Au delà de l'Ultime Tablier

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux.
Je me pose très souvent cette question parce que beaucoup parlent de franc maçonnerie pour pouvoir atteindre un super degré de conception.
Développer sa conscience profonde uniquement pourrait nous permettre d’atteindre ce niveau sans avoir à saluer baphomet. J’ai pensé à plusieurs noms pour cette œuvre. Au moment où je vous parle, je ne sais pas ce m’a pris pour que je me mette à l’écrire. Franchement dit, je ne le sais pas. Mais pourquoi pas ? Je me jette à l’eau.
Dans cette vie nous distinguons deux types d’individus selon le milieu dans lequel ils sont « tombés » à leur naissance : Certains sont nés dans des familles aisées, et d’autres dans des familles très modestes pour ne pas dire pauvres.
Quelle que soit la situation de tout un chacun, mettez dans votre tête que le destin tout tracé n’existe pas les amis. Voici il y a déjà très longtemps que les visages pâles sont venus nous apporter le « Christianisme ». Je ne dis pas de ne pas croire en Dieu, parce moi-même je crois en Dieu le Père. Mais je dis que beaucoup de paroles ou d’écrits ont été inventés de toute pièce sans aucun doute. Et parmi ces multiples paroles, le pauvre, le démuni, le persécuté, le misérable, le rejeté, trouve très aisément l’explication à ses multiples malheurs, sans toutefois chercher à améliorer sa critique situation.
Imaz fait désormais partie de ce type d’individus que je viens d’introduire. Mais elle-même ne le sait pas. Ou du moins pas encore. Cela ne lui a jamais traversé l’esprit. Imaz est une femme quinquagénaire. Oh !! mais n’allons pas trop vite ! retournons cinquante années en arrière.
Dans un petit village de l’Ouest de la Haute Volta, aux toutes premières lueurs du jour, voici Imaz qui pousse son premier cri de vie. La voilà quittant l’univers doux et chaud du corps de sa génitrice, sa maman, pour un endroit que l’on appelle Terre, endroit comparable à une jungle. Pourquoi Imaz ? Pourquoi quittes-tu le paradis pour l’enfer ? Mais j’arrête de te décrire où tu es tombée. Tu auras pleinement l’occasion de le constater par toi-même.
Voici le tout premier bébé, que Samira vient de mettre au monde. Pendant neuf mois, elle a porté cet être dans son ventre qui l’a beaucoup dérangé, mais qu’elle va aimer de toute son âme. L’amour qu’une mère porte pour son enfant est le seul Vrai amour qui puisse exister sur cette terre. Un amour sans condition. Un amour éternel, qui perdure même au-delà de la mort. Cet amour ci relève purement de la métaphysique. Un phénomène non palpable qui figure comme le dit si bien Platon, « Dans le monde intelligible des idées ».
C’est également l’amour qui a permis à Imaz d’accéder à la terre des hommes. Mais celui-ci est très différent du premier que je viens d’introduire. Cet amour est celui qui naît entre une femme et un homme non parentés. Une attirance basée très souvent sur les traits physiques, ainsi que les caractères. La compréhension de ce type d’amour dépend plutôt de l’expérience que tout un chacun a eu, tout au long de sa vie. Les personnes qui ont été déçues diront que ce type d’amour est tout à fait caduque. Pourtant celles qui n’ont pas eu de déception amoureuse auront tendance à soutenir la vraie existence de cet amour.
La vielle matrone du village, qui pinça la fesse droite de la petite Imaz pour que cette dernière puisse pousser son premier cri, envoya un jeune garçon dans la brousse, pour prévenir Sibiri de l’arrivée de sa première fille.
Sibiri était un homme de 30 ans assez élancé, avec un teint noir et une carrure de boxeur. Très pieux, il s’était rendu en brousse très tôt le matin pour faire certains sacrifices aux ancêtres. Les ancêtres sont des êtres comme lui, qui ont existé il y a fort longtemps sur la même terre que lui. Ils sont de puissants intermédiaires entre les hommes et les dieux.
Sibiri voulait de tout cœur que l’accouchement de sa femme se passe bien, et espérait par la même occasion avoir un garçon. Voilà un détail important que Sibiri ne voulait pas négliger. Les ancêtres l’ont toujours aidé à accomplir ce qu’il voulait réellement et selon lui, cela ne va pas changer de sitôt.
Pourquoi un garçon ? C’est simple. Le garçon est synonyme d’héritier. Le garçon est un futur homme, donc synonyme de force, virilité et puissance. De plus, le jeune garçon une fois devenu homme, devra hériter de son « Wac », c’est-à-dire l’ensemble de tous ses gris-gris, ses talismans de protection, et d’invocation. Lui-même Sibiri avait hérité du Wac de son défunt père.
La nouvelle fut annoncée à Sibiri par le jeune garçon. Il était ravi que l’accouchement se soit bien déroulé. Les dieux ont encore exaucé ses prières.
Un peu déçu du sexe de son enfant, il était quand même très enthousiaste que ce soit une fille. Dans son cœur, il sautait de joie à l’idée que sa petite fille sera la plus belle et respectueuse de toutes les filles du village. De retour à la maison, il vit sa femme et son bébé couchées. Il contempla la scène et éprouvait à la fois deux sentiments différents, à savoir la fierté et la peur. Une peur parce que les deux êtres les plus chères à ce stade de sa vie paraissaient tellement si fragiles. Cette effroyable sensation lui donna presque la chair de poule.
Tout homme qui grandit acquière des forces en lui. De l’adolescence à son âge adulte, sa force augmente. Ses caractères physiques changent. Il devient de plus en plus habile et commence graduellement à comprendre les choses de la vie. Cet individu se sent invincible car il peut se protéger lui-même de tout danger. Mais le jour où il se met en couple et que son premier bébé arrive, il n’est plus seul. Il doit se protéger et protéger sa famille. Cette peur s’installe. Serai-je à la hauteur ? Se demandera-t-il. C’est cette question qui trottine dans la tête de Sibiri en ce moment même.
Alors il ferma les yeux un instant, et dès qu’il les ouvrit, la prophétie tant redoutée du devin commença à se réaliser.