Café bouillu, café foutu !

On dit qu'l'argent fait pas l'bonheur,
Mais on dit qu'il y contribue,
Moi j'ai un solde débiteur,
Et puis en plus je suis cocu !
Paraît qu'y'a des envahisseurs,
Je ne crois que ce que j'ai vu,
T'as qu'à en parler à ma sœur,
J'ai mal à la tête et au cul !
Miroir cassé : sept ans d'malheur ?
J'ai quarante ans je compte plus,
Je ne vais plus chez le coiffeur,
Je suis chauve et je suis barbu,
Je suis naturiste amateur,
Parfois je me douche tout nu,
Et puis j'ai aussi des aigreurs,
Toute déraison confondue.

« Tu enfant'ras dans la douleur,
Si tu aimes le bon Jésus,
Et l'homme aura tous les honneurs,
Car il est question de vertu,
Tu reconnaîtras la valeur,
Du travail pour unique dû,
Et tu crèveras avant l'heure,
Faute de n'avoir pas vécu,
Tu honoreras le seigneur,
Tant que bêleront les zébus... »,
Le refrain j'le connais par cœur,
Même qu'une fois je l'ai lu,
Je suis pas né dans un chou-fleur,
Ni dans une rose non plus,
Demande à mon vieux géniteur,
Ainsi qu'à ses deux attributs !

Pour obtenir l'argent du beurre,
Il faut écrémer le lait crû,
Et repartir comme un voleur,
Avec la caisse et la Lulu !
Il faut devenir sénateur,
Présider parmi les élus,
Fricoter avec des traders,
Creuser le trou de la sécu,
Ou alors il faut être acteur,
Et recevoir une statue,
Sous les flammes des projecteurs,
En faisant semblant d'être ému :
« Je remercie les producteurs,
Ceux qui me sont passés dessus... »,
Car qui sait offrir ses faveurs,
Verra son talent reconnu.

Y a les bons, les mauvais chasseurs,
C'est comm' partout y'a des trous du,
Et y'a des vélos à moteur,
Qui font du boucan dans ma rue,
Les chiens n'aiment pas les facteurs,
C'est scientifiquement connu,
Sûr'ment rapport à leur couleur,
Ou un autre malentendu :
« Le bleu marine ça fait peur,
On dirait presque des lardus... »,
C'est ce que m'a dit tout à l'heure,
Mon imbécile de Poilu !
Il faut que je voie le docteur,
J'ai peut-être trop attendu :
Vivent les antidépresseurs,
Avec du Pernod par dessus !