Une longue houle de vallons doux
Et la forêt surgit
Hachure les yeux les agace
Et puis un faubourg les défronce
Les
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Sous les sommets luisants encore
D'une averse tarie depuis peu,
Le miel du soleil édulcore
Coteaux et vergers cotonneux.
Alors qu'avril tintinnabule
De chants et de sons délicieux,
Soudain éclate la tendre bulle
Transpercée par des cris furieux...
Qu'on se courrouce ou qu'on s'affole,
De tous côtés l'on fuit, l'on coure,
Dans les nuées de plumes qui volent :
Il y'a baston à la basse-cour !
Toute la poulaille se crêpe la crête,
Se plume le bec, se becque les reins.
Mais qui a soufflé la tempête
Sur l'instant d'avant si serein ?
Investi des nobles statuts
De juge et gardien de la paix,
Le coq n'a pas fait la statue,
Séparant celles qui s'écharpaient.
Et c'est quand le chahut n'est plus
Qu'un frémissement de rumeurs,
Qu'enfin l'on sait ce qui valut
Ces accès de mauvaise humeur...
Devant le coq se tient l'objet
De la discorde regrettable
Qui fit des armées d'enragées
Et des combats impitoyables.
L'objet mystérieux qui gît-là,
Jouissant d'un singulier prestige,
Est un bout de fer presque plat,
Aux dimensions d'une rémige.
Alors que chacune d'elles prétend
Avoir trouvé cet ustensile,
– dont on ignore évidemment
À quoi il pourrait être utile –
Le coq fait une annonce sage :
« Ce trophée reviendra de droit
À qui en donnera un usage
Judicieux ou de bon aloi ! »
Illico les becs sont cloués !
Celles qui brillaient dans le combat
Se retrouvent le gésier noué
Et le regard qui tombe bas.
... Tel qu'au matin les bruits éclosent
Peu à peu en un concerto,
Une voix, d'abord timorée, ose,
Puis le débat va crescendo...
Une prêtresse aux airs mystiques,
Sur son autel le planterait,
Et en dévote gymnastique
Devant lui se prosternerait.
Une élégante, battant des cils
En inclinant, suave, la tête,
Verrait fort bien cet ustensile
Ornementer sa silhouette.
Un poulet au plumage hirsute,
Rétif à tout agencement,
Pourrait enfin gagner sa lutte
Avec l'appui de l'instrument.
Une fouilleuse aux pieds meurtris
Par l'arthrite et par les gerçures,
Le tiendrait dans ses pattes flétries
Pour creuser les terrains trop durs.
Et celle plumée par l'exécrable
Eczéma qui lui ronge l'échine,
Pourrait se gratter sur le râble
En ronronnant comme une féline.
Il y aussi la poule chétive,
Que l'on maltraite, que l'on offense,
Et qui serait bien moins craintive
Avec une telle arme de défense.
Enfin, pour conclure la série
Des idées qui baissent en puissance,
Une vieille au bec décrépit
Voudrait s'en piquer sa pitance.
Toutes les suggestions distillées
Inspirent le coq et son égo...
Lui qui parade dans le fumier
S'en décrotterait les ergots.
« Cot ! Cot ! » – « hum ! Hum ! » Pour les humains –
L'édile s'éclaircit le gosier,
Puis face au parterre féminin,
Fait son discours sans sourciller :
« Soucieux de garantir la paix
Au sein de la communauté,
Qui vient à peine de réchapper
Au massacre et aux cruautés,
J'annonce à l'unanimité
De ma seule voix majoritaire,
L'immédiate invalidité
De ce fâcheux jeu délétère ! »
Et prenant l'objet sous son aile,
Il tourne le dos et quitte le groupe,
Sous les grondements du cheptel
Ulcéré par cette entourloupe.
Le coq insensible aux huées,
Sur le fumier va étrenner
Le don qu'il s'est attribué,
Sans qu'aucune n'ose se mutiner.
... Le fermier, quand arrive le soir,
Tourne autour de la niche, en vain,
À la recherche de l'accessoire
Pour donner la pâtée au chien.
Scrutant le poulailler tout près,
Soudain il se gratte la tête
Puis il se dit l'instant d'après :
« Mais que feraient-elles d'une fourchette ? »
D'une averse tarie depuis peu,
Le miel du soleil édulcore
Coteaux et vergers cotonneux.
