La nuit va tomber sur le port. Mouettes et cormorans zèbrent le ciel dans l’attente des déchets de la pêche que les marins vont leur livrer en nettoyant les ponts. L’un après l’autre, les... [+]
Impression d’être groggy. Gueule de bois. Certitude d’avoir dormi d’une traite sans perdre du temps à rêver. Je ne suis pas dans ma chambre, plutôt affalé sur un canapé. Houlà ma soirée n’a pas due être triste ! Une violente migraine, installée entre les deux tempes, me traverse la cervelle. « Faudrait que j’arrête de faire la noce comme ça, les lendemains sont mortels ! ».
Je sais que je n’ai d’autre solution que d’attendre que ce foutu mal de tête passe. Je suis incapable de me lever pour prendre le moindre cacheton qui m’aiderait à émerger. Je replonge dans les bras de Morphée.
Je sirote d’un café bien fort... ma meuf arrive. Elle a oublié son sac chez moi hier soir. Elle est en retard. Elle m’embrasse de loin. Elle n’aime pas mon haleine quand je suis comme ça. « Ah demain à la mairie, me dit-elle, je file chercher ma robe. Il va être super, notre mariage ! » !?! Eh mec tu rêves ! Me voilà maintenant avec des enfants, MES enfants. Moi, qui n’ai jamais voulu « rentrer dans le moule », je fonds de plaisirs devant ces trois petits êtres qui ressemblent tant à leur mère. Et oui je rêve ! Ça passe du coq à l’âne, je vois mes parents, mes copains, mes conneries ; surtout mes conneries! Je suis conscient de dormir mais je ne peux faire cesser ce flot d’images qui se présente à moi. « Qu’est-ce que j’ai bu ou fumé pour être dans un tel état ? Jamais, plus jamais... ». Déjà d’autres images, je replonge...
Je me vois, allongé dans une mare de sang. Mon collègue Javert est penché sur moi. Un flic pas très fiable. Pas très futé. La honte de la criminelle mais on ne sait pas trop pourquoi, il est inamovible.
- Suicide , annonce-t-il.
« Quoi, « suicide » mec ? Je ne suis pas mort, regarde mieux. Et le SAMU, il arrive quand ? »
- Ok boss.
- Je retourne au bureau. Et, voyez si vous pouvez trouver l’identité de cet individu, que je ferme ce dossier.
« Mais, mec, c’est moi ! Tu ne m’as pas reconnu ? Et puis il doit y avoir mon blaze sur la plaque de mon appart, sur ma plaque de police,... ». D’autres policiers arrivent. Il y a comme une odeur d’arabica. On discute, on siffle mon café. « Eh les gars, mon stock de dosette ! ».
Cette fois je suis tout à fait lucide. En trois mots je résume la situation: « je suis mort ». Celui qui est chargé d’enquêter sur mon meurtre, est un vrai nullard. Il ne m’a même pas reconnu. Il a décidé de lui-même que je m’étais suicidé...
J’ai un flash : en fait c’est lui, Javert, qui vient de me trucider alors qu’en mission d’infiltration, je recherchais l’informateur du « gang des diamantaires ». Trop bien renseigné, toujours avec au moins deux coups d’avance sur nous. Le gang trouve les meilleurs braquages. Profite de nos failles. Décampe dès que nous avons la moindre piste. Le Patron est persuadé que ces fuites viennent de chez nous. Moi, j’ai trouvé qui. Mais lui m’a découvert avant et n’a pas hésité un instant à me descendre. Avant l’arrivée des collègues, il vient de maquiller la scène de crime et de gommer mon identité.
Je suis mort. Je n’en reviens pas ! Je ne peux pas envisager de laisser ce crime impuni. Comment je vais arriver à gérer ça, moi ? Une vraie galère ! Je ne vois qu’une situation : enquêter moi-même. Alors, j’égrène les cinq questions: Qui ? Avec Quoi ? Où ? Pourquoi ?et Par qui ?
Qui ? En principe, c’est moi. Vérifions quand même ! Je m’approche, et je constate que le coup de feu m’a totalement défiguré. Il ne m’a pas loupé l’ordure ! Mais c’est moi, j’en suis intimement persuadé.
Avec Quoi ? Un Beretta M9 aurait-il pu faire autant de dégâts ? L’arme devrait être là. Voyons, les scellés. Où sont-ils ? Force est de constater que de scellés, il n’y en a point.
Où ? Et bien chez moi ! Ah,non pas vraiment ! Je n’y avais pas pris garde. Je ne suis absolument pas chez moi. Un appartement banal dans les bas-quartiers. Un meublé à peine meublé. Je n’ai aucune mémoire de cet endroit. 33, rue du corridor ? Ça ne m’évoque rien. Je n’ai surtout aucun souvenir de ce que j’ai fait ces derniers jours. Dommage ! « Peut-être que si j’étais au bureau... ».
