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Ambition vorace
En délicatesse avec le système scolaire et avec sa famille, Joshua Dechance nourissait quelques inquiétudes quant à son avenir. Pourtant, il savait qu'il y avait en lui un talent caché, prêt à éclore, prêt à exploser au grand jour.
« Je serai chanteur ! » avait-il un soir confié à son beau-père dont la curiosité inhabituelle ne présageait rien de bon.
« Chanteur ? hurla ce dernier sans prendre la peine de cacher sa surprise. Faudrait pour ça que t'arrêtes de t'empiffrer à longueur de journée. Tu sais c'est pas facile de chanter la bouche pleine. Cela dit, il y a peut-être un domaine où tu pourrais t'épanouir : c'est l'opéra-bouffe ! Ah ! Ah ! Ah ! »
Une colère sourde commença à cramoisir les joues de Joshua. Mais il se garda bien de répondre, de peur de subir le même sort que sa mère dont le visage était encore tuméfié pour avoir osé tenir tête à son nouveau mari. D'un autre côté, Joshua devait admettre qu'il avait une fâcheuse tendance à boulotter. Cela lui valait d'ailleurs un certain embonpoint. Mais en quoi était-ce gênant pour assouvir sa faim de notoriété ? Après tout le surpoids n'avait pas empêché Fats Domino de devenir quelqu'un, bien au contraire.
— Et pourquoi chanteur ? Tu veux pas plutôt devenir chef de chantier ? Parce qu'à mon avis t'as des prédispositions, à en juger par l'état de ta chambre !
— Je veux être célèbre, avoua-t-il en faisant abstraction de cette nouvelle remarque blessante.
— Célèbre ! Sans blague ? Je ne vois pas par quel miracle tu pourrais accéder à la célébrité vu que tu ne sais rien faire de tes dix doigts. À part couper ta viande bien sûr. Moi au moins j'ai un métier. En quelques gestes j'embellis, je rends heureux, je change le visage du monde ! Mais toi mon pauvre Joshua, tu n'as aucune envergure. De la nature tu es une erreur, et Dieu merci je n'en suis pas l'auteur.
Alors que l'exaspération de Joshua était à son comble, son rêve était en passe de se réaliser. Le couteau à la main et la bave aux lèvres, le jeune garçon se jeta de toute sa corpulence sur son père de substitution, déterminé à lui faire perdre cet air crâne qui ne le quittait jamais.
Le lendemain, Joshua était enfin sorti de l'anonymat, à la faveur d'un acte dont la barbarie pouvait se lire à la Une de tous les journaux : « Drame familial : le célèbre coiffeur Jacques Dechance se fait scalper par son fils Joshua. »
Certes, le dénouement tragico-comique de cette histoire frise le ridicule, mais il prouve que le destin d'un homme ne tient parfois qu'à un cheveu.
« Je serai chanteur ! » avait-il un soir confié à son beau-père dont la curiosité inhabituelle ne présageait rien de bon.
« Chanteur ? hurla ce dernier sans prendre la peine de cacher sa surprise. Faudrait pour ça que t'arrêtes de t'empiffrer à longueur de journée. Tu sais c'est pas facile de chanter la bouche pleine. Cela dit, il y a peut-être un domaine où tu pourrais t'épanouir : c'est l'opéra-bouffe ! Ah ! Ah ! Ah ! »
Une colère sourde commença à cramoisir les joues de Joshua. Mais il se garda bien de répondre, de peur de subir le même sort que sa mère dont le visage était encore tuméfié pour avoir osé tenir tête à son nouveau mari. D'un autre côté, Joshua devait admettre qu'il avait une fâcheuse tendance à boulotter. Cela lui valait d'ailleurs un certain embonpoint. Mais en quoi était-ce gênant pour assouvir sa faim de notoriété ? Après tout le surpoids n'avait pas empêché Fats Domino de devenir quelqu'un, bien au contraire.
— Et pourquoi chanteur ? Tu veux pas plutôt devenir chef de chantier ? Parce qu'à mon avis t'as des prédispositions, à en juger par l'état de ta chambre !
— Je veux être célèbre, avoua-t-il en faisant abstraction de cette nouvelle remarque blessante.
— Célèbre ! Sans blague ? Je ne vois pas par quel miracle tu pourrais accéder à la célébrité vu que tu ne sais rien faire de tes dix doigts. À part couper ta viande bien sûr. Moi au moins j'ai un métier. En quelques gestes j'embellis, je rends heureux, je change le visage du monde ! Mais toi mon pauvre Joshua, tu n'as aucune envergure. De la nature tu es une erreur, et Dieu merci je n'en suis pas l'auteur.
Alors que l'exaspération de Joshua était à son comble, son rêve était en passe de se réaliser. Le couteau à la main et la bave aux lèvres, le jeune garçon se jeta de toute sa corpulence sur son père de substitution, déterminé à lui faire perdre cet air crâne qui ne le quittait jamais.
Le lendemain, Joshua était enfin sorti de l'anonymat, à la faveur d'un acte dont la barbarie pouvait se lire à la Une de tous les journaux : « Drame familial : le célèbre coiffeur Jacques Dechance se fait scalper par son fils Joshua. »
Certes, le dénouement tragico-comique de cette histoire frise le ridicule, mais il prouve que le destin d'un homme ne tient parfois qu'à un cheveu.
Un petit mot pour l'auteur ?
Bienséance et bienveillance pour mot d'encouragement, avis avisé, ou critique fine. Lisez la charte !22 commentaires
J'ai quelques Livres en tête à déguster, l'un bien piquant, les autres plus doux, je vous invite.
+1
lâche ce hachoir
hooo noonoononnnnnnnn