Sur ce buveur de mots
au quadrillage serré,
à la marge absente
et à la couleur délabrée,
j'ai fait un saut dans mon passé...
C'est ici que tout a commencé.
1
Que j'ai compris que
le verbe « Oter » était pudique,
lorsque sur son « o »
j'ai malencontreusement
oublié son fidèle chapeau...
Que la Majuscule
en début de phrase, était le Matin qui se levait,
le Maître ou la Maitresse d'un récit, d'un paragraphe...
C'est là aussi que mon insolence a laissé
ses premières traces : « Je ne dois pas
envoyer le ballon dans la tête de mon copain. »
Ce n'est pas grave... il était aveugle,
il n'a jamais su que c'était moi...
C'est ici que j'ai également écrit mes
premiers roulages de pelles :
« Camille je t'aime je veux t'embrasser ! »
et où j'ai subi également mes premiers râteaux :
« Rêve toujours, je t'aime pas. »
Bref, j'ai compris que le jardinage ce n'était pas pour moi
Mais bon comme on dit :
« Qui ne se plante pas n'a jamais de chance de pousser. »
...
2
Arrivé au collège,
on me demande toujours
de mettre le chapeau sur le verbe « ôter »
mais cette fois, c'est à moi qu'on demande de l'enlever :
« Pas de casquette dans les couloirs ! »
Je n'oublie plus la majuscule en début de phrase
mais cette fois, c'est moi qui ne suis pas du Matin...
C'est toujours sur ce même papier
que j'ai écrit mes lettres d'amour
de façon plus délicate et plus distinguée :
« Camille, j'ai des sentiments pour toi, je t'aime. Voudrais-tu un jour, poser délicatement tes lèvres sur mes lèvres ? »
En grandissant, les râteaux sont plus violents :
« Non, garde ta salive pour toi. »
Les punitions ont monté d'un niveau également : « Renvoie de 4 jours pour avoir fait exprès d'envoyer le ballon dans la tête d'un de ses camarades »
Youpi, 4 jours sans aller à l'école !
Que j'étais naïf...
...
3
Arrivé au lycée, tout a été différent.
Le verbe « ôter » s'est accordé avec le verbe « aimer. »
Le "petit chapeau" n'était plus positionné vers le haut, mais vers le bas...
lorsque sans avoir eu besoin de lettre d'amour, amoureux je suis tombé...
...