Sitôt dit, sitôt fait. C’est étrange cette façon de voyager ! Il me suffit de penser à un endroit pour m’y trouver. Je suis dans mon bureau. Personne ne fait attention à moi. Dubois, mon second a pris ma place, il ne se gêne pas le mec ! Le Patron ouvre la porte. Je m’avance vers lui mais il s’adresse à Dubois et lui parle à travers moi. Il lui demande si tout se passe bien. Dubois le questionne à mon sujet.
- Jean Val a demandé à prendre une année sabbatique, suite à une déception amoureuse. Je crois savoir qu’il est parti faire le tour du monde. Ne vous inquiétez pas, Dubois, vous pourrez garder le bureau.
Ça y est. Je me souviens, ma meuf m’a lâchée, quand je lui ai fermement affirmé que jamais je ne l’épouserai, et ne voulais à aucun prix avoir d’enfant. En quelques instants, je fais le tour de tous mes amis et copains de beuverie. Je suis brouillé avec tout le monde. Me voici anonyme. Je ne suis plus qu’un corps au fond d’une morgue promis à la fosse commune. Il ne me reste qu’une piste : ce satané Javert. Grâce à mon nouveau don d’ubiquité, je le débusque vite et n’ai pas de mal à le suivre. Je découvre ainsi assez rapidement qu’il est la taupe que nous cherchions. J’ai la liste de ses acolytes, des receleurs, les adresses des planques... Je découvre même dans son ordinateur la version romancée et très bien circonstanciée de tous ses méfaits. Je suis content de moi. Chapeau l’artiste, c’est du beau travail !
Tout vacille subitement. Aléa jacta est. J’ai terminé ma mission. Un seul regret je n’ai pas pu communiquer le dossier au Patron... Je n’ai que le temps de penser : « Adieu la vie !» Et puis, c’est le trou noir.
J’émerge avec l’impression d’être groggy. Gueule de bois. Certitude d’avoir dormi d’une traite. Il y a comme une odeur de sang qui flotte dans l’air. J’ai mal à la tête, mais ça va aller.
« Police, Police ouvrez ! ». J’ouvre les yeux.
Mon épaule saigne et me fait terriblement souffrir. Soudain, la porte vole en éclats sous les coups de butoir de mes collègues.
- Val, c’est toi ? Tiens le coup mon vieux ! On va te sortir de là.
Les gars du SAMU arrivent et s’échinent à me ramener à la vie. S’ils me sauvent et si, je me rappelle de toutes les informations découvertes lors de ma mission, ma blessure à l’épaule me vaudra une médaille, et la case prison pour Javert.
...Rien n’est moins sûr !
Je sais que je n’ai d’autre solution que d’attendre que ce foutu mal de tête passe. Je suis incapable de me lever pour prendre le moindre cacheton qui m’aiderait à émerger. Je replonge dans les bras de Morphée.
Je sirote d’un café bien fort... ma meuf arrive. Elle a oublié son sac chez moi hier soir. Elle est en retard. Elle m’embrasse de loin. Elle n’aime pas mon haleine quand je suis comme ça. « Ah demain à la mairie, me dit-elle, je file chercher ma robe. Il va être super, notre mariage ! » !?! Eh mec tu rêves ! Me voilà maintenant avec des enfants, MES enfants. Moi, qui n’ai jamais voulu « rentrer dans le moule », je fonds de plaisirs devant ces trois petits êtres qui ressemblent tant à leur mère. Et oui je rêve ! Ça passe du coq à l’âne, je vois mes parents, mes copains, mes conneries ; surtout mes conneries! Je suis conscient de dormir mais je ne peux faire cesser ce flot d’images qui se présente à moi. « Qu’est-ce que j’ai bu ou fumé pour être dans un tel état ? Jamais, plus jamais... ». Déjà d’autres images, je replonge...
Je me vois, allongé dans une mare de sang. Mon collègue Javert est penché sur moi. Un flic pas très fiable. Pas très futé. La honte de la criminelle mais on ne sait pas trop pourquoi, il est inamovible.
- Suicide , annonce-t-il.
« Quoi, « suicide » mec ? Je ne suis pas mort, regarde mieux. Et le SAMU, il arrive quand ? »
- Ok boss.
- Je retourne au bureau. Et, voyez si vous pouvez trouver l’identité de cet individu, que je ferme ce dossier.
« Mais, mec, c’est moi ! Tu ne m’as pas reconnu ? Et puis il doit y avoir mon blaze sur la plaque de mon appart, sur ma plaque de police,... ». D’autres policiers arrivent. Il y a comme une odeur d’arabica. On discute, on siffle mon café. « Eh les gars, mon stock de dosette ! ».
Cette fois je suis tout à fait lucide. En trois mots je résume la situation: « je suis mort ». Celui qui est chargé d’enquêter sur mon meurtre, est un vrai nullard. Il ne m’a même pas reconnu. Il a décidé de lui-même que je m’étais suicidé...
