comment l'éduquer, femme de mauvaise vie sort de ma maison ». A cet instant j'aurais aimé avoir pour mère cette femme de mauvaise vie comme mon père l'appelait souvent, tout cela à cause de son passé ; en effet ma tante n'avait pas mené une vie de sainte comme ma mère. En voyant ma tante repartir je compris qu'il n'y avait plus d'espoir pour moi mais une question me torturait l'esprit comment Rafiq, mon époux a-t-il convaincu père ?
Dans cette histoire j'étais censée être la victime car je me rappelle il y'a trois mois suite aux pleurs de mère j'acceptai le mariage que père me proposait. Je n’eus qu'une condition, celle de pouvoir continuer mes études et mère me rassura que je n’eusse rien à craindre à ce sujet. Le mariage eu lieu une semaine après mon accord. Je n'ai pu rencontrer mon prétendant avant le mariage, eh oui je n'avais même pas eu droit à la coutumière cours d'un prétendant. Le jour du mariage j'avoue que je fus surprise car Rafiq paraissait bel homme, gentil et attentionné. Les premiers mois de mariage passèrent très vite, Rafiq rentrait quelques fois tard, parfois ne dormais pas à la maison. Quant à moi il n'aimait pas que je sorte donc j'étais tout le temps à la maison, mise à part les rares visites que je faisais aux parents en la compagnie de mon mari. Un mois après la reprise des cours, je n'avais toujours pas eu le courage de parler à Rafiq car il y'a pas longtemps mon cher époux m'avait frappé juste parce que je lui avais reproché d'être rentré tard et ivre, je me rappelais encore ces paroles « FEMME ! à qui oses-tu parler de la sorte ? Et baisse le regard, comment oses-tu ? ». Une fois décidé, je parlai à Rafiq après le dîner des cours à la fac. Rafiq fit la sourde oreille, alors au moment de dormir je tentai une fois de plus, et là mon mari se leva d'un bond du lit et commença à crier « Noor tu ne manques de rien dans cette maison, je ne suis pas un homme incapable, alors oublie cette histoire ». Ces mots me firent l'effet d'une douche froide et je protestai, la suite ne fut que gifles et coups de ceinture. Après les coups que Rafiq m'avait donnés je décidai de parler à ma mère, mais comment allais-je faire vu que Rafiq m'empêchait de sortir, me surveillait, cette maison était devenue ma prison. Même mon téléphone était mis sur écoute, malgré tout je pris le risque d'inviter ma mère à la maison, et lui raconta que Rafiq refusait que je reprenne les cours, mais je me tais sur les coups. Curieusement ma mère ne vit aucun mal à cela et me dit clairement d'oublier mon histoire d’étude. Ma mère qui m'avait fait une promesse, voilà qu'elle ne la tenait pas. Dépassée et assaillie de questions, j'étais complètement perdue quand mère me quitta. Je décidai de me reposer un peu mais je me réveillai un peu tard et je devais faire le dîner. À peine je me mise en cuisine que Rafiq arriva, voyant que rien n’était prêt il se mit en colère, m'insulta et commença par me donner des coups. Lasse de me frapper, il alla prendre un bain puis ressorti de la maison. A son départ je pensai que mon calvaire était terminé mais non, une fois rentré à 3h du matin, Rafiq me réveilla par des coups, et me dit « FEMME ! réveille-toi ! comment oses-tu t'endormir or ton mari est dehors et surtout sans avoir accompli ton devoir conjugal » puis sans ménagement il abusa de moi. A mon réveil le matin Rafiq était parti pour le boulot, je jouai la carte de la ruse pour m'enfuir de la maison et courir chez mes parents. Mais hélas, je vois aujourd'hui que ces deux nuits réfugiées chez eux n'auront servi à rien car voici que ceux-ci préféraient croire les dires de mon mari et me frappaient devant mes beaux-parents. En plus père venait de me sommer, qu’après la prière de Isha ce soir lui-même me reconduirait auprès de mon mari. Lorsque j'entendis ces mots de sa bouche, mon cœur se mit à palpiter, il fallait que je réagisse car y retourner serait aller en enfer et je préférais mille fois mourir. Après la réunion je me recueilli en chambre pleurant mon sort et là ma mère vint m'y rejoindre, elle me prit dans ses bras pleurant de cœur avec moi, elle était tellement désolée que sa peur de perdre son foyer m'ait mise dans cette situation. Après des heures passées l'une dans les bras de l'autre, elle me quitta en me disant qu'elle avait confiance en Allah et était sûr qu'il ne permettra pas une telle chose. Je priais fort pour un miracle, quand j'entendis l'appel du muezzin, je compris alors que ce miracle n'arriverait pas et ce fut la panique. Je tremblais de peur lorsque mon père vint me chercher. La route se fit dans un silence gênant, on ne pouvait entendre que mes pleurs et le bruit des pneus. Enfin la voiture s'arrêta puis papa m'appela par mon nom « Noor on est arrivé, descend, il est temps que tu arrêtes tes enfantillages, ma fille il faut que tu deviennes une femme forte maintenant alors descend de la voiture et promets-moi d'être sage, polie et surtout battante ». Je ne pouvais le croire il me demandait d'être forte et de supporter cette vie de violence avec Rafiq ? Ne donnant pas de réponse, mon père répéta « Noor descend sinon tu vas rater ton avion ». Lorsque j'entendis avion j'ouvris les yeux, quoi ! De quel avion parlait-il ? je n'y comprenais rien, puis je descendis de la voiture et remarqua que nous étions à l'aéroport, alors mon père me prit dans ses bras me serra très fort et s'excusa. Oui ! père venait de s'excuser de m'avoir frappé, marié à Rafiq et me tendit un billet d'avion pour ma nouvelle vie, je ne pouvais le croire. Sans mot dire je pris le billet qu'il me tendait, le serrant très fort. Je ne pouvais parler mais mes larmes traduisaient si bien ma joie. Je devais partir ! un monde meilleur m'attendait loin de Rafiq, loin de toute cette souffrance.