Alors qu'avril tintinnabule
De chants et de sons délicieux,
Soudain éclate la tendre bulle
Transpercée par des cris furieux...
Qu'on se courrouce ou qu'on s'affole,
De tous côtés l'on fuit, l'on coure,
Dans les nuées de plumes qui volent :
Il y'a baston à la basse-cour !
Toute la poulaille se crêpe la crête,
Se plume le bec, se becque les reins.
Mais qui a soufflé la tempête
Sur l'instant d'avant si serein ?
Investi des nobles statuts
De juge et gardien de la paix,
Le coq n'a pas fait la statue,
Séparant celles qui s'écharpaient.
Et c'est quand le chahut n'est plus
Qu'un frémissement de rumeurs,
Qu'enfin l'on sait ce qui valut
Ces accès de mauvaise humeur...
Devant le coq se tient l'objet
De la discorde regrettable
Qui fit des armées d'enragées
Et des combats impitoyables.
L'objet mystérieux qui gît-là,
Jouissant d'un singulier prestige,
Est un bout de fer presque plat,
Aux dimensions d'une rémige.
Alors que chacune d'elles prétend
Avoir trouvé cet ustensile,
– dont on ignore évidemment
À quoi il pourrait être utile –
Le coq fait une annonce sage :
« Ce trophée reviendra de droit
À qui en donnera un usage
Judicieux ou de bon aloi ! »
Illico les becs sont cloués !
Celles qui brillaient dans le combat
Se retrouvent le gésier noué
Et le regard qui tombe bas.
... Tel qu'au matin les bruits éclosent
Peu à peu en un concerto,
Une voix, d'abord timorée, ose,
Puis le débat va crescendo...
Une prêtresse aux airs mystiques,
Sur son autel le planterait,
Et en dévote gymnastique
Devant lui se prosternerait.
Une élégante, battant des cils
En inclinant, suave, la tête,
Verrait fort bien cet ustensile
Ornementer sa silhouette.
Un poulet au plumage hirsute,
Rétif à tout agencement,
Pourrait enfin gagner sa lutte
Avec l'appui de l'instrument.
Une fouilleuse aux pieds meurtris
Par l'arthrite et par les gerçures,
Le tiendrait dans ses pattes flétries
Pour creuser les terrains trop durs.
Et celle plumée par l'exécrable
Eczéma qui lui ronge l'échine,
Pourrait se gratter sur le râble
En ronronnant comme une féline.
Il y aussi la poule chétive,
Que l'on maltraite, que l'on offense,
Et qui serait bien moins craintive
Avec une telle arme de défense.
Enfin, pour conclure la série
Des idées qui baissent en puissance,
Une vieille au bec décrépit
Voudrait s'en piquer sa pitance.
Toutes les suggestions distillées
Inspirent le coq et son égo...
Lui qui parade dans le fumier
S'en décrotterait les ergots.
« Cot ! Cot ! » – « hum ! Hum ! » Pour les humains –
L'édile s'éclaircit le gosier,
Puis face au parterre féminin,
Fait son discours sans sourciller :
« Soucieux de garantir la paix
Au sein de la communauté,
Qui vient à peine de réchapper
Au massacre et aux cruautés,
J'annonce à l'unanimité
De ma seule voix majoritaire,
L'immédiate invalidité
De ce fâcheux jeu délétère ! »
Et prenant l'objet sous son aile,
Il tourne le dos et quitte le groupe,
Sous les grondements du cheptel
Ulcéré par cette entourloupe.
Le coq insensible aux huées,
Sur le fumier va étrenner
Le don qu'il s'est attribué,
Sans qu'aucune n'ose se mutiner.
... Le fermier, quand arrive le soir,
Tourne autour de la niche, en vain,
À la recherche de l'accessoire
Pour donner la pâtée au chien.
Scrutant le poulailler tout près,
Soudain il se gratte la tête
Puis il se dit l'instant d'après :
« Mais que feraient-elles d'une fourchette ? »
Cette histoire me remet en mémoire l'expression bien connue ''emmer... heu, embarrassé comme une poule qui a trouvé un couteau'' qu'utilisait ma mère dans certaines circonstances.
Ces vers sont excellents, les poules en sont ravies et "l'autre" sur son tas de fumier pourra poser l'écriteau : Restaurant classé "une fourchette"
Bravo.