Jolie Dame,
Je voulais savoir si les silences vous laissent libre d'être heureuse.
Je voulais savoir si les bleus du ciel
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Le Chant des Grenouilles Roses
Les croix noires des frégates endeuillent les nuages.
La plage s’allonge, infinie, léchée d’écume blanche au pied du vert des arbres.
Les deux enfants sont beaux comme des garçons du jour qui naît.
Elle les tient par la main, peureuse, heureuse.
Eclaboussée, marchant dans l’eau.
Elle a la peau de sable clair.
Son rire est ailleurs, sous des passés de malheur.
Des amandiers de bords de mer courbent leurs feuilles larges et donnent leurs noix.
Elle a tout oublié, déjà des centaines de baisers, des mots passionnés.
Sans importance, elle se croit aimée.
Elle s’appuie sur le rocher et ne pense plus aux passés. Elle s’en invente des nouveaux qu’elle griffe de lignes amères.
Elle plie ses longues jambes pour ramasser le petit, égratigné par un corail.
Une goutte de sang qui perle, qu’elle embrasse, maternelle.
Le ciel est bleu tranquille comme une moire. La toile étreint le vent.
Il vient des mornes lointains et agite les plateaux, flamboyants des arbres rouge-sang.
Elle braque ses yeux noirs, rage et colère, quand un passé qu’elle ne veut plus entrecroise un présent qu’elle invente.
Ses longs doigts jouent avec les cheveux des garçons solaires.
Elle se tourne, rit, sourit, se baisse, se relève puis fixe le vide qu’elle étreint doucement.
Un homme, un peu plus loin, lui fait signe. C’est le sien. Son décor.
Elle sourit encore.
C’est un refuge, un rocher que la mer grignote.
Des pensées océanes, de bronze et d’or, giflent la baie de rafales guerrières.
Elle se retourne vers les arbres, sentant une présence. Son corps mince se dresse dans le vent qu’elle hume.
Ses cheveux balaient un songe heureux.
Je vois tout.
Ma main a glissé dans l’eau de la rivière, lâchant un poignard au milieu des cailloux.
Les remous du torrent dessinent la femme et les garçons, plus loin là-bas, sur la plage des mancenilliers, au pied des mornes.
La folie du songe passe du chant des oiseaux à celui des grenouilles.
Elles sont roses et ne le voient plus.
Le sang dans l’eau, entre les roches.
La douleur qui chasse, un moment, une seconde, longtemps, un amour incrusté.
Une absence. Une femme et ses deux enfants.
Une image qui se brouille dans, rien, quelque chose...
Immatériel, éternel, le chant des grenouilles roses
Les croix noires des frégates endeuillent les nuages.
La plage s’allonge, infinie, léchée d’écume blanche au pied du vert des arbres.
Les deux enfants sont beaux comme des garçons du jour qui naît.
Elle les tient par la main, peureuse, heureuse.
Eclaboussée, marchant dans l’eau.
Elle a la peau de sable clair.
Son rire est ailleurs, sous des passés de malheur.
Des amandiers de bords de mer courbent leurs feuilles larges et donnent leurs noix.
Elle a tout oublié, déjà des centaines de baisers, des mots passionnés.
Sans importance, elle se croit aimée.
Elle s’appuie sur le rocher et ne pense plus aux passés. Elle s’en invente des nouveaux qu’elle griffe de lignes amères.
Elle plie ses longues jambes pour ramasser le petit, égratigné par un corail.
Une goutte de sang qui perle, qu’elle embrasse, maternelle.
Le ciel est bleu tranquille comme une moire. La toile étreint le vent.
Il vient des mornes lointains et agite les plateaux, flamboyants des arbres rouge-sang.
Elle braque ses yeux noirs, rage et colère, quand un passé qu’elle ne veut plus entrecroise un présent qu’elle invente.
Ses longs doigts jouent avec les cheveux des garçons solaires.
Elle se tourne, rit, sourit, se baisse, se relève puis fixe le vide qu’elle étreint doucement.
Un homme, un peu plus loin, lui fait signe. C’est le sien. Son décor.
Elle sourit encore.
C’est un refuge, un rocher que la mer grignote.
Des pensées océanes, de bronze et d’or, giflent la baie de rafales guerrières.
Elle se retourne vers les arbres, sentant une présence. Son corps mince se dresse dans le vent qu’elle hume.
Ses cheveux balaient un songe heureux.
Je vois tout.
Ma main a glissé dans l’eau de la rivière, lâchant un poignard au milieu des cailloux.
Les remous du torrent dessinent la femme et les garçons, plus loin là-bas, sur la plage des mancenilliers, au pied des mornes.
La folie du songe passe du chant des oiseaux à celui des grenouilles.
Elles sont roses et ne le voient plus.
Le sang dans l’eau, entre les roches.
La douleur qui chasse, un moment, une seconde, longtemps, un amour incrusté.
Une absence. Une femme et ses deux enfants.
Une image qui se brouille dans, rien, quelque chose...
Immatériel, éternel, le chant des grenouilles roses