Esquif

Recommandé

Cette œuvre est
à retrouver dans nos collections


Poèmes
Sous ma coquille loin de la madrague, sous mon nuraghe loin des vétilles, mon esprit s'exposait à l'incertitude de votre libre partition, je me reposais à l'abri de la servitude quand vint la perdition de mon âme au contact de votre fibre, cette rousse suggestion, cette mélodie, cette perversion, cette suite de percussions que mon cœur jouera à la perfection, sans exactitude, sans permission.

J'ai dévalé la corniche pour vous trouver un soir, alliée du vent, aiguisant vos griffes sur ce récif. Vouivre, tu m'enivres, les embruns de ta chevelure, ton éclat de lune, cet œil unique pourchasse, dissimulé sous tes boucles, l'amour dans mes iris. Je suis passé, le temps aussi, mauvais à souhait. Soufflée contre moi c'est bien vous qui preniez corps, réfugiée, mais pour quelle heure, pour combien d'heures ?

Comme des serpents de verre, mes doigts glissaient pour se mêler aux vôtres, au risque de se briser en chemin. Mon insolence, douce infortune, se balance à présent à la hune d'un « bateau ivre », chaviré, échoué, éventré, que ni rancune ni marées ne délivrent. Le silence est ma pitance, l'ignorance sera ma potence, mon cœur d'enfant qui bat en cadence n'est plus qu'une souffrance dans une poitrine trop sèche, immense.

Nous étions cette énigme, une imprécision, une improvisation, deux âmes en suspens pour deux corps coalescents. Un radeau à forme humaine. À fleur de peau, l'épave famélique affleure, l'écume pour seul linceul, une houle éternelle la repousse, fantomatique à jamais, un radeau à forme humaine.

© Short Édition - Toute reproduction interdite sans autorisation

Recommandé