Ses mains enserraient ses tempes. Éloi, la trentaine bien entamée, ressassait les dernières heures en tentant de lutter contre les maux de tête agitant son crâne. Il se demandait comment il avait... [+]
Autour du neuvième cercle (18) : Dans le tram.
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" Jusqu'ici, j'ai pu tenir mais cela devient... on dirait que tu ne le connais pas !
Ce qui t'as manqué, c'est d'assister à une séance de... oui, on peut appeler ça "une crise".
J'ai du mal à en parler au téléphone surtout dans un lieu public mais je suis presque seule dans le wagon... Je vais essayer de me contrôler... Je ne chuchote pas ! J'ai baissé d'un ton. Tu m'entends ?
J'ai eu peur d'être coupée ! Je suis tellement nerveuse.
Il suffit que j'effleure la mauvaise touche et... oui, je vais faire attention.
C'est intenable, tu sais. il y a dix ans que cela dure. Sans un moment de répit.
Les hospitalisations ? Il y en a eu, je ne te l'apprends pas... et il en ressort, tu t'en doutes... avec un nouveau protocole. Comme l'ancien, parfois pire que l'ancien et ça recommence.
Dans la cuisine, il y a une heure, il a pris un couteau.
Mais oui, les tiroirs sont fermés à clefs ! Il est capable d'ouvrir une serrure avec un bout de fer, une épingle, tout ce qui lui tombe sous la main.
Et non, il ne m'a pas menacée ! Il a joué avec la lame, pas longtemps comme si c'était un miroir puis il la remise à sa place...Si j'ai peur ? Mais bien sûr !
Il n'est pas violent ? C'est ce que tu crois ! Il ne dit jamais rien et ça m'angoisse. On sent que quelque chose se déchaîne en lui, une force terrible et comme elle est venue, elle s'arrête sans prévenir et après, il lit.
Non, jamais le même livre... rien de particulier... n'importe quoi... C'est un exutoire ?... Peut-être.
Mais je n'y crois pas.
S'il se plonge dans la lecture, c'est par provocation.
Il te faut une preuve ? Il ne tourne jamais les pages ! Il peut rester sur la même un bon quart d'heure.
Et sans un regard pour moi.
Il m'a éliminée. C'est tout ce qui compte pour lui. Je ne suis plus sa mère.
C'est mieux que le couteau ?... Ne plaisante pas !
Un jour, il va vraiment me tuer. Pourquoi ? Mais il n'a pas besoin de raison ! Personne ne peut entrer dans sa tête...
Oui, dès cet après-midi, on retourne dans le service... mais qu'est-ce que je vais dire ?
Il n'y a rien de flagrant, pas de passage à l'acte... des petits signes... C'est fou, j'ai senti sa présence... et me voilà comme une idiote à scruter partout... un wagon vide.
J'ai besoin de toi.
Tu ne peux pas te libérer aujourd'hui ? Tu passeras demain ?
Tu es son père, je te rappelle. J'assume seule la... souffrance de ton fils. Oui, mais pense aussi à la mienne. Elle a aussi des limites et elles sont dépassées depuis...
"Elles ont toujours été dépassées " comme tu dis... une épreuve sans fin, c'est ce qui m'attend parce que toi...
Il a coupé !
C'est pas nouveau... il se défile. C'est son mode de défense... Mais moi, le mien, c'est quoi ?"
Ce qui t'as manqué, c'est d'assister à une séance de... oui, on peut appeler ça "une crise".
J'ai du mal à en parler au téléphone surtout dans un lieu public mais je suis presque seule dans le wagon... Je vais essayer de me contrôler... Je ne chuchote pas ! J'ai baissé d'un ton. Tu m'entends ?
J'ai eu peur d'être coupée ! Je suis tellement nerveuse.
Il suffit que j'effleure la mauvaise touche et... oui, je vais faire attention.
C'est intenable, tu sais. il y a dix ans que cela dure. Sans un moment de répit.
Les hospitalisations ? Il y en a eu, je ne te l'apprends pas... et il en ressort, tu t'en doutes... avec un nouveau protocole. Comme l'ancien, parfois pire que l'ancien et ça recommence.
Dans la cuisine, il y a une heure, il a pris un couteau.
Mais oui, les tiroirs sont fermés à clefs ! Il est capable d'ouvrir une serrure avec un bout de fer, une épingle, tout ce qui lui tombe sous la main.
Et non, il ne m'a pas menacée ! Il a joué avec la lame, pas longtemps comme si c'était un miroir puis il la remise à sa place...Si j'ai peur ? Mais bien sûr !
Il n'est pas violent ? C'est ce que tu crois ! Il ne dit jamais rien et ça m'angoisse. On sent que quelque chose se déchaîne en lui, une force terrible et comme elle est venue, elle s'arrête sans prévenir et après, il lit.
Non, jamais le même livre... rien de particulier... n'importe quoi... C'est un exutoire ?... Peut-être.
Mais je n'y crois pas.
S'il se plonge dans la lecture, c'est par provocation.
Il te faut une preuve ? Il ne tourne jamais les pages ! Il peut rester sur la même un bon quart d'heure.
Et sans un regard pour moi.
Il m'a éliminée. C'est tout ce qui compte pour lui. Je ne suis plus sa mère.
C'est mieux que le couteau ?... Ne plaisante pas !
Un jour, il va vraiment me tuer. Pourquoi ? Mais il n'a pas besoin de raison ! Personne ne peut entrer dans sa tête...
Oui, dès cet après-midi, on retourne dans le service... mais qu'est-ce que je vais dire ?
Il n'y a rien de flagrant, pas de passage à l'acte... des petits signes... C'est fou, j'ai senti sa présence... et me voilà comme une idiote à scruter partout... un wagon vide.
J'ai besoin de toi.
Tu ne peux pas te libérer aujourd'hui ? Tu passeras demain ?
Tu es son père, je te rappelle. J'assume seule la... souffrance de ton fils. Oui, mais pense aussi à la mienne. Elle a aussi des limites et elles sont dépassées depuis...
"Elles ont toujours été dépassées " comme tu dis... une épreuve sans fin, c'est ce qui m'attend parce que toi...
Il a coupé !
C'est pas nouveau... il se défile. C'est son mode de défense... Mais moi, le mien, c'est quoi ?"