Fenêtre ouverte sur novembre
C’est en Italie, une baie
Et plus haut
Le chien assis sur le toit dort encore
Le ciel... [+]
On dirait que tu as fait pipi dans ta culotte, pépé
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Dis, pépé, pourquoi t’es tout bleu ?
Dis, pépé, pourquoi tes yeux coulent tout seuls ?
Dis pépé, pourquoi tu baves du jus d’escargot sur tes lèvres collées ?
Dis, pépé, pourquoi t’es tout froid ?
Et tes doigts, pépé, regarde-les
Tes doigts
Ils sont presque la nuit, presque la peur. Bleue, la peur
Tes doigts, pépé, ceux de tes mains
Ceux de tes pieds
On dirait quatre paquets de lumière, des bleuets
Et puis tes veines, pépé, tes veines tortillées
Toutes fines, toutes serrées, raphia sec sur les fleurs de ta peau
Ta peau bien amidonnée comme ton col du dimanche
Et ton cou
Tu l’as vu ton cou, pépé ?
Il est pareil à celui de la sarcelle que tu m’as montrée hier
Tu te rappelles, pépé ?
Tu avais ri comme un enfant
Tu avais six ans
Sept, peut-être
J’avais siffloté dans le tuyau de ton oreille
La gauche, la moins bouchée
Tu avais coincé ton rire entre les trous de tes dents
Ta gorge était un tube bizarre avec des petits creux roses au milieu
Tu avais serré tes mains bariolées dans mes moufles gamines
J’avais inventé une chanson pour toi, pépé :
La sarcelle, ses yeux et tout son attirail en balançoire
La sarcelle, elle se maquille comme ma maman
Mascara, rimmel, tout pareil : bleus
Dis, pépé, pourquoi, tu dis rien ?
Pourquoi t’es tout bleu, pépé ?
Dis, pépé, pourquoi tes yeux coulent tout seuls ?
Dis pépé, pourquoi tu baves du jus d’escargot sur tes lèvres collées ?
Dis, pépé, pourquoi t’es tout froid ?
Et tes doigts, pépé, regarde-les
Tes doigts
Ils sont presque la nuit, presque la peur. Bleue, la peur
Tes doigts, pépé, ceux de tes mains
Ceux de tes pieds
On dirait quatre paquets de lumière, des bleuets
Et puis tes veines, pépé, tes veines tortillées
Toutes fines, toutes serrées, raphia sec sur les fleurs de ta peau
Ta peau bien amidonnée comme ton col du dimanche
Et ton cou
Tu l’as vu ton cou, pépé ?
Il est pareil à celui de la sarcelle que tu m’as montrée hier
Tu te rappelles, pépé ?
Tu avais ri comme un enfant
Tu avais six ans
Sept, peut-être
J’avais siffloté dans le tuyau de ton oreille
La gauche, la moins bouchée
Tu avais coincé ton rire entre les trous de tes dents
Ta gorge était un tube bizarre avec des petits creux roses au milieu
Tu avais serré tes mains bariolées dans mes moufles gamines
J’avais inventé une chanson pour toi, pépé :
La sarcelle, ses yeux et tout son attirail en balançoire
La sarcelle, elle se maquille comme ma maman
Mascara, rimmel, tout pareil : bleus
Dis, pépé, pourquoi, tu dis rien ?
Pourquoi t’es tout bleu, pépé ?

Pourquoi on a aimé ?
Voir une scène morbide et choquante par les yeux naïfs d’un enfant, ça fait une poésie frappante, ça désaxe le regard, ça touche, ça émeut
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Pourquoi on a aimé ?
Voir une scène morbide et choquante par les yeux naïfs d’un enfant, ça fait une poésie frappante, ça désaxe le regard, ça touche, ça émeut