Au commencement était l'amour

Je suis étudiant en droit ?. Je me bats comme un lion de la Téranga.???? . Je distribue des mots comme un distributeur de friandises?... j'écris pour ne pas être idiot..?

Suis- je dans le noir ou ai- je les yeux fermés ? Peut être les deux. Pourtant je voyais un éléphant dans un coin portant les soucis de la vie en bandoulière, sous l'ombre de l’arbre à zéro mètre de la devanture de l'atelier. Elle scrutait modérément les œuvres d'art du tailleur Laye fall. Ma Tante venait de quitter les lieux quelques minutes auparavant. Se présenta alors l'occasion rêvée de se lancer dans l’arène au moment de prédilection et à l'endroit adéquat. Son visage m’était étranger. Elle était engoncée dans une robe taille basse, enturbannée d’un foulard bleu.. Elle ne pouvait pas supporter mon regard de taureau. Les yeux rivés sur son téléphone , elle hochait la tête après chaque question pour répondre soit par la négative soit par l’affirmative ou marmonnait brièvement son joli prénom Awa . On dirait qu'elle s'ennuyait ou avait t’elle déjà quelque chose à conniver ? J’étais obligé d'obtempérer . Je ne croyais pas trop à l’amour. Malgré tout je la trouvais sulfureuse, avec sa forme peu généreuse, son teint sublime et son regard qui me faisait penser à Barbie. Je commençais déjà à me perdre dans la lueur de ses yeux. Je ricanais pour un rien. Je voulais faire d'elle mon élu, mon« cani teumbeul». Avant qu’on me surprenne en flagrant délit, elle m'a vite filé son numéro de téléphone en maugréant , cette peur de l'inconnu se lisait sur son visage rutilant de sueur. Je lui ai exprimé ma gratitude puis elle m'a laissé moisir sur les lieux.
L'alternance d’appels téléphoniques et de messages ne suffira pas pour la convaincre. On avait commencé à se connaitre . Elle me parlait de sa vie , de ses études... Elle venait juste d’être admise au lycée en série littéraire mais ne voulait point faire des études de droit comme moi arguant qu'elles sont longues et fastidieuses pour une fille qui doit trouver chaussure à ses pieds . Elle poursuivait avec condescendance que le juriste aime trop parler quand personne ne le comprend. En plus décider de la vie d'un être humain était un lourd fardeau car le plus abominable et le plus affreux des criminels a toujours une circonstance atténuante selon elle.
Finalement , elle me donna son approbation, un consentement non vicié lors d'un rendez-vous à l'université Gaston Berger de saint louis. On était au mois de mai, mois sinistre car un étudiant venait de recevoir sa bourse funèbre par balle. Elle avait tous les problèmes du monde pour s’infiltrer dans les lieux . Elle cachait son visage, jetait son regard partout et examinait avec attention mes pas. Elle n’était pas vraiment farouche. Je voulais partir me restaurer avec elle mais elle n’était pas prête à goûter à la pitance quotidienne des étudiants. Cette longue file d'attente causée par la rupture me poussa au désistement. Je suis retourné le ventre vide à la chambre 2 du G 7 au village A, une petite chambre que je partageais avec deux autres étudiants ,là où je l'avais enfermé comme une prisonnière. Elle dégusta lentement le « fataya complet » que j’avais troqué sur le chemin du retour . Sans en manger une grande quantité , elle ignora la boisson. Elle n’aime pas les choses sucrées, s'esclaffait- elle . Après mon discours, elle ne trouvait pas à redire. Il m'a fallu quelques petites minutes pour poser des principes et des règles dont la violation entraînerait la rupture de notre relation amoureuse.. Elle grommela que son idylle à distance avec Moustapha, un jeune de mon âge résident à Mbour, était entrain de bayer aux corneilles et que la flamme était le plus souvent soufflée par le déferlement de violence verbale. Pour une fille qui suscite la convoitise , j’étais à la limite abasourdi. J'ai décidé de la serrer dans mes bras nonobstant son petit désagrément pour la chuchoter son désormais petit surnom d'amour, Miss Monde.
La relation débilitante était illico presto gangrenée par les premiers paroxysme du désespoir au moment où le sentiment amoureux était à sa gestation laborieuse. Face à moi , un samedi soir , elle était entrain de chouiner. Je me suis vite lancé dans des délibérations empiriques. En réalité elle passait la moitié de sa journée à gamberger sur la possibilité d’une union solennelle entre une mouride , fervente talibé de cheikh Ahmadou Bamba, et un catholique pour qui Jésus est l'unique sauveur ,le chemin ,la vérité et la vie.Incrédule,j'écarquillais les yeux , mon sourire aux lèvres l'agaçait . Le pétrin quotidien avait fait de moi un insensible au cœur imbibé d'anesthésiant... j’avais pas perdu mon sang froid après qu'elle m'eût donnée son point de vue sur la question tendancieuse. Le mariage pour moi chrétien est un engagement envers Dieu. Son comportement en dit long sur elle, la belle musulmane était humble , simple , docile et serviable et n'attire pas le regard sur elle. Elle n’était pas superficielle portant des bijoux en or , vêtements de marque. Elle était le reflet de Serigne Touba ; ,douce et attentionnée avec son prochain. Notre couple pourrait se compléter merveilleusement. Pour ne pas perdre de vue mon discernement j'ai commencé à remuer le ciel et la terre pour la faire croire à une union dans la différence. Et c'est en ce moment que l'esclandre des trépignements de ma mère me réveilla de mon sommeil profond. Assis sur le lit les yeux ouverts , j’étais toujours dans le noir .