A bientôt

Suis-je dans le noir ou ai-je les yeux fermés ? Peut-être les deux ou peut-être est-ce l’obscurité de la nuit ou la noirceur de mon âme qui m’aveugle ? Je suis comme figé dans le temps, liquéfié sur place. Tout me paraît si lointain et abstrait à présent. Comme un soir de printemps, comme un arbre en plein automne je me vois mourir. Je me laisse aller. Je n’entends plus rien, les bruits me paraissent si inaudible, je ne vois plus rien, mes yeux pleurent. Mes pensées galopent au gré du vent, comme un papillon cherchant à se poser sur une fleur parce que oui à cet instant précis ; j’ai besoin de m’accrocher à quelque chose. J’ai besoin et je veux croire en la vie, je veux croire que tout ça c’est pour quelque chose. Très petit on m’a dit que DIEU n’échoue pas, il sait toujours ce qu’il fait donc je veux croire que tu es parti pour une raison, qu’il y’a un but à tout ça qu’on n’est pas ici pour rien. Oui je veux croire, je veux croire à une belle fin que même si on traverse l’obscurité qu’il y’a une lumière au bout du tunnel. Que la vie va reprendre son droit sur la mort. Je veux croire... je veux croire en nous...Tu étais mon évidence, tu étais ma lumière, ma maison, mon havre de paix.
J’étais complètement vide avant que tu ne rentres dans ma vie. D’aussi loin que je me rappelle j’ai toujours ressenti ce vide que rien ni personne n’a su combler. Avant toi, j’étais dans une prison dorée, une cage invisible, sinon comment expliquerais-tu que j’avais tout ; tout ce dont un homme pouvait rêver sans vraiment être heureux. Pourquoi je me sentais si vide et si fatigué ? Était-ce l’âge ? non je n’ai que quarante ans. Demandez-leur ce que j’ai, ils vous diront que c’est sûrement de la dépression mais je savais au fond de moi que c’était bien plus profond que ça. Avec le temps j’ai arrêté de chercher, j’ai arrêté d’essayer de comprendre ; de me battre dans le vide. J’ai appris à vivre le sourire au lèvre la tristesse dans les yeux. Tu m’as appris à accepter mes cicatrices, mes blessures. Tu m’as appris à vivre avec ce vide dans le cœur. Tu ne faisais pas taire mes démons mais au contraire tu les noyais de ta présence, de ton touché et de tes caresses. Tu m’as même appris à les aimer, les chérir et les porter fièrement parce que comme tu le disais non le dis je ne suis pas prêt à parler de toi au passé ils font de moi qui je suis ; ils content mon histoire. J’étais un être écorché et tu m’as aimé, tu as bousculé mes codes mes croyances et tu as foutu le bordel qui au final j’ai aimé. Tu m’as renversé comme un ouragan, tu m’as pris et tu m’as amené avec toi. Je ne veux pas que ce texte soit le dernier que je t’écris. Je ne t’ai pas assez dit que je t’aimais. Je ne t’ai pas assez touché. Je ne t’ai pas assez fait l’amour. Je n’ai pas assez vécu à tes côtés. J’essaie de respirer de continuer à vivre mais j’ai mal à mon cœur. Mon monde, le mien celui que j’ai toujours connu vient de s’arrêter. Tu es parti sans te retourner. Tu es parti me laissant là tout seul. Que vais -je faire ? Que vais-je devenir sans toi ?
J’ai erré longtemps comme un fantôme à la recherche d’un but. J’ai cherché l’oxygène, celui dont mes poumons avaient réellement besoin pour continuer de respirer. J’ai cherché à étancher la soif de mon cœur sans pouvoir y arriver. J’avais besoin de comprendre pourquoi je me sentais si diffèrent. Pourquoi j’avais ce vide en moi ? J’étais perdu. Que faire ? quoi dire ? à qui en parler ? qui me comprendrait ? ma famille me disait que j’exagérais que j’ai la maladie des blancs qu’en tant que noir parce que oui la société me définit comme tel, je n’avais pas à souffrir de ce mal. Elle n’a toujours pas compris que je n’accepte aucun dictat que le mien, celui que je me suis octroyé. Dans une discussion, mon père m’a dit sans détour : « trouve-toi une femme, tu retrouveras goût à la vie, c’est ce qui te manque mon fils. Il n’y a rien de mieux dans cette vie à part l’argent bien évidemment » « n’est-ce-pas ? » pour toute réponse je lui servis un sourire. Parce qu’au fond bien que je sois perdu je savais au moins où je voulais aller et ce n’était certainement pas dans les jupons d’une femme. J’aime les hommes, les vrais, les viriles, bien que j’en sois un. Là est mon secret. Vous me direz certainement que la richesse de l’acceptation réside dans le fait d’affirmer et d’assumer haut et fort qui nous sommes réellement. Donc pourquoi n’ai-je pas encore dit à ma famille et à mes amis que j’étais comme le dirait la société « Gay » ? Franchement, je n’ai jamais aimé ce mot, il ne me définit pas et peut-être n’ai-je encore rien dit parce que je n’ai pas besoin de le dire pour l’être. C’est ce que je me dis pour me donner du courage ou simplement je n’en dis mot parce que j’ai peur que ma famille me rejette. Bien que je me sois indiffèrent vis-à-vis de la société j’ai le besoin d’appartenir à un ensemble. Vous l’aurez compris je sais, je suis une controverse, un paradoxe, un rebelle de la société et de la vie. Ma famille vous dira que je suis le mouton noir ou peut-être le mouton blanc mais ne sommes-nous pas la réflexion de ce que nous pensons être ?
Dans tous les cas, je me considère comme le mouton noir, un incompris, un astre égaré sur une autre planète. Comme un passager dans le train de la vie, je suis descendu au mauvais quai. Le manque de compassion, d’humanité dans ce monde me dévore et me consume de l’intérieur. Ce monde a été créé par amour mais ironiquement la chose qui y manque le plus est justement l’essence de sa création. Je ne suis pas fait pour cette terre. Ils vous diront que je suis trop fragile, trop sensible, beaucoup trop émotif :« un homme ça ne pleure pas m’a-t-on toujours dit ». Vaste connerie. Un homme a un cœur, des émotions et ne faudrait-il pas qu’il les accepte et les surmonte pour pouvoir avancer ? Je dirais oui. Dans ce cas, laissez-moi m’effondrer en larme si je le souhaite. Laissez-moi crier ma peine. Si mes rires sont les bienvenus, que mes larmes les soient encore plus.
ADIEU mon ami, mon amant...Ce soir, je te pleure et le ciel m’en est témoin car il pleure avec moi. On se retrouvera j’en suis sûr mais en attendant, permets moi de t’honorer et de te faire vivre à travers ma plume.