Sur l'étang endormi, le silence s'avance
Comme tombé du ciel dans sa robe d'argent,
Le nénuphar repose en ce doux soi... [+]
Du temps où les montagnes ont jailli du chaos
Il reste au fond du lac des fosses pleines d’ombre
Où la vase recouvre les amas de décombres
Arrachées par le temps et tombées de là-haut.
On s’y penche on ausculte on fouille avec les yeux
Le liquide néant baignant l’ancienne combe
D’où remontent des bulles gonflées d’un air très vieux
Très triste et sulfureux, à la senteur de tombe.
Indifférentes à tout, les vagues murmurantes
Baisent à bruits mouillés les arbres aux troncs creux
Où des amants heureux ont aimé leurs amantes
De baisers, de caresses, d’agaçantes morsures,
Et puis gravé leurs noms, après, à tous les deux
Pour infliger à d’autres leurs intimes blessures.
Il reste au fond du lac des fosses pleines d’ombre
Où la vase recouvre les amas de décombres
Arrachées par le temps et tombées de là-haut.
On s’y penche on ausculte on fouille avec les yeux
Le liquide néant baignant l’ancienne combe
D’où remontent des bulles gonflées d’un air très vieux
Très triste et sulfureux, à la senteur de tombe.
Indifférentes à tout, les vagues murmurantes
Baisent à bruits mouillés les arbres aux troncs creux
Où des amants heureux ont aimé leurs amantes
De baisers, de caresses, d’agaçantes morsures,
Et puis gravé leurs noms, après, à tous les deux
Pour infliger à d’autres leurs intimes blessures.