Adieu mes amours !

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux !

Suis-je en vie ou suis-je en train de survivre ?

Telles sont les questions que je me pose depuis tout ce temps.

Entre vivre et exister, je ne sais exactement ce qui me caractérise.

Vivre à mon sens serait ressentir la vie, ressentir l’amour, ressentir simplement...
Malheureusement, cette vie que je cherche ne me l’a pas permis et aujourd’hui, je me contente d’exister.

J’étais heureuse auprès de ma famille, de mes parents qui aujourd’hui sont étrangers.
J’avais une vie semblable à un vêtement blanc que cette nuit est venu souillée.
Cette nuit où, Ô parfait étranger, je me suis inconsciemment donnée à toi.
Cette nuit où, Ô parfait étranger tu as laissé les traces de ton passage.

Dans un élan d’inconscience, j’ai créée la conscience... Luc !
Luc, mon amour, mon fils, tu m’as montré ce qu’était l’amour pur... L’amour, le vrai !
J’étais simplement heureuse mais tu es venu combler mon cœur de bien plus que ça. Joie, paix, l’expression de ce que tu m’as fait ressentir se trouve dans la profondeur de l’indicible de mon cœur.

J’étais heureuse pourtant rejetée...
J’étais heureuse et fière d’avoir créé la vie... Quelle grâce immense !
Tu n’étais pas prévu mais tu n’as jamais été mon erreur.
Tu n’étais pas prévu mais je n’ai pas eu besoin de neuf mois pour t’aimer.
J’étais heureuse, heureuse oui...
Jusqu’à ce jour où tu as brutalement été arraché à mon affection.

Une seule absence de ma part et tu avais disparu.
Je t’ai cherché sans relâche, jour et nuit refusant les pensées noires de mon entourage.
Quand je t’ai retrouvé... Enfin, ce qui restait de toi, j’ai cru mourir.

Mon fils, la chair de ma chair dans une valise...
Ces yeux au travers desquels je voyais ton amour pour moi, tu ne les avais plus.
Ce cou sur lequel je m’amusais à poser des baisers n’y était plus.
Ils t’ont arraché à moi et ont fait de toi une horreur, ils ont fait de toi des morceaux.
Ils t’ont arraché à mon cœur et ont fait de toi un souvenir douloureux.

Je n’ai pas vécu ça avec toi pourtant j’ai ressenti ta douleur, je t’ai entendu crier dans ma tête. Tu as pleuré et je n’étais pas là pour te consoler, tu as eu mal et je n’étais pas là pour toi.
Neuf mois à te sentir grandir dans mon ventre, un an à t’embrasser, te nourrir, te voir grandir et t’aimer... En trois jours, ces bourreaux, ces personnes sans cœur ont brisé tout ça.
Ils ont fait de toi une viande et se sont convertis en bouchers, ils t’ont ôté la vie... Cette vie que tu n’avais même pas encore commencé, tu étais innocent.

Entre folie et hallucinations, je m’étais perdue recherchant incessamment l’innocence de ton visage et la pureté de ton sourire. Cette innocence a été arrachée à mon cœur, on a arraché ma vie, on m’a vidée et brisée intérieurement.

Luc, mon fils, mon amour... Dors mon bébé, dors !

J’avais perdu goût à la vie, je n’avais plus de raison de vivre.
Brisée et vide, il me fallait m’évader et c’est à cet instant qu’il a fait son entrée... à nouveau !
Ô étranger, bel étranger, toi qui a le visage de mon fils...
Ô étranger, bel étranger, toi qui m’a redonné la vie, sache que je t’aime.

Marc, mon amour, merci !
Merci d’avoir comblé ce vide, merci d’avoir retapé mon cœur, merci d’avoir fait de tes bras un espoir de bonheur. Je n’aurais jamais pensé que nos chemins se croiseraient mais DIEU l’a permis et je ne lui serai jamais assez reconnaissante.

Je t’en voulais mais j’ai fini par t’aimer.
Je t’ai aimé de douleur parce que tu me rappelais mon Luc. Il me suffisait qu’un regard pour voir le magnifique visage de mon fils, il avait tout de toi.
J’ai cru t’aimer pour cette raison mais je t’ai aimé et je t’aime parce que mon cœur en a décidé ainsi.
J’ai fait plus que m’évader dans tes bras, j’ai retrouvé ma joie de vivre.
J’ai connu l’amour, un autre type d’amour qui a su reconstruire mon cœur.