J’ai un flash : en fait c’est lui, Javert, qui vient de me trucider alors qu’en mission d’infiltration, je recherchais l’informateur du « gang des diamantaires ». Trop bien renseigné, toujours avec au moins deux coups d’avance sur nous. Le gang trouve les meilleurs braquages. Profite de nos failles. Décampe dès que nous avons la moindre piste. Le Patron est persuadé que ces fuites viennent de chez nous. Moi, j’ai trouvé qui. Mais lui m’a découvert avant et n’a pas hésité un instant à me descendre. Avant l’arrivée des collègues, il vient de maquiller la scène de crime et de gommer mon identité.
Je suis mort. Je n’en reviens pas ! Je ne peux pas envisager de laisser ce crime impuni. Comment je vais arriver à gérer ça, moi ? Une vraie galère ! Je ne vois qu’une situation : enquêter moi-même. Alors, j’égrène les cinq questions: Qui ? Avec Quoi ? Où ? Pourquoi ?et Par qui ?
Qui ? En principe, c’est moi. Vérifions quand même ! Je m’approche, et je constate que le coup de feu m’a totalement défiguré. Il ne m’a pas loupé l’ordure ! Mais c’est moi, j’en suis intimement persuadé.
Avec Quoi ? Un Beretta M9 aurait-il pu faire autant de dégâts ? L’arme devrait être là. Voyons, les scellés. Où sont-ils ? Force est de constater que de scellés, il n’y en a point.
Où ? Et bien chez moi ! Ah,non pas vraiment ! Je n’y avais pas pris garde. Je ne suis absolument pas chez moi. Un appartement banal dans les bas-quartiers. Un meublé à peine meublé. Je n’ai aucune mémoire de cet endroit. 33, rue du corridor ? Ça ne m’évoque rien. Je n’ai surtout aucun souvenir de ce que j’ai fait ces derniers jours. Dommage ! « Peut-être que si j’étais au bureau... ».
Sitôt dit, sitôt fait. C’est étrange cette façon de voyager ! Il me suffit de penser à un endroit pour m’y trouver. Je suis dans mon bureau. Personne ne fait attention à moi. Dubois, mon second a pris ma place, il ne se gêne pas le mec ! Le Patron ouvre la porte. Je m’avance vers lui mais il s’adresse à Dubois et lui parle à travers moi. Il lui demande si tout se passe bien. Dubois le questionne à mon sujet.
- Jean Val a demandé à prendre une année sabbatique, suite à une déception amoureuse. Je crois savoir qu’il est parti faire le tour du monde. Ne vous inquiétez pas, Dubois, vous pourrez garder le bureau.
Ça y est. Je me souviens, ma meuf m’a lâchée, quand je lui ai fermement affirmé que jamais je ne l’épouserai, et ne voulais à aucun prix avoir d’enfant. En quelques instants, je fais le tour de tous mes amis et copains de beuverie. Je suis brouillé avec tout le monde. Me voici anonyme. Je ne suis plus qu’un corps au fond d’une morgue promis à la fosse commune. Il ne me reste qu’une piste : ce satané Javert. Grâce à mon nouveau don d’ubiquité, je le débusque vite et n’ai pas de mal à le suivre. Je découvre ainsi assez rapidement qu’il est la taupe que nous cherchions. J’ai la liste de ses acolytes, des receleurs, les adresses des planques... Je découvre même dans son ordinateur la version romancée et très bien circonstanciée de tous ses méfaits. Je suis content de moi. Chapeau l’artiste, c’est du beau travail !
Tout vacille subitement. Aléa jacta est. J’ai terminé ma mission. Un seul regret je n’ai pas pu communiquer le dossier au Patron... Je n’ai que le temps de penser : « Adieu la vie !» Et puis, c’est le trou noir.
J’émerge avec l’impression d’être groggy. Gueule de bois. Certitude d’avoir dormi d’une traite. Il y a comme une odeur de sang qui flotte dans l’air. J’ai mal à la tête, mais ça va aller.
« Police, Police ouvrez ! ». J’ouvre les yeux.
Mon épaule saigne et me fait terriblement souffrir. Soudain, la porte vole en éclats sous les coups de butoir de mes collègues.
- Val, c’est toi ? Tiens le coup mon vieux ! On va te sortir de là.
Les gars du SAMU arrivent et s’échinent à me ramener à la vie. S’ils me sauvent et si, je me rappelle de toutes les informations découvertes lors de ma mission, ma blessure à l’épaule me vaudra une médaille, et la case prison pour Javert.
...Rien n’est moins sûr !
(une coquille : "Je découvre même sur dans son ordinateur la version..." à faire corriger par Short)
Vous avez aimé Mumba et je vous en remercie. Je vous invite à une petite ballade dans les dunes si vous avez le temps : https://short-edition.com/fr/oeuvre/poetik/me-chienne-ianna-dans-les-dunes
Si vous voulez le lire le mien dans un autre genre ; ce qui est bien c'est qu'il y en a beaucoup de très différents. Beau concours pour se faire plaisir.
Bonne journée