Marguerite

Un rayon de soleil et Boulogne renaît,
Les chiens courent, les fleurs parfument les chemins.
On rêve d’un dimanche, au fond, sans lendemain
Que l’hiver était long quand l’ennui s’égrenait.

Et trottent sur Longchamp des chevaux par milliers
Tel une symphonie que l’on perçoit au loin
Et comme une magie, les oiseaux sont témoins
Des ormes, des bouleaux que l’on entend piailler.

Pourtant autour des lacs, il y a du silence
Des truites et du vin, ici ça sent la paix.
On y lit du Rimbaud, des romans trop épais
On s’endort et l’on songe aux lointaines violences.

Et Marguerite est là, tout près de la cascade
Elle est belle à marier et son bouquet de roses
Dansotte sous le vent, dans ses yeux ses névroses
Ressemblent à l’amour, au Diable en embuscade.

Elle chante parfois quand passent les Jaguars,
Un peu pour son plaisir mais surtout pas pour elle
Marguerite n’est rien - elle sait qu’elle est belle -, 
Qu’une fleur posée là, au milieu d’un trottoir.

« Mais quel beau paysage, au fond pour une esclave »
Pour tenir à la vie, se dit-elle sans doute
« Si j’ai perdu mon corps, un soir sur cette route
Un jour mon roi viendra racheter mon épave ».