Marc, mon amour, merci !
Merci d’avoir fait de moi une femme et une mère.
A tes yeux, j’étais un trésor... ton trésor !
A tes yeux, il n’y avait pas plus belle femme que celle que je suis.
Cette façon que tu avais de me faire sentir spéciale par ton regard...
Cette façon que tu avais de prononcer mon prénom, ta voix...
Cette façon que tu avais de me toucher, nos moments d’intimité...
Cette façon que tu avais de me dire que tu m’aime, mon DIEU que mon cœur s’enflait d’amour.

Tellement de choses qui faisaient que je sois au paradis, dans notre paradis...
Tellement de choses qui faisaient que j’étais prête à te dire oui, à porter tes enfants...
Tellement de choses qui m’ont brutalement été arrachées par cet accident.

Que j’ai mal quand j’y pense...
Que j’ai mal quand je pense à ce jour, ce dernier jour où tu étais mien...
Pourquoi a-t-il fallut que tu sortes? Que tu quittes la douceur de mes bras, de mes baisers, de mes caresses pour aller à la rencontre de ta mort ?
Pourquoi Marc, pourquoi ?

Je me rappelle de toi allongé dans ce cercueil sans pouvoir bouger, vêtu d’une tenue que je ne connaissais même pas avec une cicatrice sur la tête.
J’avais l’impression d’halluciner, d’être dans un cauchemar mais c’était réel.

Marc, mon Marc n’était plus.

Je voulais te prendre dans mes bras mais je ne pouvais pas.
Je voulais te dire que je t’aime, je voulais t’entendre me dire que tu m’aimes mais je pouvais.
Quand on t’a accompagné à ta dernière demeure, je voulais venir te retrouver, je voulais être allongée avec toi dans ce cercueil...
Mon DIEU que c’était dur, horrible pour cœur fragile.

D’abord Luc puis, toi...

Marc, mon amour... Dors mon amour, Dors !

DIEU, qu’ai-je fait mériter cela ?

J’ai toujours été droite, assidue à l’école et très respectueuse.
Je me suis toujours arrangée à être une bonne personne malgré mes défauts.

DIEU, qu’ai-je fait ?
Que t’ai-je fait pour mériter cette vie ?

Mon fils, mon homme...

Tout a tellement été difficile pour moi que aujourd’hui, j’ai du mal.
Je ne veux plus rien construire de peur de perdre.
Le temps est passé, ils ne sont plus mais je ne les oubli pas et j’ai toujours autant mal.
J’ai toujours autant mal mais j’ai arrêté de pleurer à cause de Marcel.

Marcel, le cadeau que tu m’as laissé.
Marc, je pensais avoir tout perdu de toi mais tu m’as laissé Marcel... Notre Marcel !
Quand je te voyais, je voyais Luc mais, quand je vois Marcel je vous vois tous les deux et je me dis qu’on aurait formé une belle famille.

J’ai arrêté de pleurer parce que je ne veux pas qu’il ressente cette peine mais plutôt qu’il ressente tout l’amour et le bonheur qu’il me procure depuis qu’il est dans ma vie.
Marc et Luc ne sont pas là mais j’ai envie de croire que ma vie a un sens du fait de la présence de Marcel.

DIEU, des fois je lui en veux...
Des fois je ressens cette colère parce que je me dis que l’état de ma vie, de mon cœur, c’est à cause de lui mais je me dis, Anne-Lily, reprends toi et essaie de penser au mieux pour ton enfant.

J’ai perdu mon enfant, j’ai perdu l’homme de ma vie... Je me suis perdue !
Ma vie est un mélange de douleurs et mon cœur, une épave.

Pourquoi cette vie ?

Pourquoi cette peine ?

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ?

Je ne sais mais, ce que je sais est que vous manquez à ma vie.

A vous mes amours, sachez que je vous aime malgré le temps.
A vous mes amours, sachez que je vous aime, à la vie !


**** Anne-Lily