Sotto Voce

Tout est sale et crasseux au premier des regards.
Puis cette musique d’entrain qui gagne les quidams,
Ceux aux poches trouées,
Qui semblent se mouvoir ...
Je cueille mon errance,
Sur cette ligne qui m’emmène
Moderato – pianissimo

J’accepte ce tempo où l’on croise la vie
La vie des gris matins,
Des enfants en photo,
De nids vides en bureaux.
Seule la façon d’atteindre
Ce silence lointain où bruisse mon effort
De me passer de toi,
Me rend presque élégante...
La rue des ânes pressés
Ou celle du faubourg bleu
C’est là que dans mes rêves
Je sillonne un jardin
Le gris devient perlé
Et mes pieds des cigognes
Je m’envole un instant
Le temps de retrouver
Ta bouche « émerveilleuse »
Aux abords du trottoir
Mais il fait froid à l’aube
Qu’en sera-t-il ce soir ?

Le soir est vite venu
Et je n’ai rien de toi
Je n’attends plus longtemps
Le RER est là
Qui m’emporte avec lui
Loin de ce beau trottoir
Où la flaque miroitante
M’offrait ta langue chaude
Et tes dents aiguisées.
Legato mi amor Legato

J’aime une fois encore
Ta voix qui ne dit rien
Mais ne le dit qu’à moi.
Je serai à nouveau la muse
De ton royaume
Où toutes les autres
Femmes ont perdu le chemin
Et l’issue ineffable de ce tendre labyrinthe
Où tu m’as conjuguée.
Cantabile Cantabile

Les alexandrins en habit du dimanche
Joueront du clavecin
En rejoignant la mer
Et le château aux mouettes...
J’arrive à ma station
La pluie est installée
Chez ce marchand bizarre
Qui ne vend jamais rien.
Un jour je rentrerai
Dans sa petite boutique
Où de beaux vélos bleus
Attendent sûrement mes songes
Ceux que je fais le soir
Depuis ce p’tit couloir.
La lune a souligné
Mes yeux au reflet d’eau
Et j’ai éteint ma lampe sur ma table de jour
Qui ne vit plus la nuit...
Depuis que ton vélo a perdu
Le chemin... Sotto Voce